Marco Lo Muscio - The Book of Bilbo and Gandalf – Visions From Tolkien’s World
Sorti le: 23/02/2012
Par Jean-Philippe Haas
Label: Drycastle Records
Site: www.marcolomuscio.com
John Ronald Reuel Tolkien est probablement l’un des écrivains du vingtième siècle dont l’œuvre a le plus souvent été (mal)traitée par les musiciens. En effet, combien d’artistes de tous bords ont eu pour ambition d’écrire la bande originale de la célèbre trilogie du Seigneur des Anneaux, voire de Bilbo Le Hobbit, ou y ont d’une manière ou d’une autre fait référence dans leur musique ? Le rock progressif, genre propice par excellence à cet exercice, a enfanté quelques tentatives, dont les plus réussies (ou les moins ratées, selon le point de vue), sont celles de Bo Hansson (1970) et de Mostly Autumn (2001), toutes deux judicieusement intitulées Music Inspired by Lord of the Rings. Par ailleurs, les groupes ayant écrit des titres en rapport proche ou lointain avec la saga de Tolkien sont légion. Citons pour mémoire Led Zeppelin, Camel, Barclay James Harvest ou encore Rush.
Plus discrètement, en 2011, le pianiste italien Marco Lo Muscio s’est lancé lui aussi dans l’aventure, en proposant une collection de thèmes axée sur deux des principaux personnages : Bilbo le Hobbit et Gandalf le magicien. The Book of Bilbo and Gandalf n’a qu’une lointaine parenté avec les musiques dites « progressives » et consiste avant tout en une œuvre pour piano. L’album évite l’écueil de l’hommage pompeux et dégoulinant pour se concentrer sur des mélodies évocatrices. Quelques passages à l’orgue (« Visions from Minas Tirith – The White Tree »), aux synthétiseurs (Pär Lindh, « The Fellowship On Entering The Magic Forest of Lothlorien ») à la flûte (John Hackett, « Thoughts Turn Homeward ») et à la guitare (Steve Hackett, « Galadriel ») instillent des variations intéressantes, mais destinées davantage à faire participer les amis de Lo Muscio qu’à apporter une réelle plus-value à l’ensemble. Ainsi, l’ouverture signée Pär Lindh, ne constitue pas forcément une entrée en matière convaincante. L’atmosphère moyenâgeuse et les références appuyées à Mike Oldfield se trouvent parfois ridiculisées par une interprétation à la limite de l’amateurisme et des sons affreusement pauvres, un comble pour qui connaît un peu le volubile claviériste suédois. Heureusement, il s’agit de la seule fausse note, inexplicable au demeurant, d’un disque pour le reste fort agréable, dont les mélodies travaillées et accessibles créent des atmosphères fantastiques sans jamais tomber dans la facilité.