Yom - Le silence de l'Exode
Sorti le: 16/09/2014
Par Jean-Philippe Haas
Label: Buda Music
Site: http://www.yom.fr/
La redondance artistique n’est pas une caractéristique de Yom. Qui peut prétendre que le clarinettiste se repose sur les lauriers de sa notoriété grandissante et de sa virtuosité, en proposant des albums conformes à ce que l’on attend de lui ? Personne évidemment. La multiplicité des talents du personnage apparaît encore une fois avec flagrance sur Le silence de l’Exode qui sort un an après son album d’« electro dance klezmer » The Empire of Love. Il retrace l’errance des Juifs à leur sortie d’Egypte et retranscrit tout le spectre émotionnel d’un peuple jeté dans l’inconnu.
Créée en 2012 pour le festival Île de France, cette pièce en quatorze chapitres entièrement acoustique est aujourd’hui gravée sur disque, grâce à l’une de ces levées de fonds auxquelles ont recours les artistes actuellement sur la toile. Pour ce voyage douloureux à travers le désert, Yom s’est entouré de Claude Tchamitchian (contrebasse), Farid D. (violoncelle) et Bijan Chemirani (percussions) Au cœur d’un climat éminemment dramatique, décliné en souffles discrets et crescendos poignants qui explosent en violentes bourrasques, la clarinette est suppliante ou soumise, révoltée ou apaisée, vivante comme jamais. Elle s’efface rarement, pour laisser quelques moments d’intimité à ses compagnons et leur permettre d’apporter leurs bribes d’histoire à cette épopée, cordes plaintives ou rythmes perses envoûtants. Les doutes et le découragement, les malheurs et la colère, mais aussi tout l’espoir d’un peuple percent à travers cet album capable de remuer le plus insensible des incroyants. A la croisée de nombreuses influences orientales, arabes et juives, Le silence de l’Exode, au-delà de l’épisode qu’il raconte, possède cette puissance évocatrice qui permet à tout un chacun de prendre l’œuvre à son propre compte sans nécessairement se saisir de sa portée religieuse, de réaliser sa traversée intérieure, son propre voyage initiatique.