ENTRETIEN : LUCA OLIVIERI | |
Origine : Italie Style : progressif tourbillonnant Formé en : 2008 Dernier album : La Quarta Dimensione (2008) | Luca Olivieri, artiste italien discret et chaleureux, travaille habituellement avec le groupe Yo Yo Mundi. Il a dernièrement proposé un album de son cru intégralement instrumental, au-dessus duquel planent les ombres de Yann Tiersen et Jean-Pascal Boffo, et sur lequel nous souhaitions nous entretenir.
Progressia : La Quarta Dimensione dégage une atmosphère étrange avec un certain charme. Une impression d’unité pénètre ce disque malgré des ambiances très variées. Ce résultat était-il voulu ou est-ce un hasard dont l’auditeur seul se rend compte ? Luca Olivieri : L’impression d’unité qui se perçoit en écoutant l’album est effectivement intentionnelle. A travers ce projet instrumental, j’ai voulu raconter une histoire constituée de souvenirs et de fascinations. L’ordre des pistes, le choix des titres et le design de la pochette sont des détails qu’il m’était impossible de négliger afin de transporter l’auditeur dans un voyage musical réussi.
Peux-tu décrire tes influences en quelques points, détailler ta carrière et les raisons qui t’ont amené à composer cet album ? J’ai commencé par étudier le piano classique et heureusement, j’ai vite été attiré par le rock, la musique d’auteur et les bandes originales. Grâce à différentes collaborations, j’ai pu jouer et participer à de nombreux projets en Italie, en Grande-Bretagne, en Suisse et aux Pays Bas. A propos de ce nouvel album, tout est parti de mon envie de remettre en ordre quelques compositions destinées au départ au théâtre et à des productions multimédia. Après un premier temps de réorganisation, j’ai débuté l’enregistrement dans mon studio, et dès le début, j’ai senti le besoin de rassembler tous les morceaux en une seule histoire au sein d’un concept album.
Ta musique peut être qualifiée d’introspective, calme et presque champêtre. Pourtant, de ci, de là, traînent quelques ambiances plus sombres. Cette ambiguïté est-elle volontaire ? Non car l’idée n’était pas de proposer des compositions particulièrement sombres et tristes. Si tel est le cas, c’est qu’elles reflètent ma facette la plus mélancolique. L’utilisation particulière de l’accordéon ou du violoncelle ont pu accentuer ce sentiment. En revanche, tu n’es pas le premier à avoir mis le doigt sur l’aspect le plus méditatif de ma musique. En ces temps insensés, peut-être qu’un peu de tranquilité n’est pas négligeable.
Le titre de l’album est-il une référence à la célèbre série américaine des années cinquante ? L’appellation La Quarta Dimensione [NdlR : La Quatrième Dimension] est tirée d’un terme scientifique qui définit le temps. L’album dans son ensemble traite du temps. Quand je suis tombé par hasard sur cette définition, je me la suis appropriée car elle semblait parfaite pour exprimer en musique ce projet.
Le courant italien de la musique progressive aime ces ambiances feutrées qui se retrouvent par exemple en France chez Jean-Pascal Boffo. En Italie, on pense à Aries qui tire vers la musique émotionnelle. Sans remonter aux grands anciens que sont Le Orme, confères-tu une identité réelle à la musique de ton pays ? Certainement car des exemples marquants ont émaillé le passé et le paysage italien reste aujourd’hui riche en projets intéressants. En général, la scène est vraiment active avec beaucoup de jeunes groupes innovants et d’autres plus anciens qui ne cessent de confirmer un certain talent.
T’arrive-t-il de monter sur les planches ? Comment appréhendes-tu l’ambiance et les attentes du public lorsque tu le rencontres ? Pour cet enregistrement, je n’ai prévu aucun concert mais d’une manière générale, je joue beaucoup pour différents projets : du ciné-concert aux représentations théâtrales, en passant par des séances de lecture. Sincèrement, je n’attends rien en particulier de l’auditoire. Ce qui compte est de bien travailler son art car je suis persuadé que lors de représentations live, le public se rend compte si ton projet est sérieux ou superficiel. Cela s’applique également pour les enregistrements studio, où je me suis toujours efforcé d’atteindre un résultat respectueux de l’auditeur et qui met en valeur le travail de ceux qui y ont participé.
Quel public espères-tu toucher ou convaincre ? J’affectionne particulièrement le fait que quiconque écoute ma musique est d’une certaine manière marqué, que ce que j’ai fait ne laisse pas de marbre. Je ne pense jamais à un public spécifique, la musique se diffuse partout, même là où on ne l’attend pas. J’en ai eu la confirmation en suivant de près la promotion de l’album et en lisant des commentaires positifs de gens qui écoutent habituellement d’autres types de musique.
Vis-tu de ton art aujourd’hui ? Quelles sont tes ambitions dans ce domaine ? Il est actuellement très difficile d’en vivre, surtout si tu ne proposes pas quelque chose de très commercial. J’ai fait le choix de consacrer une bonne partie de mon temps à la musique, même si je ne peux pas la considérer comme un job à temps plein. Disons que j’ai deux emplois à mi-temps, un officiel qui accapare la majeure partie de mon temps et l’autre qui me permet de payer les plus grosses factures ! Je n’ai pas d’ambitions particulières. Je suis satisfait de ce que je fais et des réactions positives receuillies à l’égard de mon dernier disque. Evidemment, vendre davantage rendrait les choses plus faciles, mais je fais avec !
Encore une fois, ce disque apporte une vraie fraîcheur, tant dans les thèmes abordés que dans son écoute intuitive. A ce propos, il est parfois dit que rendre la musique accessible est une facilité, es-tu d’accord avec cette assertion ? Je ne pense pas que faire de la musique « facile » représente une faiblesse ou que ça ne soit pas respectable. Je pense qu’il est important de produire un disque sincère et de qualité, et si cela permet d’atteindre un large public, tant mieux. Ennio Morricone ou Yann Tiersen n’offrent pas des oeuvres techniquement difficiles, ils font ce qu’ils savent faire de mieux. Ce sont d’incroyables musiciens, qui plus est honnêtes dans leur démarche. Leurs mélodies, parfois très simples, racontent de belles histoires. On ne peut pas être honnête, surtout avec soi-même, lorsqu’on choisit la simplicité dans le seul but d’avoir du succès. Quand bien même la simplicité est l’une des qualités de ta musique, pourquoi ne pas l’exploiter ?
Voudrais-tu ajouter quelques mots pour allécher nos lecteurs et leur donner envie de te découvrir ? J’invite les personnes intéressées à visiter mon site où vous trouverez des informations à propos du disque, que vous pouvez acheter à un prix spécial, ainsi que des news sur mon activité musicale. Merci à tous. Propos recueillis par Jérôme Walczak avec l’aide de Brendan Rogel site web : Luca Olivieri retour au sommaire |