Kafka - L’Architecte

Kafka est un groupe français de rock progressif instrumental dont la musique et les ambiances sombres rappelent parfois les thèmes chers à l’écrivain praguois duquel ils tirent leur nom. L’Architecte, leur nouvel album, est la bande-son d’un moyen métrage de Marc Bauer, créé spécialement pour le groupe, se rapportant à une autre figure du modernisme : le cinéaste allemand F.W. Murnau et son film Nosferatu (la bande annonce ainsi qu’un extrait sont disponibles sur le site du groupe). C’est donc dans des atmosphères angoissantes, où l’aliénation se mêle au fantastique, que la formation s’exprime.

Tout au long de ce court album d’une trentaine de minutes, Kafka construit soigneusement des climats tendus, il propose une musique très imagée qui joue sur les oppositions comme lorsque le calme et la beauté des arpèges délicats de « L’architecte (thème 2) » émergent du chaos rythmique de « Train ». Le groupe oscille entre des passages dissonants et d’autres plus mélodiques et accessibles sans jamais vraiment quitter la noirceur. Même si les Français se basent sur des instruments rock, ils font aussi la part belle aux percussions (vibraphone, cloches etc.) qui s’intègrent très bien à l’ensemble et apportent un côté orchestral bienvenu. Kafka évolue entre les influences du post-rock pour les ambiances et les crescendos sur le fil, et celle de Robert Fripp pour le jeu de guitare torturé. Les douze morceaux courts forment en réalité un ensemble cohérent dont certains thèmes se répètent ou se répondent. On pourrait reprocher au groupe la brièveté de L’Architecte. Kafka excelle néanmoins à créer une musique très évocatrice et cinématographique, et cet album contrasté, à la fois inquiétant et mélancolique, aérien et troublant, se prête parfaitement à l’exercice de la bande-son.