ENTRETIEN : AGUA DE ANNIQUE | |
Origine : Hollande Style : pop /rock alternatif Formé en : 2007 Composition : Anneke van Giesbergen – chant, claviers Joris Dirks – guitares, vocaux Jacques de Haard – basse Rob Snijders – batterie Dernier album : In your Room (2009) | Alors que le second album en solo de la Batave figure déjà en bonne place dans les bacs des derniers disquaires curieux, Progressia a saisi l’occasion de parler des multiples projets qu’Anneke mène de front depuis son départ de The Gathering. La vie est un éternel recommencement…
Progressia : La dernière fois que nous nous sommes entretenus, ton précédent album venait tout juste de sortir. Comment Air a-t-il été reçu, tant par le public que par les critiques ? Anneke van Giesbergen : Lorsque j’ai débuté l’écriture des titres de ce qu’allait devenir ce premier album d’Agua de Annique, je ne me préoccupais pas vraiment de sa réception auprès des médias et du public. Mais il est clair que c’était un grand saut pour moi depuis mon départ de The Gathering, après toutes ces années passées avec eux…Heureusement, l’accueil de ma carrière en solo a été plutôt chaleureux.
La page The Gathering est-elle tournée à jamais ? Oui, définitivement.
Cet album offrait une musique plutôt pop et délaissait considérablement le metal. Le public qui te suivait depuis tes débuts est-il toujours au rendez-vous ? Oui, et c’est même assez drôle car je pense que toutes ces personnes ont évolué en même temps que moi. On passe tous par des étapes différentes dans la vie et on écoute divers genres de musique selon son âge. Je fais la musique que je suis et on me suit ! Tout va donc pour le mieux.
Tu as gardé la même formation pour In Your Room… C’est exactement le même groupe et je ne compte pas en changer.
Entre temps, tu as publié Pure Air en début d’année. Peux-tu éclaircir l’identité de cette discrète production sortie sous le nom d’Anneke van Giersbergen et non pas d’Agua de Annique ? Après avoir publié Air, j’ai eu la chance de pouvoir collaborer avec un certain nombre d’artistes que j’apprécie beaucoup. Ces multiples échanges m’ont tellement plu que j’ai eu l’idée de concocter un album acoustique sur lequel je pouvais proposer des versions différentes de morceaux que j’aime interpréter en duo avec de magnifiques voix comme celles de John Wetton (King Crimson, Asia, UK), Danny Cavanagh (Anathema) et bien d’autres.
A présent, ce nouvel album porte les deux noms. N’est-ce pas un peu confus pour le public ? Je comprends pourquoi tu dis ça mais Agua de Annique est bel et bien le nom de mon groupe avec mes musiciens. Or en Hollande je suis connue sous mon propre nom, c’est pourquoi In your Room apparaît sous le nom d’Anneke van Giersbergen avec Agua de Annique. Si je veux produire un album avec d’autres musiciens, je mettrai mon propre nom et rien d’autre. Cela me permet d’organiser au mieux mes « différentes carrières ».
In Your Room propose une musique justement différente de celle du premier album, mais semble également très éloignée de The Gathering. Ne crains-tu pas de déstabiliser ton public ? Non, je n’ai jamais peur de rien car je fais la musique que j’aime. Je crains davantage me caricaturer. Les artistes que j’aime sont des personnes qui ont su évoluer au cours de leur carrière.
L’aspect marqué pop des titres qui le composent confère une certaine fraîcheur que l’on retrouve chez des artistes telles que Sia ou Alanis Morrissette. Revendiques-tu une éventuelle influence ? Pas vraiment même si je suis heureuse de telles comparaisons. Je reste une grande fan de ces deux artistes. J’aime tellement de genres musicaux, d’ailleurs, je suis issue autant de la scène pop que de celle du metal.
Qu’en est-il de ce projet en commun avec Danny Cavanagh d’Anathema, baptisé In Parallels ? J’aime beaucoup ce disque qui vient de sortir pourtant dans une totale discrétion. C’est un enregistrement en public très touchant. J’apprécie le fait de jouer en acoustique dans des endroits vraiment petits, particuliers et magiques. Le but n’était que de garder une trace de cette expérience poignante.
Comment s’est passée ta contribution sur Addicted de Devin Townsend ? C’est un disque dont je suis très fière ! Cela fait maintenant des années que j’adore sa musique et qu’il apprécie ma voix. C’était donc le moment de s’accoupler musicalement ! (rires). Pour être plus précise, j’ai collaboré à la finalisation de cet album et lui a composé un titre pour le mien. Disons que c’est un échange de bons procédés. C’est un homme si intelligent et si sérieux dans sa manière d’appréhender ses projets musicaux. Addicted est tout simplement parfait. Devin est un génie.
Entre Devin Townsend et Anathema, ton divorce avec la planète metal ne semble pas tout à fait consommé ? (rires) Absolument pas ! (rires) Je n’ai jamais cherché à prendre de la distance avec la scène metal. Le but est de proposer la musique que j’aime jouer à présent. Je me sens enfin libre de présenter aux gens ce que je veux quand je le veux, ce qui n’a pas toujours été le cas.
« Home Again », « Adore » ou « Longest Day » sonnent à s’y méprendre comme du Anathema. Manifestement, tes nombreuses participations semblent t’inspirer ? Mmmhhh… Ce que j’entends peut m’influencer d’une manière ou d’une autre, c’est vrai, même si je n’ai évidemment jamais délibérément cherché à copier quiconque.
Seule « Just Fine », co-composée avec Devin Townsend, possède une identité musicale proche de ce que l’on pouvait entendre sur Air et se démarque fortement du reste… Tu as parfaitement raison. L’ambiance générale de In your Room est plus éthérée et planante. Ce morceau plus rentre-dedans apparaît comme un peu esseulé. A vrai dire, cet album est constitué de plusieurs essences musicales avec de la pop, du rock et un côté plus romantique et sensuel.
Quitte à perdre de notre objectivité, In Your Room est un très bon album, bien plus mature et plus excitant que Air. Comment expliques-tu cette évolution tant stylistique que musicale après seulement deux véritables essais ? Je suis si heureuse de t’entendre affirmer ça. Ma musique évolue en même temps que moi et je ne suis plus si jeune ! (rires). Je grandis avec elle, et avec mon public.
Les sons de guitare sont variés, accrocheurs et restent propres à chaque morceau… Quand j’ai décidé d’entamer une carrière en solo, Joris fut la première personne à laquelle j’ai pensé. Il chante également très bien et s’occupe des harmonies vocales sur scène. En plus, il est très sympathique. Bref, c’est l’homme idéal !
Le titre « My Okay » peut se révéler être un hit en puissance. N’as-tu pas peur d’obtenir un énorme succès commercial et de devenir la nouvelle Shania Twain ? (rires) Oooohh !!! Je n’ai pas du tout peur du succès (rires), surtout si l’exigence artistique le sous-tend. Soyons franc, le but est de gagner sa vie avec sa passion. A l’heure actuelle, composer me permet de vivre, bien que modestement. La situation reste très difficile si on ne vend pas assez d’albums. Je serais donc très heureuse de mieux gagner ma vie ! (rires). Je suis convaincue qu’il est encore possible de vendre beaucoup de disques tout en veillant à proposer de la musique de qualité.
Le public aura-t-il la chance de voir Agua de Annique sur scène en 2010 ? On est en train de tout planifier pour l’an prochain. Tourner en dehors de la Hollande est un peu plus compliqué, même si ce n’est pas l’envie qui manque. On est un tout petit groupe, mais je ne désespère pas de venir voir mon public européen.
Propos recueillis par Christophe Gigon site web : Agua de Annique retour au sommaire |