Extra Life – Plus belle la vie
Sous leurs airs de geeks torturés, les New-Yorkais d’Extra Life proposent une musique inhabituelle qui oppose des influences plutôt contradictoires, pour le plus grand bonheur de nos chères esgourdes en mal de sensations fortes. Le capitaine Charlie Looker revient sur un nouvel album qui, à défaut de changer l’orientation du groupe, fait profiter son auditoire d’une mixture tout aussi perturbante qu’aboutie.
Progressia : D’où peut bien provenir le nom du groupe ?
Charlie Looker : Le terme Extra Life vient évidemment du monde des jeux vidéo, ce qui peut paraître un peu juvénile et terre-à-terre, et est empreint d’une connotation spirituelle. C’est pour cela que l’expression me plaisait. J’aime l’idée de prendre quelque chose de ridicule pour en faire un élément qui parait venir d’un autre monde. Extra Life se réfère pour moi à la résurrection ou à la renaissance. Une sorte d’élévation au-delà du monde.
Quelles sont tes principales influences en tant que chanteur ? Comment t’est venue l’idée d’utiliser cette technique si particulière ?
Je n’ai pas inventé ce style vocal délibérément. Mon chant a juste évolué à force d’écrire beaucoup de musique. Parmi mes chanteurs préférés, je citerais Morissey, Michael Gira et Marc Bolan. Plus récemment, j’ai été aussi inspiré par Shirley Collins, Atony, Jamie Stewart et David Tibet, sans oublier la musique ancienne d’une manière générale. Peu de chanteurs de ce mouvement ont gardé un style unique, quand bien même ils ont représenté une énorme influence.
En quoi les musiques classiques et contemporaines inspirent ta façon de composer ?
Bonne question. La notation écrite est un aspect de la musique classique très important à mes yeux. Les partitions permettent cette vue d’ensemble où tu peux synchroniser toutes sortes de choses, ce qui est malaisé lorsque l’on conçoit tout à l’oral. Quand une personne possède une telle part de contrôle sur la musique, elle peut la travailler jusque dans les moindres détails. C’est comme de la programmation en musique électronique. Un autre aspect que j’aime dans l’approche de la composition moderne, c’est le fait d’écrire sans avoir l’instrument entre les mains, ou s’il s’agit d’un instrument dont tu ne joues pas, le fait de découvrir des choses inhabituelles, qui ne sortent pas naturellement lorsque l’on a les doigts sur l’instrument en question. L’écriture sur partition permet également de nous éloigner des schémas habituels qui y sont associés que ce soit du rock, du jazz ou n’importe quel autre genre. Cela me permet donc de trouver des parties instrumentales peu communes, ce qui est plutôt cool. En revanche, il est parfois préférable qu’une partie soit écrite par celui ou celle qui la joue pour que cela sonne plus naturel. Les deux façons de faire ont leurs avantages et inconvénients.
Il semble que la musique d’Extra Life se détache de plus en plus de celle de Zs. Comment l’expliques-tu ?
Quand j’étais dans Zs, on travaillait déjà à l’intérieur d’une esthétique clairement définie. On ne la discutait pas, elle était déjà établie telle quelle. La plus grande partie de la musique était instrumentale. J’ai écrit des morceaux avec du chant. Nous chantions à plusieurs, les paroles, difficiles à déchiffrer, n’étaient pas mises en avant. Zs mettait l’accent sur l’identité de groupe, effaçant la notion d’individualité qui s’abandonnait au concept de « musique pure », entendons par là de la musique pour la musique. C’était une sorte de vision abstraite et moderniste de l’écriture musicale. Extra Life est évidemment bien différent. Les paroles sont très importantes et on peut les entendre distinctement. J’écris sur des thèmes personnels et émotionnels tout en nous concentrant toujours sur l’aspect purement musical. Il y a désormais de la poésie qui vient s’y rattacher. Je ne me considère pas comme un compositeur dans Extra Life, mais comme un songwriter, même si ce sont des chansons épiques et compliquées.
Aujourd’hui justement, avec Extra Life, êtes-vous à la recherche d’un équilibre entre complexité musicale et émotion ?
Je vois ce que tu veux dire mais ce n’est pas vraiment réfléchi. Je n’aime pas voir ça comme deux courants opposés. Nous n’essayons pas d’être complexes. Nous aimons la musique qui passe par un certain nombre de mouvements, qui ne se répète pas ou pas trop longtemps, et tout ce qui peut nous surprendre. Je ne considère pas ça comme intellectuel ou non-émotionnel. D’autre part, nous n’essayons pas d’être dans l’excès d’émotion non plus. J’écris les paroles en m’inspirant d’un sujet personnel, que je ressens intensément. La vie est complexe, les émotions également. L’esprit et le coeur sont tous deux des canalisateurs de l’intensité de la vie. La vie est ainsi, bordélique, déroutante et la musique d’Extra Life reflète tout ça.
Comment se passe la phase d’écriture ? Es-tu le seul maître à bord ou est-ce un travail de groupe ?
J’écris d’abord les paroles, ensuite j’en fais une mélodie qui me donne une idée de ce que peuvent ciseler les instruments. A nos débuts, j’écrivais la moindre note pour tout le monde. A force de jouer ensemble, les autres ont commencé à collaborer ostensiblement au niveau des arrangements. A l’avenir, je pense qu’ils seront de plus en plus le fait du groupe. Je serai toujours le songwriter, mais les contributions des autres auront davantage de place car ils sont tous très imaginatifs. Ils composent tous leurs propres musiques dans leurs projets respectifs. Et comme je le précisais tout à l’heure, c’est cool de travailler à la manière d’un compositeur classique avec sa partition dans un sens, mais ce que j’écris actuellement est de moins en moins complexe, en tous cas au sens où on l’entend dans le prog et ça laissera naturellement plus de place pour les idées des autres membres du groupe.
Que retenir de l’expérience avec Dirty Projectors ?
Juste un nom à lâcher dans un article de presse pour attirer l’attention sur Extra Life. C’est un groupe super et des gens très sympas, mais ça ne va pas plus loin.
Peut-on espérer vous voir passer par la France durant votre tournée au printemps ?
Absolument. Fin mai, nous y serons pour une semaine. Je ne suis pas sûr des dates déjà confirmées mais nous serons là sans aucun doute [Edit : Africantape, qui les distribue en Europe, vient de dévoiler les dates pour l’Hexagone, rendez-vous dans nos agendas pour plus de détails !] On adore votre pays où l’on a donné quelques uns de nos meilleurs concerts, à Paris et Caen lors de notre précédente tournée. C’était génial aussi à Nantes, mais je me suis retrouvé vite beaucoup trop saoûl et j’ai perdu connaissance. Mais la France assure ! Vous savez bien manger et c’est très important pour nous !
Un dernier mot pour les lecteurs de Progressia ?
Restez comme vous êtes !
Progressia : D’où peut bien provenir le nom du groupe ?
Charlie Looker : Le terme Extra Life vient évidemment du monde des jeux vidéo, ce qui peut paraître un peu juvénile et terre-à-terre, et est empreint d’une connotation spirituelle. C’est pour cela que l’expression me plaisait. J’aime l’idée de prendre quelque chose de ridicule pour en faire un élément qui parait venir d’un autre monde. Extra Life se réfère pour moi à la résurrection ou à la renaissance. Une sorte d’élévation au-delà du monde.
Quelles sont tes principales influences en tant que chanteur ? Comment t’est venue l’idée d’utiliser cette technique si particulière ?
Je n’ai pas inventé ce style vocal délibérément. Mon chant a juste évolué à force d’écrire beaucoup de musique. Parmi mes chanteurs préférés, je citerais Morissey, Michael Gira et Marc Bolan. Plus récemment, j’ai été aussi inspiré par Shirley Collins, Atony, Jamie Stewart et David Tibet, sans oublier la musique ancienne d’une manière générale. Peu de chanteurs de ce mouvement ont gardé un style unique, quand bien même ils ont représenté une énorme influence.
En quoi les musiques classiques et contemporaines inspirent ta façon de composer ?
Bonne question. La notation écrite est un aspect de la musique classique très important à mes yeux. Les partitions permettent cette vue d’ensemble où tu peux synchroniser toutes sortes de choses, ce qui est malaisé lorsque l’on conçoit tout à l’oral. Quand une personne possède une telle part de contrôle sur la musique, elle peut la travailler jusque dans les moindres détails. C’est comme de la programmation en musique électronique. Un autre aspect que j’aime dans l’approche de la composition moderne, c’est le fait d’écrire sans avoir l’instrument entre les mains, ou s’il s’agit d’un instrument dont tu ne joues pas, le fait de découvrir des choses inhabituelles, qui ne sortent pas naturellement lorsque l’on a les doigts sur l’instrument en question. L’écriture sur partition permet également de nous éloigner des schémas habituels qui y sont associés que ce soit du rock, du jazz ou n’importe quel autre genre. Cela me permet donc de trouver des parties instrumentales peu communes, ce qui est plutôt cool. En revanche, il est parfois préférable qu’une partie soit écrite par celui ou celle qui la joue pour que cela sonne plus naturel. Les deux façons de faire ont leurs avantages et inconvénients.
Il semble que la musique d’Extra Life se détache de plus en plus de celle de Zs. Comment l’expliques-tu ?
Quand j’étais dans Zs, on travaillait déjà à l’intérieur d’une esthétique clairement définie. On ne la discutait pas, elle était déjà établie telle quelle. La plus grande partie de la musique était instrumentale. J’ai écrit des morceaux avec du chant. Nous chantions à plusieurs, les paroles, difficiles à déchiffrer, n’étaient pas mises en avant. Zs mettait l’accent sur l’identité de groupe, effaçant la notion d’individualité qui s’abandonnait au concept de « musique pure », entendons par là de la musique pour la musique. C’était une sorte de vision abstraite et moderniste de l’écriture musicale. Extra Life est évidemment bien différent. Les paroles sont très importantes et on peut les entendre distinctement. J’écris sur des thèmes personnels et émotionnels tout en nous concentrant toujours sur l’aspect purement musical. Il y a désormais de la poésie qui vient s’y rattacher. Je ne me considère pas comme un compositeur dans Extra Life, mais comme un songwriter, même si ce sont des chansons épiques et compliquées.
Aujourd’hui justement, avec Extra Life, êtes-vous à la recherche d’un équilibre entre complexité musicale et émotion ?
Je vois ce que tu veux dire mais ce n’est pas vraiment réfléchi. Je n’aime pas voir ça comme deux courants opposés. Nous n’essayons pas d’être complexes. Nous aimons la musique qui passe par un certain nombre de mouvements, qui ne se répète pas ou pas trop longtemps, et tout ce qui peut nous surprendre. Je ne considère pas ça comme intellectuel ou non-émotionnel. D’autre part, nous n’essayons pas d’être dans l’excès d’émotion non plus. J’écris les paroles en m’inspirant d’un sujet personnel, que je ressens intensément. La vie est complexe, les émotions également. L’esprit et le coeur sont tous deux des canalisateurs de l’intensité de la vie. La vie est ainsi, bordélique, déroutante et la musique d’Extra Life reflète tout ça.
Comment se passe la phase d’écriture ? Es-tu le seul maître à bord ou est-ce un travail de groupe ?
J’écris d’abord les paroles, ensuite j’en fais une mélodie qui me donne une idée de ce que peuvent ciseler les instruments. A nos débuts, j’écrivais la moindre note pour tout le monde. A force de jouer ensemble, les autres ont commencé à collaborer ostensiblement au niveau des arrangements. A l’avenir, je pense qu’ils seront de plus en plus le fait du groupe. Je serai toujours le songwriter, mais les contributions des autres auront davantage de place car ils sont tous très imaginatifs. Ils composent tous leurs propres musiques dans leurs projets respectifs. Et comme je le précisais tout à l’heure, c’est cool de travailler à la manière d’un compositeur classique avec sa partition dans un sens, mais ce que j’écris actuellement est de moins en moins complexe, en tous cas au sens où on l’entend dans le prog et ça laissera naturellement plus de place pour les idées des autres membres du groupe.
Que retenir de l’expérience avec Dirty Projectors ?
Juste un nom à lâcher dans un article de presse pour attirer l’attention sur Extra Life. C’est un groupe super et des gens très sympas, mais ça ne va pas plus loin.
Peut-on espérer vous voir passer par la France durant votre tournée au printemps ?
Absolument. Fin mai, nous y serons pour une semaine. Je ne suis pas sûr des dates déjà confirmées mais nous serons là sans aucun doute [Edit : Africantape, qui les distribue en Europe, vient de dévoiler les dates pour l’Hexagone, rendez-vous dans nos agendas pour plus de détails !] On adore votre pays où l’on a donné quelques uns de nos meilleurs concerts, à Paris et Caen lors de notre précédente tournée. C’était génial aussi à Nantes, mais je me suis retrouvé vite beaucoup trop saoûl et j’ai perdu connaissance. Mais la France assure ! Vous savez bien manger et c’est très important pour nous !
Un dernier mot pour les lecteurs de Progressia ?
Restez comme vous êtes !