Jónsi
19/07/2010
Bataclan - Paris
Par Jérôme Walczak
Photos: V. Chassat
Site du groupe : http://jonsi.com
Jón Þór Birgisson a profité d’une petite escapade hors des sentiers sinueux de Sigur Rós, pour proposer en solo un album tout de Go qu’il a défendu bec et ongles dans un Bataclan bouillant. Jónsi n’a pas convié son public à un simple concert, mais à une transe mystique. L’artiste est pour ainsi dire possédé lorsqu’il tient un micro et amorce de sa voix quasi surnaturelle un tour de chant parfaitement huilé depuis près de deux mois.
Avant l’entrée de l’artiste, une première partie pour le moins insipide et sans saveur : Glasser. Un duo mixte américain relativement anodin rappelant vaguement Björk, l’originalité et la fougue délirante en moins. L’ennui plombe l’assistance, tout comme la température qui amorce son premier pas de deux pour atteindre des sommets insupportables.
Engoncé dans une tenue matelassée parsemée de plumes, Jónsi plante le décor, un monde à mi-chemin entre le temps du rêve des aborigènes australiens et l’univers des chamans, et invite les spectateurs à le suivre dans l’infra-monde. « All by myself (I Wanna Be…) and with Doddi of course » donne le tempo. Si le titre ne figure pas sur Go, il n’en reste pas moins mélancolique et dénote sérieusement avec le virage plus pop et plus sucré qu’on aura pu lui reprocher. C’est pourtant dans cette ambiance de recueillement que la relative froideur de l’Islandais transparaît et dont le personnage peine à se départir. La voix demeure exemplaire, et malgré ce timbre si mécanique, si glacial, l’émotion réussit sans effort à vaincre une salle de toute façon conquise d’avance.
Alex à la guitare, Doddi le batteur, Úlfur à la basse et Óbó aux claviers arrivent sur « Hengilás », premier morceau directement tiré du nouvel album. La volupté reste le maître mot et définit les contours d’un show dont les morceaux se succèdent tels que « Iccicles Sleeves », « Kolniður » et « Tornado », sans le moindre mot de l’artiste entre chaque morceau, silence que le public respecte religieusement…
Outre un contenu musical efficace, le spectacle reste une jolie performance visuelle, peut-être pas aussi exemplaire tel que décrit par la presse, mais suffisamment profond pour donner un sens à cette représentation scénique, comme en témoignent notamment le fond de scène qui donne l’illusion de s’enflammer ou les scènes chamaniques où des animaux se rencontrent sur une toile obscure.
C’est avec « Sticks and Stones » que l’audience se déride. Une chanson tirée de la bande originale de Dragons et pour la première fois chantée en public. L’artiste ne manque pas de signaler avec amusement que cette petite récompense inédite a nécessité quelques antisèches, en ponctuant sa première et une des rares saillies verbales d’un « It is cold » de circonstance, tandis que le public se liquéfie malgré les flyers distribués qui trouvent une véritable utilité en se transformant en éventails de fortune.
Ces traits d’humour rendent le personnage un tantinet plus humain, et permettent à « Go Do » et l’extraordinaire « Boy Lilikoi » de souffler un vent impétueux dans la salle. C’est une évidence, le personnage est loin d’être empathique. C’est un alien, sans conteste, or il ne suscite aucun déchaînement superfétatoire. La mélopée se termine avec un « Animal Arithmetic » d’excellente facture et un final incroyable et bluffant qui vaut à lui seul le déplacement. « Grow Till Tall » est en effet le prétexte à la mutation du personnage, qui devient transcendé, avec sa coiffe de plumes multicolores, et malgré la chaleur qui devient éreintante, boursouflée, l’elfe septentrional part en transe, littéralement, et l’expérience surnaturelle à laquelle l’assemblée est invitée devient pour ainsi dire prodigieuse, magique, et sans limites…
Avant l’entrée de l’artiste, une première partie pour le moins insipide et sans saveur : Glasser. Un duo mixte américain relativement anodin rappelant vaguement Björk, l’originalité et la fougue délirante en moins. L’ennui plombe l’assistance, tout comme la température qui amorce son premier pas de deux pour atteindre des sommets insupportables.
Engoncé dans une tenue matelassée parsemée de plumes, Jónsi plante le décor, un monde à mi-chemin entre le temps du rêve des aborigènes australiens et l’univers des chamans, et invite les spectateurs à le suivre dans l’infra-monde. « All by myself (I Wanna Be…) and with Doddi of course » donne le tempo. Si le titre ne figure pas sur Go, il n’en reste pas moins mélancolique et dénote sérieusement avec le virage plus pop et plus sucré qu’on aura pu lui reprocher. C’est pourtant dans cette ambiance de recueillement que la relative froideur de l’Islandais transparaît et dont le personnage peine à se départir. La voix demeure exemplaire, et malgré ce timbre si mécanique, si glacial, l’émotion réussit sans effort à vaincre une salle de toute façon conquise d’avance.
Alex à la guitare, Doddi le batteur, Úlfur à la basse et Óbó aux claviers arrivent sur « Hengilás », premier morceau directement tiré du nouvel album. La volupté reste le maître mot et définit les contours d’un show dont les morceaux se succèdent tels que « Iccicles Sleeves », « Kolniður » et « Tornado », sans le moindre mot de l’artiste entre chaque morceau, silence que le public respecte religieusement…
Outre un contenu musical efficace, le spectacle reste une jolie performance visuelle, peut-être pas aussi exemplaire tel que décrit par la presse, mais suffisamment profond pour donner un sens à cette représentation scénique, comme en témoignent notamment le fond de scène qui donne l’illusion de s’enflammer ou les scènes chamaniques où des animaux se rencontrent sur une toile obscure.
C’est avec « Sticks and Stones » que l’audience se déride. Une chanson tirée de la bande originale de Dragons et pour la première fois chantée en public. L’artiste ne manque pas de signaler avec amusement que cette petite récompense inédite a nécessité quelques antisèches, en ponctuant sa première et une des rares saillies verbales d’un « It is cold » de circonstance, tandis que le public se liquéfie malgré les flyers distribués qui trouvent une véritable utilité en se transformant en éventails de fortune.
Ces traits d’humour rendent le personnage un tantinet plus humain, et permettent à « Go Do » et l’extraordinaire « Boy Lilikoi » de souffler un vent impétueux dans la salle. C’est une évidence, le personnage est loin d’être empathique. C’est un alien, sans conteste, or il ne suscite aucun déchaînement superfétatoire. La mélopée se termine avec un « Animal Arithmetic » d’excellente facture et un final incroyable et bluffant qui vaut à lui seul le déplacement. « Grow Till Tall » est en effet le prétexte à la mutation du personnage, qui devient transcendé, avec sa coiffe de plumes multicolores, et malgré la chaleur qui devient éreintante, boursouflée, l’elfe septentrional part en transe, littéralement, et l’expérience surnaturelle à laquelle l’assemblée est invitée devient pour ainsi dire prodigieuse, magique, et sans limites…