Kiko Loureiro - Sounds of Innocence
Sorti le: 08/09/2012
Par Jean-Philippe Haas
Label: Victor Entertainment
Site: http://kikoloureiro.com.br/
Alors qu’Angra n’est plus que l’ombre de lui-même, son infatigable guitar hero Kiko Loureiro poursuit une carrière solo qui, artistiquement parlant, vole à une autre altitude que l’ex star brésilienne du heavy metal des années quatre-vingt-dix. Paradoxalement, notre virtuose semble disposer de plus d’inspiration pour ses projets solo que pour redorer le blason de son groupe. Avec son coéquipier bassiste Felipe Andreoli et Virgil Donati (Planet X, Ring of Fire), candidat malheureux de la grotesque Dream Theater Academy, il sort aujourd’hui un nouvel album instrumental, dans la droite lignée de Fullblast et No Gravity.
Dès l’ouverture de Sounds of Innocence (« Gray Stone Gateway ») Loureiro déballe sa panoplie pyrotechnique habituelle, et délivre un heavy puissant et orné de motifs dont il a le secret, où sa dextérité occupe le devant de la scène. Point d’esbroufe toutefois, le talent est au service des mélodies, avec notamment quelques belles chevauchées épiques (« Twisted Horizon », « El Guajiro »). La complexité des titres réside essentiellement dans l’adresse du principal protagoniste, bien que « Conflicted » et « The Hymn » offrent des structures intéressantes. De quoi contenter la frange la plus exigeante des auditeurs. Les influences latines n’ont pas complètement disparu, mais elles se font discrètes comme sur « El Guajiro » ou « Ray of Life » qui évoque furieusement Carlos Santana. « A Perfect Rhyme » clôt l’album de manière assez surprenante, avec un titre orchestral où le piano accompagne une guitare étonnamment sobre. Au milieu de tout cela, Donati tente de se faire une place. Si sa frappe se fond largement dans le moule heavy de Loureiro, sa patte caractéristique trouve tout de même quelques créneaux pour s’exprimer, comme sur le très nerveux « Conflicted ». Le batteur australien est ainsi à l’image de son employeur : prodigieusement adroit mais à des années-lumière de toute forfanterie.
Plus court et peut-être moins varié que son prédécesseur, Sounds of Innocence devrait cependant contenter les guitaristes en herbe et les déçus de Aqua qui chercheraient un petit remontant à s’envoyer dans le gosier en attendant des jours meilleurs.