Klone

07/11/2011

La Scène Bastille - Paris

Par Maxime Delorme

Photos: Marjorie Coulin

Site du groupe : www.kloneband.net

Setlist :

Immaculate Desire / Promises / Rain Bird / Empire of Shame / Spiral Down / Closed Season / The Spell is Cast / Give Up the Rest / The Eye of Needle (parts 1 & 2)

Après quatre albums dont deux totalement méconnus du public, les Poitevins de Klone sont de retour avec The Eye of Needle morceau-EP publié gratuitement en mai sur leur site. Revenant tout juste d’une tournée en première partie de King’s X et après avoir participé à plusieurs festivals français (Hellfest, Motocultor Festival, Festival des Arts Bourrins), le groupe revient sur les scènes françaises en tête d’affiche et plus particulièrement le 20 octobre à la Scène Bastille.

C’est une Scène Bastille bien vide qui nous accueille ce soir. En première partie, nous nous voyons servir T.A.N.K, gagnants du concours organisé par Klone sur Facebook, et Crossing The Rubicon. Ces deux prestations nous mettent dans l’ambiance avec un metal particulièrement pêchu mais sans grande originalité. Les groupes parviendront cependant à réchauffer un peu l’assemblée des plus dépouillée, notamment grâce à l’humour et la timidité touchante du chanteur de Crossing The Rubicon.

Le troisième passage sera le bon : c’est au tour de Klone de fouler les planches et de distiller son metal atmosphérique durant une petite heure. Tout comme au Hellfest, on note l’absence de Matthieu Metzger, éminence grise de la partie la plus éthérée de la formation. Ce sont donc des nappes préenregistrées qui accompagnent la plongée de la salle dans l’obscurité, avant le démarrage d’ « Immaculate Desires ». Immédiatement, le Klone que l’on connait, celui d’All Seeing Eye prend place et s’installe confortablement, baignant la Scène Bastille dans cette ambiance à la fois glauque, hypnotisante et violente dont il a le secret.

S’il est une chose qui ne change pas à chaque concert de Klone, c’est bien cette cohésion entre les musiciens, donnant un aspect monolithique à la musique. Et malgré une légère répétitivité des morceaux, on ne peut s’empêcher de noter qu’il fait partie de ces rares groupes de metal à avoir son propre son, reconnaissable entre tous. Malheureusement le son, parlons-en, était particulièrement médiocre et brouillon. Levons le doute immédiatement : le concert privé du lendemain au studio Sextan nous confirmera que la célèbre acoustique de la Scène Bastille était seule responsable.

En une petite heure de concert, les Poitevins présentent une majorité de morceaux issus de Black Days, dernier album en date. Le concert gagne progressivement en intensité au rythme des baguettes de Florent Marcadet dont le jeu sublimera le break Toolien de « The Spell is Cast ». De même, Yann Ligner nous rappelle très rapidement sa capacité à s’approprier la scène et à asséner ses paroles avec son growl/hurlement/chant si particulier. Et ce malgré quelques soucis de micros qui se déclencheront quelques instants avant « Closed Season » … le morceau instrumental de l’album ! Ouf !

Le set se clôt sur les dix-sept minutes de « The Eye of Needle » dernier EP en téléchargement libre. Pour cette première, il reproduit à l’identique le morceau, donnant une nouvelle fois un aperçu live de sa capacité à composer une pièce à la fois longue, cohérente sachant susciter différentes émotions.

On lui reprochera tout de même l’aspect millimétré de la musique. L’absence de Matthieu Metzger force le groupe à jouer au rythme des nappes programmées, n’encourageant ainsi pas à un brin de folie. Il ne dévie pas une seule fois de la piste toute tracée des morceaux. Même si l’on attendrait un peu plus de liberté d’une formation metal, la cohésion susmentionnée se paie au prix d’une improvisation limitée. Soit.

De même, l’ensemble n’est pas particulièrement communicatif sur scène. Autant Yann Ligner s’impose en tant que frontman charismatique par son jeu de scène, autant le peu d’interaction avec le public diminue légèrement l’attrait que l’on pourrait avoir pour la formation.

En résumé, Klone répond entièrement à nos exigences en termes de musique ambitieuse. Les Poitevins distillent leur metal survitaminé et atmosphérique avec une réelle énergie, mais aussi un petit manque de folie que l’on regrettera. Une chose est sûre, des artistes de la trempe de Klone méritent bien plus qu’une Scène Bastille.