Apocalypse - 25th Anniversary Box Set
Sorti le: 02/04/2012
Par Jean-Philippe Haas
Label: Financiarte
Site: www.apocalypseband.com
Apocalypse a vingt-cinq ans, et au Brésil, tout est prétexte pour faire la fête. Le quatuor n’a pas fait les choses à moitié pour célébrer cet anniversaire puisque le coffret 25th Anniversary Box Set ne comprend rien de moins que deux CD (dont le nouvel album 2012 Light Years From Home), un DVD et un livre bilingue portugais/anglais retraçant la carrière du groupe !
A l’image de Cast, vétéran mexicain du prog à la discographie pléthorique, la notoriété et l’originalité des Brésiliens ne sont pas telles qu’il faille nourrir des attentes particulières à l’égard de cette nouvelle production. Il semble donc judicieux de rappeler quelques faits. Tout d’abord, et malgré son nom, Apocalypse n’est pas un gang de grind core polonais ou de rock chrétien mais bel et bien de progressif classique, dont les influences se partageaient à l’origine entre les maîtres des années soixante-dix et leurs héritiers de la décennie suivante. Le groupe a connu au long de ce dernier quart de siècle une maturation ponctuée d’évolutions stylistiques et de changements de personnel. Aujourd’hui débarrassées de l’amateurisme des premiers disques, les compositions se partagent entre rock symphonique et hard progressif old school à la Deep Purple. A l’évidence Joe Lynn Turner a croisé la route du chanteur Gustavo Demarchi qui s’en tire fort honorablement, dans un anglais presque débarrassé de tout accent. Et comme il ne serait pas convenable de faire un album de prog’ sans morceau épique, 2012 Light Years from Home s’achève sur le titre éponyme qui, du haut de ses glorieuses quatorze minutes en complet décalage avec le reste du disque, revient aux fondamentaux du genre.
Ceux qui découvriront le groupe avec ce nouvel album seront sans doute surpris de ce qu’ils entendront sur l’enregistrement public de 2005, Magic Spells. En effet, le néo-prog, accompagné de ses insupportables tics d’écriture et autres claviers à la guimauve occupent encore une place prépondérante à cette époque dans la musique des Sud-Américains, à tel point que la plupart des titres ne se distinguent en rien de ce que les meneurs anglo-saxons sortaient dans les années quatre-vingt à la suite de Marillion. Ne fut-ce les deux inédits studio, on pourrait croire qu’il ne s’agit pas des mêmes musiciens qui ont enregistré 2012 Light Years from Home… Pourtant, même si le concert n’en laisse rien présager, cette période un marque un tournant, avec l’arrivée de Gustavo Demarchi et du chant en anglais. A partir de ce point, la musique d’Apocalypse va lentement évoluer vers ce qu’elle est aujourd’hui. Le répertoire du concert-anniversaire capturé en 2009 reste également très ancré dans le passé, même si la scène a tendance à raboter les angles disgracieux de la production typiquement néo. Visuellement, on est en plein dans les années soixante-dix : caméras fixes, couleurs peu contrastées, looks indéfinissables,… Quelques indices technologiques ne laissent pourtant planer aucun doute : aussi étonnant que cela puisse paraître, le spectacle a été filmé récemment. La mise en image, bien que d’un autre âge, n’en est pas amateur pour autant ; quant à la prestation, elle reste plus qu’honorable malgré des claviers qu’on aurait aimé plus discrets. Demarchi s’affirme par ailleurs comme un frontman fiable et vivant doublé d’un bon flûtiste. Les deux autres extraits de concerts, filmés antérieurement, disposent d’un montage un peu plus dynamique et confirment la très bonne tenue sur scène de la formation.
Le contraste saisissant entre 2012 Light Years From Home et les témoignages live présentés dans ce coffret permet d’appréhender l’ampleur de l’évolution qui s’est opérée dans Apocalypse ces dernières années. En cela, ce bel objet donne un excellent aperçu de la carrière du groupe et constitue la meilleure porte d’entrée possible pour découvrir la musique attachante – à défaut d’être révolutionnaire – de ces sympathiques Brésiliens.