Jon Anderson – Voix active
Récemment évincé de Yes suite à des problèmes respiratoires, Jon Anderson n’en reste pas moins actif. Parmi les légendes qui ont donné leurs lettres de noblesse au rock progressif, il est assurément l’une des plus emblématiques. Sa voix enchanteresse a contribué à écrire quelques-unes des plus belles pages de l’avant-garde rock des années soixante-dix. Alors lorsque l’occasion de tailler le bout de gras avec le personnage se présente, Progressia ne se fait pas prier.
Progressia : Comment ce projet de disque et de tournée avec Rick Wakeman a-t-il vu le jour ?
Jon Anderson : Il y a quatre ans, nous avons fait une tournée au Royaume-Uni pendant laquelle nous avons écrit quelques chansons. L’année dernière, Rick a suggéré de remettre ça en octobre. Je lui ai proposé à mon tour d’écrire de nouveaux titres. Vers le mois de juillet, il m’a envoyé quelques démos par Internet sur lesquelles j’ai placé des idées de chant, et pendant une demi-douzaine de semaines, nous avons enregistré ces morceaux pour ensuite repartir en tournée. Je donnais moi-même des concerts sur la côte est des États-Unis à cette période. J’ai donc enregistré dans des chambres d’hôtel, sur mon ordinateur portable, et ai tout envoyé au studio pour que Rick puisse inclure le chant à la musique. Ce fut une expérience unique car lui et moi étions musicalement très connectés. Peu importe qu’un millier de miles nous sépare, nous avons créé de la musique avec la technologie d’aujourd’hui.
Vous ne vous êtes donc pas vus pour composer l’album ?
Non, mais nous nous connaissons depuis des lustres.
Qu’as-tu interprété comme titres lors des concerts que vous avez donnés avec Rick Wakeman à l’automne 2010 au Royaume-Uni ?
Nous avons joué les classiques de Yes sur lesquels nous avions travaillé ensemble ainsi que ces titres inédits dont je te parlais. Un bon mélange de compositions récentes et de choses plus anciennes.
Tu vas entreprendre à nouveau une tournée acoustique aux États-Unis dans les prochains mois. Es-tu donc entièrement rétabli ?
Oui, j’ai de la chance, je me sens en bonne santé. Je pense que je chante mieux que jamais. Lorsque tu vieillis, tu espères toujours que tu feras toujours mieux en composant de meilleurs titres. J’ai fait une tournée en solo, et ai chanté avec des orchestres de jeunes. J’aimerais réitérer l’expérience en Europe l’année prochaine. J’ai donné un concert à Cleveland avec le Contemporary Youth Orchestra en avril 2010, qui a été enregistré et tourne chaque dimanche sur une Web TV appelée HDNet. Le show a été apprécié et un DVD de l’événement sera publié cet été. Lorsque tu travailles avec des adolescents de douze à dix-sept ans, tu te rends compte qu’ils sont plein de vie, la musique les rend enthousiastes.
Te connaissaient-ils avant de jouer avec toi ?
Pas vraiment. Certains de leurs parents me connaissaient en ayant vaguement entendu parler de Yes. Nous avons interprété ma musique ainsi que des titres de Jon & Vangelis et de Yes. Ce fut vraiment un très bon concert.
Parlons justement un peu de Yes. Il s’agit vraiment d’une situation étrange. Beaucoup pensent que le groupe sans toi ne peut être Yes. Es-tu toujours en contact avec le reste de la formation ?
Pas vraiment. Ils ont voulu continuer sans moi, ce qui m’a déçu. Mais ils ont leur vie, leur travail et je pense simplement qu’ils n’auraient pas dû utiliser le nom de Yes, mais leurs propres noms. Les gens viendront au concert en espérant voir Rick et moi. C’est vraiment décevant qu’ils agissent ainsi, mais… c’est la vie (en français, ndlr).
Gonzo Multimedia va sortir le DVD Union Live. As-tu été impliqué dans ce projet ?
Non. Je n’en ai entendu parler que la semaine dernière (l’entrevue a été réalisée le 12 janvier 2010, ndlr). J’étais avec Trevor Rabin à Los Angeles qui enregistrait de la musique pour un film ; il a beaucoup de talent pour les bandes originales. Nous avons parlé un peu de Yes, de la possibilité pour lui, Rick et moi de faire une tournée. Il a évoqué ce DVD et je lui ai fait part de ma surprise, car lorsque le concert avait été filmé à l’époque, en 1991, nous n’en avions rien su. Quelqu’un a donc filmé sans que nous ayons pu voir les prises. Cela a été un grand événement, l’une de mes prestations favorites.
Quel genre de musique écoutes-tu actuellement ? Quels sont tes artistes préférés ?
Il y a tellement de grands artistes, musiciens, compositeurs. J’écoute des choses plus commerciales, aussi. Actuellement, je suis sur de la musique éthiopienne, j’aime vraiment beaucoup.
J’entends des cloches derrière toi…
Oui, mon jardin est rempli de carillons à vent. C’est un lieu magnifique, magique.
Les grosses maisons de disque ne portent plus grand intérêt aux groupes innovants aujourd’hui. Penses-tu qu’il reste encore une place pour de tels groupes, et notamment Yes ?
Bien sûr. Il y a de nombreux moyens pour un groupe de produire son propre style de musique. Il faut que les musiciens d’aujourd’hui restent aventureux, car ils ont la possibilité de diffuser leur musique via internet, iTunes, Amazon, leurs propres sites web… il existe tellement de façons de faire, c’est une bonne époque pour les musiques progressives.
Mais ces groupes peuvent-ils réellement avoir du succès ?
Oui, parfois ça peut se jouer sur une simple chanson qui deviendra un hit et parfois, si le groupe tient bon, il se construira une base de fans. Les gens vont sur Internet, regardent des vidéos, il n’est pas nécessaire de ressembler au format MTV, mais quoiqu’il en soit, il a toujours été difficile d’avoir du succès, sinon tout le monde en aurait ! Parfois cela nécessite un dur labeur, et surtout beaucoup de chance.
N’as-tu pas l’impression que l’industrie de la musique a mal tourné ?
De toute manière, l’industrie de la musique ne vit que pour faire de l’argent. Sur vingt projets qui rapportent, il y en aura toujours un qui sera digne d’intérêt, et qui survivra au fil des années, comme par exemple ce groupe de San Francisco, Trains. Tu ne sais jamais où tu en seras dans dix ans. C’est comme avec Yes, nous n’avons jamais essayé de faire un hit, mais d’écrire de la musique intéressante.
Peux-tu nous parler de tes futurs projets ? Vas-tu poursuivre tes collaborations ?
Je le fais régulièrement par Internet. Il y a un album qui sort au printemps, enregistré avec des gens de tous horizons : Australie, Italie, France, États-Unis, Pays-Bas, Canada… Je travaille régulièrement par ce biais maintenant, par exemple avec Christophe Lebled qui vit près de Lyon, ou Jean-Philippe Rykiel avec qui j’ai enregistré une chanson pour son nouvel album. Je suis en contact avec des gens en Espagne, au Brésil, etc. Si tu visites ma page Facebook, tu pourras constater que je collabore avec de nombreuses personnes, sur de nombreux projets, comme des concertos pour violon. Le mois prochain, je reçois la visite de Français avec lesquels nous devons terminer un concerto pour guitare. Je travaille également avec d’autres personnes sur des orchestrations pour de la musique cinématique… j’ai des relations professionnelles avec des tas de gens, je ne reste pas assis chez moi à compter l’argent !
Penses-tu revenir en France ?
Je l’espère, j’adore la France. Mon arrière-arrière grand-père était breton, je suis donc un peu français moi-même. J’aime voyager avec ma femme dans le Sud, près d’Aix-en-Provence. Nous adorons Paris également. J’aimerais beaucoup y revenir faire quelques concerts.
Le mot de la fin ?
Portez-vous bien et bon voyage. (en français, ndlr)
Progressia : Comment ce projet de disque et de tournée avec Rick Wakeman a-t-il vu le jour ?
Jon Anderson : Il y a quatre ans, nous avons fait une tournée au Royaume-Uni pendant laquelle nous avons écrit quelques chansons. L’année dernière, Rick a suggéré de remettre ça en octobre. Je lui ai proposé à mon tour d’écrire de nouveaux titres. Vers le mois de juillet, il m’a envoyé quelques démos par Internet sur lesquelles j’ai placé des idées de chant, et pendant une demi-douzaine de semaines, nous avons enregistré ces morceaux pour ensuite repartir en tournée. Je donnais moi-même des concerts sur la côte est des États-Unis à cette période. J’ai donc enregistré dans des chambres d’hôtel, sur mon ordinateur portable, et ai tout envoyé au studio pour que Rick puisse inclure le chant à la musique. Ce fut une expérience unique car lui et moi étions musicalement très connectés. Peu importe qu’un millier de miles nous sépare, nous avons créé de la musique avec la technologie d’aujourd’hui.
Vous ne vous êtes donc pas vus pour composer l’album ?
Non, mais nous nous connaissons depuis des lustres.
Qu’as-tu interprété comme titres lors des concerts que vous avez donnés avec Rick Wakeman à l’automne 2010 au Royaume-Uni ?
Nous avons joué les classiques de Yes sur lesquels nous avions travaillé ensemble ainsi que ces titres inédits dont je te parlais. Un bon mélange de compositions récentes et de choses plus anciennes.
Tu vas entreprendre à nouveau une tournée acoustique aux États-Unis dans les prochains mois. Es-tu donc entièrement rétabli ?
Oui, j’ai de la chance, je me sens en bonne santé. Je pense que je chante mieux que jamais. Lorsque tu vieillis, tu espères toujours que tu feras toujours mieux en composant de meilleurs titres. J’ai fait une tournée en solo, et ai chanté avec des orchestres de jeunes. J’aimerais réitérer l’expérience en Europe l’année prochaine. J’ai donné un concert à Cleveland avec le Contemporary Youth Orchestra en avril 2010, qui a été enregistré et tourne chaque dimanche sur une Web TV appelée HDNet. Le show a été apprécié et un DVD de l’événement sera publié cet été. Lorsque tu travailles avec des adolescents de douze à dix-sept ans, tu te rends compte qu’ils sont plein de vie, la musique les rend enthousiastes.
Te connaissaient-ils avant de jouer avec toi ?
Pas vraiment. Certains de leurs parents me connaissaient en ayant vaguement entendu parler de Yes. Nous avons interprété ma musique ainsi que des titres de Jon & Vangelis et de Yes. Ce fut vraiment un très bon concert.
Parlons justement un peu de Yes. Il s’agit vraiment d’une situation étrange. Beaucoup pensent que le groupe sans toi ne peut être Yes. Es-tu toujours en contact avec le reste de la formation ?
Pas vraiment. Ils ont voulu continuer sans moi, ce qui m’a déçu. Mais ils ont leur vie, leur travail et je pense simplement qu’ils n’auraient pas dû utiliser le nom de Yes, mais leurs propres noms. Les gens viendront au concert en espérant voir Rick et moi. C’est vraiment décevant qu’ils agissent ainsi, mais… c’est la vie (en français, ndlr).
Gonzo Multimedia va sortir le DVD Union Live. As-tu été impliqué dans ce projet ?
Non. Je n’en ai entendu parler que la semaine dernière (l’entrevue a été réalisée le 12 janvier 2010, ndlr). J’étais avec Trevor Rabin à Los Angeles qui enregistrait de la musique pour un film ; il a beaucoup de talent pour les bandes originales. Nous avons parlé un peu de Yes, de la possibilité pour lui, Rick et moi de faire une tournée. Il a évoqué ce DVD et je lui ai fait part de ma surprise, car lorsque le concert avait été filmé à l’époque, en 1991, nous n’en avions rien su. Quelqu’un a donc filmé sans que nous ayons pu voir les prises. Cela a été un grand événement, l’une de mes prestations favorites.
Quel genre de musique écoutes-tu actuellement ? Quels sont tes artistes préférés ?
Il y a tellement de grands artistes, musiciens, compositeurs. J’écoute des choses plus commerciales, aussi. Actuellement, je suis sur de la musique éthiopienne, j’aime vraiment beaucoup.
J’entends des cloches derrière toi…
Oui, mon jardin est rempli de carillons à vent. C’est un lieu magnifique, magique.
Les grosses maisons de disque ne portent plus grand intérêt aux groupes innovants aujourd’hui. Penses-tu qu’il reste encore une place pour de tels groupes, et notamment Yes ?
Bien sûr. Il y a de nombreux moyens pour un groupe de produire son propre style de musique. Il faut que les musiciens d’aujourd’hui restent aventureux, car ils ont la possibilité de diffuser leur musique via internet, iTunes, Amazon, leurs propres sites web… il existe tellement de façons de faire, c’est une bonne époque pour les musiques progressives.
Mais ces groupes peuvent-ils réellement avoir du succès ?
Oui, parfois ça peut se jouer sur une simple chanson qui deviendra un hit et parfois, si le groupe tient bon, il se construira une base de fans. Les gens vont sur Internet, regardent des vidéos, il n’est pas nécessaire de ressembler au format MTV, mais quoiqu’il en soit, il a toujours été difficile d’avoir du succès, sinon tout le monde en aurait ! Parfois cela nécessite un dur labeur, et surtout beaucoup de chance.
N’as-tu pas l’impression que l’industrie de la musique a mal tourné ?
De toute manière, l’industrie de la musique ne vit que pour faire de l’argent. Sur vingt projets qui rapportent, il y en aura toujours un qui sera digne d’intérêt, et qui survivra au fil des années, comme par exemple ce groupe de San Francisco, Trains. Tu ne sais jamais où tu en seras dans dix ans. C’est comme avec Yes, nous n’avons jamais essayé de faire un hit, mais d’écrire de la musique intéressante.
Peux-tu nous parler de tes futurs projets ? Vas-tu poursuivre tes collaborations ?
Je le fais régulièrement par Internet. Il y a un album qui sort au printemps, enregistré avec des gens de tous horizons : Australie, Italie, France, États-Unis, Pays-Bas, Canada… Je travaille régulièrement par ce biais maintenant, par exemple avec Christophe Lebled qui vit près de Lyon, ou Jean-Philippe Rykiel avec qui j’ai enregistré une chanson pour son nouvel album. Je suis en contact avec des gens en Espagne, au Brésil, etc. Si tu visites ma page Facebook, tu pourras constater que je collabore avec de nombreuses personnes, sur de nombreux projets, comme des concertos pour violon. Le mois prochain, je reçois la visite de Français avec lesquels nous devons terminer un concerto pour guitare. Je travaille également avec d’autres personnes sur des orchestrations pour de la musique cinématique… j’ai des relations professionnelles avec des tas de gens, je ne reste pas assis chez moi à compter l’argent !
Penses-tu revenir en France ?
Je l’espère, j’adore la France. Mon arrière-arrière grand-père était breton, je suis donc un peu français moi-même. J’aime voyager avec ma femme dans le Sud, près d’Aix-en-Provence. Nous adorons Paris également. J’aimerais beaucoup y revenir faire quelques concerts.
Le mot de la fin ?
Portez-vous bien et bon voyage. (en français, ndlr)