Neal Morse – Témoin à la barre céleste
Origine : Etats-Unis
Style : Rock Progressif
Formé en : 2003
Dernier album : Testimony 2 (2011)
Si les voies du Seigneur sont impénétrables, elles peuvent également être source de prolixité. Preuve en est le nouveau verset évangélique signé Neal Morse. Le Révérend revient avec le second volet de son autobiographie musicale démarrée avec Testimony et nous fait entrer dans les arcanes de sa bible personnelle.
Chromatique : Lorsque nous avons appris que Testimony 2 était en préparation, nous avons fait un bon de huit ans en arrière, à l’époque du premier volet. Penses-tu que c’est un laps de temps suffisant pour pouvoir raconter ce que tu as vécu ?
Neal Morse : J’avais déjà quelques bribes de morceaux pour « The Truth Will Set You Free » ou « Mercy Street » par exemple. Je ne savais pas réellement sur quoi cela déboucherait, vers quelle finalité cette musique s’orienterait. Et puis, j’ai reçu un e-mail d’un ami aux Pays-Bas me suggérant que je devrais peut-être composer un deuxième volet de Testimony. J’ai réfléchi à cette idée en priant très fort, me suis dit ensuite que c’était ce que Dieu voulait. Je me suis mis au travail aussitôt. Le sentiment que j’avais fait le bon choix a été conforté par l’idée qu’il manquait des références textuelles à Testimony. Je voulais, à travers les textes de Testimony 2 combler ce vide et pense y être parvenu.
Le premier volet date de 2003, celui-ci de 2011. Doit-on s’attendre à Testimony 3 pour 2019 (Rires) ?
Il n’y a rien de planifié encore. Ce que Dieu me dit, je le fais.
Il est intéressant de voir, à travers tes textes, à quel moment Dieu est arrivé dans ta vie. Te souviens-tu exactement des premiers signes visibles de sa présence ?
Quand j’ai senti que le Saint Esprit me touchait de sa grâce, j’ai eu un moment de frayeur. Quand ma fille Jayda a commencé à guérir, je me suis demandé ce qu’il se passait. Je pense que j’ai eu peur de croire en quelque chose qui n’était pas réel, qui fasse de moi un fou et que je fasse fausse route. Surtout, j’ai eu peur de perdre mes espoirs et que Dieu ne me comble pas comme je l’aurais souhaité. Quand on se met à le rechercher, on finit par le trouver et il nous laisse passer sa porte.
« Jayda » et « Nighttime Collectors » traitent de la maladie de ta fille. Etait-ce un sujet difficile à aborder ?
Plus que le sujet lui-même qui est, je te l’accorde, très délicat, j’ai eu du mal à trouver les mots pour aller avec une mélodie aussi courte. J’ai réussi tant bien que mal à résumer toute l’histoire de Jayda en peu de temps. Comment pouvais-je inclure mes sentiments, mes peurs ainsi que celles de ma femme ? C’était difficile à écrire mais je suis content de la tournure finale.
Veux-tu revenir sur ton passage au sein du Eric Burdon Band ? Il me semble avoir lu quelque part que tu n’avais qu’une envie, c’est que « tout ça s’arrête »…
Plus exactement, j’ai dit : « Comment savoir quand cela se terminera ? ». Mais pour autant, quand je repense à mon arrivée dans le groupe, je n’avais pas de raison particulière de me plaindre. Je gagnais ma vie en jouant de la musique, partais en tournée. Un an plus tard, je n’avais qu’une envie, c’était de voir grandir mes enfants, alors en bas-âge, et les observer découvrir la vie. Plus j’étais en tournée, plus je détestais ça. Alors je me suis à prier : s’il y avait un moyen de rester chez moi, il fallait que Dieu m’aide, ce qu’il a fait. C’est un chapitre de ma vie. Je n’ai pas parlé à Eric depuis des années, mais il reste quelqu’un d’important et j’espère avoir de ses nouvelles un jour.
Les textes nous font penser que c’est un album extrêmement profond. As-tu d’abord écrit les paroles ou la musique ?
J’ai essayé de présenter l’histoire comme elle était vraiment et ai fait en sorte que les gens puissant se mettre à ma place. J’ai fait de même dans Testimony mon autobiographie que vous pouvez trouver sur le site de Radiant Records. Je prépare d’ailleurs une version audio de ce livre. J’avais certains des thèmes musicaux d’abord, et le reste est venu après.
Sur le deuxième CD, « Absolute Beginner » présente une facette inhabituelle de ta musique avec un côté abrupt et pour le moins direct.
J’aime bien de temps à autres changer de style. Ce titre a été composé vers la fin des sessions d’enregistrement avec Steve Morse et Mike Portnoy en janvier. Il se trouve que nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de matériel. J’ai décidé alors de l’arranger davantage pour l’inclure sur Testimony 2.
Comment s’est noué le contact avec le Nashville Symphony Orchestra ? Cette association est-elle née parce que ta musique tend à être plus symphonique ?
Plus symphonique, je ne sais pas. Cela dit, l’idée d’une nouvelle collaboration a été évoquée avec le responsable de l’orchestre. J’adorerais, l’envie est mutuelle mais pour l’instant il n’y a rien de fait, loin de là.
Nous avons été surpris de voir que tes anciens acolytes de Spock’s Beard sont présents sur ton album. La hache de guerre est-elle donc enterrée ?
Elle n’avait pas été déterrée ! Il n’y a jamais eu de conflits d’aucune sorte. Notre séparation s’est faite à l’amiable. Certains divorces sont plus faciles que d’autres. Certes la séparation fut douloureuse, mais toutefois amicale. J’aurais adoré que nous soyons réunis dans le studio pour enregistrer les voix sur « Time Changer » mais ce n’était hélas pas possible.
Où en est ton super-groupe, monté avec Mike Portnoy, Steve Morse et Dave LaRue ? Nous avons interviewé récemment Ted Leonard qui nous a dit que tu souhaitais l’inclure au projet…
Nous avons effectivement sérieusement réfléchi à l’idée de prendre Ted comme chanteur. Mais nous avons préféré Casey Mc Pherson après avoir écouté ce qu’il faisait. Il n’empêche que collaborer avec Ted par la suite est quelque chose de fortement envisageable.
Pour cette tournée, ton groupe comprend en grande majorité des musiciens néerlandais, à l’exception de Kristoffer Gildenlöw et Paul Bielatowicz. Tu dois être bilingue maintenant ? (Rires)
Mon vocabulaire hollandais est toujours très limité (Rires) ! Concernant Kristoffer, Collin Leijenaar l’a contacté et il était d’accord pour nous rejoindre. Il pallie l’absence de Wilco Van Eschoten. Kristoffer s’est bien intégré et la tournée s’est vraiment bien passée.
As-tu une idée des setlists à venir ? J’imagine que ce ne doit pas être une partie de plaisir à établir ?
J’ai prié pour ça ! Je dois confesser m’être fié aux propositions de Mike Portnoy (Rires). Nous jouerons l’intégralité de Testimony 2.
Tu es à l’affiche du High Voltage Festival à la fin du mois, un jour avant Spock’s Beard. Peut-on se prendre à rêver de te voir monter sur scène avec tes anciens camarades de jeu ?
Tout d’abord, je tiens à préciser quelque chose concernant la tournée européenne et le fait de ne pas être venu à Paris : ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant, mais visiblement le progressif n’est pas très vendeur chez vous… Pour ce qui est de monter sur scène avec Spock’s Beard, on verra bien… J’ai écouté ce que Ted Leonard a fait avec eux et il s’en sort plus que bien ! De manière générale, depuis le début de la tournée, j’ai eu énormément de retours positifs. Certains m’ont dit que c’était notre meilleur disque, d’autres qu’ils venaient d’assister au meilleur concert de leur vie. Et je te parle de gens qui font office de vieux briscards, la cinquantaine dépassée… Mais tout le mérite revient à Dieu. C’est lui qui les touche, pas moi.
Pour finir, Révérend, quel prêche voudriez-vous adresser à nos fidèles ?
Je voudrais m’excuser auprès des fans français. Je ne veux pas qu’ils croient que nous les avons ignorés. Ils savent que j’aime Paris. J’y ai des souvenirs de concerts mémorables, à chaque fois que je suis venu c’était un pur moment de bonheur ! Cela ne s’est pas fait cette fois-ci mais gageons que la prochaine fois verra une meilleure issue. Si certains sont impatients, je leur donne rendez-vous au High Voltage Festival (le Live Report arrive bientôt ! ndlr). Dieu vous bénisse.