Leprous - Bilateral
Sorti le: 26/09/2011
Par Maxime Delorme
Label: Inside Out
Site: www.leprous.net
Bilateral : un titre fort à propos lorsqu’on parle des Norvégiens de Leprous. Après Tall Poppy Syndrome, un premier album les ayant propulsés sur le devant de la scène « avant garde », ce second disque, deux ans plus tard, était attendu au tournant. Autant ne pas faire languir les impatients qui n’auraient pas encore vu la note : il s’agit à nouveau d’une réussite.
Les Norvégiens servent la même recette qu’en 2009 : un metal puissant teinté de schizophrénie aiguë. La bande alterne sans relâche ni pitié les ambiances électriques et éclectiques, justifiant par la même occasion le nom de l’album. Une fois de plus, on a affaire à des musiciens de haute tenue, qui savent toujours en faire assez sans tomber dans la démonstration technique. De même, la musique – bien qu’appartenant à un genre congestionné – possède sa propre identité, forte et reconnaissable entre mille.
Peut être est-ce dû à la production particulièrement propre (signée Jens Bogren : Paradise Lost, Opeth, Devin Townsend, Pain of Salvation), alliée à une composition fine ? Peut être est-ce aussi dû aux prouesses vocales d’Einar Solberg, se plaçant quelque part entre un Devin Townsend et un Jonathan Davis (si si) ? Toujours est-il que les riffs chirurgicaux s’enchaînent, démontrant avec habileté le travail d’orchestration à la fois puissant et complètement déjanté aussi bien mélodiquement que rythmiquement, sans parler des structures, qui ne sont pas en reste. Pour preuve, prenons un titre comme « Forced Entry » et son solo jazzy venant trancher le morceau en deux parts égales de metal progressif bien senti. Autre exemple : « Thorn » et ses cassures rythmiques, son chorus de trompette et la participation d’Ihsahn – bien connu chanteur d’Emperor – aux hurlements. Sur les dix titres, aucun n’est à jeter tant les adjectifs en F viennent aux lèvres : fou, furieux, fluide, farfelu, facétieux, etc.
Pourtant, malgré tout le bien qu’on peut penser de cet album, la transition avec Tall Poppy Syndrome s’avère paradoxale. On aurait pu s’attendre à encore plus de folie et de passages démentiels, mais le groupe semble au contraire s’être calmé (très légèrement) depuis leurs premiers efforts. La musique est plus posée et plus accessible. Que l’on rassure cependant le fan inquiet : la beauté et la force de l’album ne sont en rien entachées par ce léger changement de cap. Aucune excuse donc, pour ne pas se laisser aller à partager un brin de folie avec la Norvège !