PyT - Carnet d’un visage de pluie
Sorti le: 28/04/2013
Par Jean-Philippe Haas
Label: Autoproduction
Site: pyt.gandi.ws
Autant ne pas se le cacher : depuis longtemps, on n’attendait plus rien de Galaad, éternel espoir du progressif francophone, qui accoucha dans les années quatre-vingt dix de l’énorme Vae Victis. De split en reformation et projets retardés, Pierre-Yves Theurillat, chanteur/parolier du groupe suisse finira par ressortir bien plus tard, en 2010, Confidences de mouches, avec quelques-uns de ses anciens compères, sous le nom de L’Escouade. Bien qu’évoluant à des lieues de son glorieux ancêtre, ce recueil de chansons avait suscité un regain d’intérêt et de nouveaux espoirs. Mais c’est avec Sébastien Froidevaux, absent de ce projet, que le véritable esprit de 1996 revit aujourd’hui avec Carnet d’un visage de pluie.
À sa manière, ce disque n’est rien de moins qu’un album de Galaad. D’abord parce que le squelette de certaines compositions date de l’époque de Vae Victis. Ensuite, parce qu’on y retrouve le cœur créatif du groupe. Evidemment, la forme a changé : il ne s’agit plus de réaliser le grand écart entre rock théâtral et metal progressif. Il est plutôt question de rock raffiné, parfois remuant, heavy, agrémenté de pop, de folk, voire d’americana et d’une pléthore d’autres influences. Malgré des incursions assez réussies en territoire anglais, le français reste la langue de référence. Avec cette argile qu’il sait si bien façonner, PyT parle des gens, d’amitié, d’amour, sur un mode nostalgique mais avec optimisme et lucidité.
Qu’il est beau, ce disque ! Et pour le vendre, on est tenté de placer quelques titres en tête de gondole, ceux dont l’intrication entre la musique et les textes est tellement profonde que tout semble à sa place, qu’aucune note, qu’aucun mot n’est superflu : « Tôt ou tard », « Comme c’est beau », « Un temps inoubliable », « Des rires et des rives », « Veuillez quitter céans »… Mais chacun voit midi à sa porte, et cette sélection, aussi argumentée soit-elle, ne saurait représenter un autre ressenti que celui de son auteur : faites-vous en une idée par vous-même. La seule chose à savoir est qu’ici, la musique n’est pas seulement une riche draperie dans laquelle sont enveloppées de belles paroles. Non, sur Carnet d’un visage de pluie, le tout est supérieur à la somme des parties. Des moments de justesse comme seuls Thiéfaine, Ange, la paire Eicher/Djian et quelques autres dans le rock ont su créer.