Tomahawk - Oddfellows
Sorti le: 21/05/2013
Par Aleksandr Lézy
Label: Ipecac
Site: www.myspace.com/tomahawkofficial
Être prolifique et garder un haut degré de qualité dans tous les domaines, est-ce réalisable ? C’est une question que l’auditeur semble être en droit de se poser quant à la carrière de Mike Patton, irréprochable en grande partie, bien que discutable pour quelques disques de cette dernière décennie. Avec Oddfellows, il s’agit du quatrième album de Tomahawk en treize années d’existence. Statistiquement, le rapport est plutôt maigre pour ce super-groupe, composé au départ de membres d’Helmet, The Jesus Lizard et The Melvins ! Kevin Rutmanis ayant quitté le navire avant l’enregistrement d’ Anonymous (2007), il aura fallu trouver un remplaçant en la personne de l’irréductible Trevor Dunn, compagnon de route de Patton, pour revenir avec une galette en forme de cible pour un Tomahawk affûté.
Avec treize titres pour quarante minutes, Oddfellows laisse une trace de fumée fugace dans le cours du temps. Il est difficile d’en retenir quelque chose, tant les événements s’enchaînent sans réel aplomb. Certes Mike Patton crée la sensation, avec son chant farfelu et bruitiste, mais cela ne peut suffire. La basse et la batterie se cantonnent au rôle de suiveur, quant à la guitare de Duane Denison, elle ne peut assurer le show toute seule. Il y a donc un décalage certain entre le talent des musiciens et l’espace de créativité qui leur est alloué.
Composés et enregistrés en quelques jours dans le studio que possède le chanteur de The Black Keys à Nashville, les morceaux n’ont pas réellement de structure, les thèmes sont éparpillés, et la production légère ne suffit pas vraiment à convaincre. La troupe du Général enfante un disque plaisant sans être vraiment récréatif. Quelques morceaux sortent cependant du lot comme « Oddfellows », « The Quiet Few », « Waratorium » ou encore « South Paw » …
Mais le sentiment d’inachevé, voire un certain aspect bâclé, s’impose au cours de l’écoute. Oddfellows sonne le retour de Tomahawk à un rock décalé et versatile qu’il avait abandonné pour l’album précédent. On l’aurait aimé plus recherché et innovant, mais il faudra se contenter du strict minimum.