Journey
07/08/2011
Palais des Sports - Paris
Par Dan Tordjman
Photos: Nidhal Marzouk
Site du groupe : www.journeymusic.com
Ce sont deux poids lourds de la catégorie dinosaures du rock qui se partagent ce soir, la scène du Palais des Sports : après un retour au premier plan amorcé il y a deux ans, Journey fait scène commune avec Foreigner, avec l’intention claire de montrer que même si les années passent, les anciens ont toujours de beaux restes.
C’est un public assez bigarré qui investit le Palais des Sports : si la majorité de l’auditoire peinerait à vouloir masquer ses quelques rides, on croise tout de même de plus jeunes spectateurs dans les allées d’une sa salle copieusement garnie, sans être complète pour autant. Il est 20 heures quand les lumières s’éteignent une première fois afin d’accueillir Nono – il ne s’agit pas ici du petit robot de l’Odysseus, mais du célèbre guitariste de Trust, qui joue dorénavant sous son nom – venu avec une bande de copains pour tenter de chauffer un peu la salle. Mais le public n’est pas vraiment conquis, malgré un timide sursaut lors de la reprise du « On The Road Again » de Canned Heat, et c’est sous des applaudissement tout juste polis que la troupe quitte la scène, laissant place à Foreigner.
Pour beaucoup, Foreigner se résume à « I Want To Know What Love Is ». Mais n’en déplaise aux ignares, Foreigner est aussi un très bon groupe de rock, heureusement doté d’un guitariste de grande classe, Mick Jones, lequel apparaît revigoré au coté de ses jeunes acolytes. Le premier responsable de cette cure de jouvence se nomme Kelly Hansen, dont la présence scénique surprend : derrière ses faux airs de Steven Tyler, le chanteur est complètement déchaîné. Mais on regrette en revanche la présence d’une véritable ballerine au sein du groupe, en la personne du bassiste Jeff Pilson, qui est à Foreigner ce que Janick Gers est à Iron Maiden : une danseuse frustrée n’ayant pas peur du ridicule.
Mick Jones et consorts sortent la machine à tubes : « Cold as Ice », « Urgent » et bien évidemment « I Want To Know What Love Is » repris d’un seul homme par le public tandis que Deen Castronovo se déchaîne sur le côté de la scène. Il est bien agréable d’entendre aussi « Feels Like The First Time » et « Starrider », introduit par Mick Jones dans un français impeccable. Avec une bonne prestation mise en valeur par un son clair, malgré un certain manque de relief, Foreigner marque des points, en totale communion avec le public, et place ainsi Journey sous pression.
Les Américains se font d’ailleurs franchement désirer puisqu’il n’est pas loin de 23 heures lorsqu’ils font leur entrée en scène sur « Separate Ways ». Dès les premières secondes, on est frappé par le son, massif et clair. Derrière sa batterie, Deen Castronovo fait le show tout en assurant des chœurs parfaitement justes. Neal Schon est dans son monde et abreuve la salle de solos inutiles, comme d’habitude, tandis que Jonathan Cain demeure impérial de classe derrière ses claviers. Ross Valory reste l’archétype du bassiste rock : discret mais terriblement efficace et c’est un vrai plaisir de voir sur scène un musicien si mésestimé. Reste Arnel Pineda. Il serait bon, d’emblée, de se rappeler des paroles que l’on est censé chanter, surtout sur des perles comme « Wheel In The Sky ». Ensuite, un petit passage chez Relooking Extreme s’impose, pour sortir de la paire veste en cuir / jean moulant. Saluons au passage un bel effort de Jonathan Cain qui tente de s’exprimer dans la langue de Molière (pari réussi malgré un accent horrible !) histoire d’établir la communication avec le public parisien.
Seuls deux titres d’Eclipse sont joués : Journey a joué la sécurité, oubliant toutefois – Ô scandale – les perles que sont « Mother, Father » chanté par Castronovo, mais aussi « Lovin’, Touchin’, Squeezin’ », que l’on aurait préféré aux sempiternels et gluants « Lights » ou « Open Arms ». De bon moments se dégagent de l’ensemble, comme « Be Good To Yourself » , « Don’t Stop Believing; » ou le rappel « Any Way You Want It », qui ne manque pas d’exciter les deux étudiantes américaines que l’on n’avait pas manqué de remarquer aux alentours. Comme d’habitude, Journey maîtrise son sujet, proposant un concert « clés en mains ». Malgré les errances et la fatigue d’Arnel Pineda par moments, l’ambiance est au rendez-vous, alors pourquoi pinailler ?