Haken - Visions
Sorti le: 01/03/2012
Par Pierre Wawrzyniak
Label: Sensory
Site: www.haken.fr
En deux albums, Haken s’est imposé comme la révélation prog metal des dernières années. Les six Londoniens, dont la moitié joue dans les cuves metallophoniques de To Mera, ont développé un son futuriste et symphonique entre Dream Theater, John Williams et Radiohead.
Il y a deux ans, Aquarius synthétisait de manière énergique le spectre d’influence et de possibilités technique de l’équipe de Richard Henshall (claviers). Les nombreuses et abruptes transitions entre metal symphonique épique et progressif hyper-complexe qui auraient pu laisser sur le carreau les représentants intolérants de l’une ou l’autre mouvance étaient justifiées par une énergie et une folie communicative.
La musique de Visions est beaucoup plus continue. Les thèmes s’enchaînent sans brisures notables et confirment la progression du groupe en terme de composition. L’écoute se transforme en voyage dépaysant dans une des plus belles sagas épiques que la musique progressive ait proposée ces dix dernières années. Sur le plan harmonique et mélodique, Haken nous balance du spectaculaire. Les lignes de chant de Ross Jennings sont simples, mais toujours aventureuses et arrangées de chœurs riches. Les claviers du maestro Diego Tejeida, petit magicien des sons, et les guitares de Richard Henshall et Charles Griffiths entrent dans des joutes orgasmiques d’arpèges savants, créant une patte sonore inédite et propre au groupe. Le travail de la section basse-batterie est remarquable, et balaye une palette impressionnante de culture rythmiques, principalement rock et metal mais aussi ouverte au jazz fusion.
Visions n’en oublie pas pour autant de faire descendre la température à l’aide de ballades régénératrices et offre son petit moment de gloire à chacun des musiciens. Les interventions de basse fretless de Thomas MacLean, souvent émouvantes, évoluent dans le sillon du travail de Jonas Reingold (Flower Kings, Karmakanic qui a re-popularisé l’usage de l’instrument dans le progressif moderne). Succession de moments de grâce, de trouvailles techniques héritées de Gentle Giant et de poutreries symphoniques épiques post-wagnériennes (le groupe possède sa propre section de cuivres d’orchestre et se permet de chevaucher de pulpeuses walkyries), le Haken nouveau n’est pas loin d’être fabuleux…