Panzerballett - Tank Goodness
Sorti le: 21/10/2012
Par Jean-Philippe Haas
Label: Gentle Art of Music
Site: www.panzerballett.de
Signés désormais chez Gentle Art of Music après un passage chez ACT Music, les bûcherons teutons de la fusion barrée nous resservent sur Tank Goodness une recette qui a déjà porté ses fruits : maltraiter avec talent, entre deux compositions originales, quelques classiques du jazz ou de la variétoche. Les Munichois s’attaquent pour leur quatrième disque à « Giant Steps » de Coltrane, « Some skunk funk » de Randy Brecker (qui contribue d’ailleurs lui-même à la relecture de son titre), et « Take Five » de The Dave Brubeck Quartet. Et comme ils n’ont décidément peur de rien, les Goths vont jusqu’à reprendre l’un de leurs propres titres, issu de leur album éponyme (« Zehrfunk ») ainsi que le liquoreux « (I’ve Had) The Time of My Life », titre-phare du teen movie Dirty Dancing, qui subit un sérieux relooking où le moule-burnes seyant de Patrick Swayze se transforme en un disgracieux baggy.
Parmi les titres composés par le groupe, « The IKEA Trauma » délivre un metal alternatif à la Motörhead « simple » et efficace, sur lequel le tout désigné Mattias Eklundh vient donner de la voix. Mais ce sont « Mustafari Likes Di Carnival » et « Vulgar Display of Sauerkraut » (littéralement « grossier étalage de choucroute ») qui illustrent le mieux les deux tendances qui s’affrontent chez Panzerballett : un metal gras, syncopé, technique, dominé par des guitares qui écrasent toute tentative de légèreté, et une fusion jazz sautillante dirigée par le saxophone caméléon de Alexander von Hagke, qui tient les cordes en respect et les manipule à sa guise, jusqu’à leur faire revêtir parfois de chatoyants tutus.
Si pendant trois quarts d’heure on sourit beaucoup, tout en dodelinant du chef, on est également impressionné par la qualité des arrangements, le soin apporté au remaniement des morceaux et la finesse de la production de cette nouvelle météorite. Panzerballett a inventé un nouveau genre, et si Tank Goodness ne suffit pas à les en convaincre, les sceptiques peuvent toujours aller voir le groupe sur scène pour dissiper leur derniers doutes.