ENTRETIEN : STREAM OF PASSION | |
Origine : Pays-Bas / Mexique Style : metal gothique progressif Formé en : 2005 Composition : Marcela Bovio – chant / violon Eric Hazebroek – guitare Stephan Schultz – guitare Johan van Stratum – basse Jeffrey Revet – claviers Martijn Peters – batterie | Stream of Passion est un de ces bébé-groupes qui a vu sa carrière démarrer sur les chapeaux de roue et dont les trois-quart du personnel démissionnent peu de temps après sa création, laissant Marcela Bovio et Johan van Stratum livrés à eux-mêmes. Alors que certains pensaient que la formation ne survivrait pas aux départ d’Arjen Lucassen et consorts, la belle accompagnée de sa meute tord le cou à ses détracteurs avec The Flame Within et parvient, par la même occasion, à se libérer de l’empreinte de monsieur Ayreon.
Progressia : Stream of Passion a connu un début de carrière mouvementé avec un premier album reconnu de manière quasi unanime et une tournée réussie. Quel bilan dresses-tu de cette période ? Marcela Bovio : J’ai un grand sourire quand je repense à cette période. C’était incroyable de jouer dans tellement d’endroits tous aussi merveilleux les uns que les autres. C’est une expérience unique et j’ai eu de la chance d’en faire partie. Je serai éternellement reconnaissante à ceux qui l’ont rendue possible.
Serait-il possible de revenir sur les circonstances des départs de Lori Linstruth, Arjen Lucassen, Alejandro Millan et Davy Mickers ? Arjen est un homme qui aime s’impliquer dans différents projets. Dès les débuts de Stream of Passion, nous savions qu’un moment viendrait tôt ou tard où il voudrait travailler sur un nouvel album d’Ayreon ou un autre projet. De fait, nous n’avons été surpris qu’à moitié quand il nous a annoncé son départ. Lori a decidé de partir pour se concentrer sur sa vie privée. Peu de temps après, Alejandro a bénéficié d’une bourse au Mexique qui lui a permis d’enregistrer un album solo ; c’est un projet dont il rêvait depuis si longtemps qu’il était impossible pour lui de refuser. Quant à Davy, il nous a quitté pour se consacrer à sa famille lorsqu’il a appris qu’il allait être bientôt papa.
As-tu pensé à ce moment qu’il serait difficile voire impossible de poursuivre l’aventure ? Le titre de l’album fait-il allusion à cette situation ? Nous savions que le pire était à venir et nous étions également prêts à retrousser les manches et travailler d’arrache-pied pour recruter de nouveaux musiciens, chercher un nouveau contrat et nous remettre en question en tant que groupe. Stream of Passion nous a apporté tellement qu’il était inconcevable d’abandonner. Le titre de l’album est effectivement lié avec cette situation : cette flamme est notre force intérieure, elle nous dirige et nous donne la volonté de nous dépasser pour nous permettre d’atteindre nos objectifs.
Qui dit nouveaux membres dit forcément nouvelles influences. Sur quels critères avez-vous auditionné les nouveaux musiciens qui complètent aujourd’hui la formation ? Etait-ce dans le but de voir ce qu’ils pouvaient apporter en termes de composition ? En premier lieu, leur niveau musical qui comprend à la fois une bonne capacité d’interprétation mais également une certaine qualité de composition. Il fallait vraiment qu’ils contribuent à l’écriture. Ensuite, c’était très important d’avoir des accointances humaines. Si nous devons partir en tournée, il faut être capable de se supporter des mois entiers sans avoir envie de s’étrangler sur la route. Heureusement, nous sommes tombés sur les perles que sont Jeffrey Martijn, Stephan et Eric, d’excellents musiciens doublés d’êtres humains merveilleux. Nous avons développé une connivence et c’est un réel plaisir de jouer ensemble à chaque concert.
Sachant qu’Arjen avait composé de manière quasi intégrale Embrace the Storm, comment le groupe a t-il abordé l’écriture de The Flame Within ? Y a t-il eu un temps d’adaptation et de découverte entre les musiciens ou, a contrario, l’alchimie fut-elle immédiate ? Il y a eu effectivement une période de flottement. Pour Embrace the Storm, j’avais écrit les paroles et les lignes de chant sur les idées d’Arjen. Pour ce nouvel album, nous avons plus ou moins procédé de la même manière, à la différence que c’était à mon tour de fournir des démos avec des accords de piano, de guitares et les lignes de chant afin de les faire parvenir au reste du groupe pour qu’ils travaillent dessus et apporter leur touche. Par la suite, j’ai déménagé aux Pays-Bas, ce qui a évidemment facilité les choses, notamment sur les arrangements et les petits détails inhérents à chaque titre.
Avec le recul, dirais-tu que Stream Of Passion s’est « libéré » de « l’empreinte » d’Arjen ? L’évolution entre le premier album et The Flame Within est tout de même flagrante ? Comment la décrirais-tu avec tes propres mots ? Dirais-tu qu’aujourd’hui le groupe possède sa propre identité ? Il est clair qu’après un tel épisode, nous avons grandi en tant que musiciens et compositeurs. Nous traçons désormais notre propre voie, sans nous soucier de l’absence d’Arjen et de ses multiples talents. Il nous a mis le pied à l’étrier et nous a persuadé de continuer l’aventure. Grâce à lui, nous savons aujourd’hui où nous allons et nous continuerons à évoluer en tant que groupe.
The Flame Within a suscité une certaine impatience. A quoi est-ce du selon toi ? Une communication bien ficelée de votre part histoire de faire monter progressivement la sauce ou bien la loyauté et le dévouement de vos fans ? Selon moi, il y a un peu des deux. Pendant les auditions et la composition de l’album, nous avons essayé de rester le plus proche possible de nos fans en les tenant informés. Un lien s’est ainsi créé. Leur loyauté est sans nul doute ce qui nous a permis de rester concentrés et motivés. Nous avons la chance de posséder un petit noyau de fidèles qui n’ont cessé de nous soutenir contre vents et marées et nous leur sommes reconnaissants ad vitam æternam.
D’où vous est venue cette idée de reprendre « Street Spirit » de Radiohead ? C’est Stephan qui en est à l’origine. Nous avons trouvé amusant d’enregistrer une reprise, mais restait à savoir laquelle. De reflexion en suggestion, Stephan a proposé de reprendre ce titre et a envoyé une démo à chacun avec guitares et batterie. Nous avons d’emblée été conquis et le reste des arrangements est venu naturellement.
Quelle fut la contribution de Joost van den Broek concernant la production ? Joost était, avec Jochem Jacobs de Textures, l’un des deux producteurs impliqués. L’idée était d’arriver à trouver un équilibre entre d’une part, le savoir-faire de Jochem pour gonfler les guitares et la batterie et d’autre part, l’approche plus symphonque de Joost et son talent de producteur et d’arrangeur concernant les sections de cordes et de claviers. Il déborde d’idées. C’était limite à se demander s’il n’avait pas la solution à chacune de nos questions. J’ai enregistré le chant avec lui dans son studio. Il m’a motivé et m’a poussé à tenter des choses différentes d’oû sont sortis de très bons arrangements.
Qu’en est-il d’une tournée à venir ? Des dates en France sont-elles prévues ? Pour le moment, nous avons beaucoup de concerts à travers le Benelux. Nous espérons pouvoir programmer une tournée à travers l’Europe. La France ne devrait pas être épargnée. Jouer chez vous était super, je n’ai qu’une envie : revenir !
Comment allez-vous vous y prendre pour faire cohabiter nouveaux et anciens titres ? Ne crains-tu pas que sur scène, la fracture soit trop importante ? Nous avons beaucoup joué de vieux titres avec la nouvelle formation. Aujourd’hui, tout le monde est à l’aise avec le vieux répertoire, l’apprivoise et le joue à sa manière et je pense sincèrement que le meilleur reste encore à venir.
Le mot de la fin ? Je salue chaleureusement vos lecteurs en espérant qu’ils apprécieront The Flame Within. J’espère surtout revenir en France jouer pour eux et communier ainsi tous ensemble. A très vite ! Propos recueillis par Dan Tordjman site web : Stream of Passion retour au sommaire |