Passe Montagne – Passe Montagne

ENTRETIEN : PASSE MONTAGNE

 

Origine : France
Style : math rock
Formé en : 2005
Composition :
Gilles Montaufray – guitare, claviers
Samuel Cochetel – guitare
Julien Fernandez – batterie
Dernier album : Oh My Satan (2009)

Après une tournée en Italie compromise à cause des tremblements de terre terribles subis par la population, Julien Fernandez revient sur son nouveau groupe. Prenant son monde à contrepied, l’ex-batteur de Chevreuil répond avec sincérité et confirme l’esprit décalé que l’on retrouve dans sa musique. Jette un caillou dans l’eau et tu verras ce qu’il se passe…

Progressia : Aurais-tu la gentillesse de présenter le groupe ainsi que le background musical de chacun ?
Julien Fernandez
: Passe Montagne existe déjà depuis quelques années, je ne saurais être précis… j’ai la mémoire qui flanche ! Au début nous étions deux, Gilles et moi-même. On a essayé de jouer avec une amie harpiste, un violoniste russe, puis finalement, Sam nous a rejoints avec sa guitare électrique, peu avant l’enregistrement du premier disque et du 45 tours. Pour ce qui est du background, tu veux parler des groupes dont faisait partie chaque musicien auparavant ? Je me souviens juste que je jouais dans Chevreuil. Gilles et Sam ne participaient à aucune formation musicale, à part au lycée.

C’est votre deuxième album sous le nom de Passe-Montagne. Long Play vous a-t-il donné la conviction qu’il fallait continuer dans cette direction math rock ?
Après Long Play, on a pris notre temps, travaillé doucement. La direction que nous avons prise sur ce nouveau disque ne dépend pas du précédent, mais juste de nous, de nos choix et du plaisir que nous prenons à jouer ensemble. Je ne trouve pas que la notion de math rock soit très adaptée à notre musique, le genre ayant un côté progressif que nous cherchons justement à éviter.

Quels sont les groupes qui vous inspirent ?
C’est toujours difficile de répondre à cette question. Personnellement, j’écoute très peu de musique. Je dirais donc que tout nous inspire, ce qui passe par nos oreilles, le meilleur comme le pire.

Votre musique est à la fois torturée, proche de l’improvisation organisée, mais aussi très rigide dans les appuis rythmiques et les constructions harmoniques. Quel processus de composition adoptez-vous ?
J’imagine qu’on doit faire comme la plupart des groupes. On joue, on s’arrête, on réfléchit, on parle. On passe beaucoup plus de temps à enlever qu’à ajouter des choses. On s’enregistre aussi pour pouvoir réécouter et ne rien oublier. Il n’y a pas d’improvisation, même si apparemment, le disque en donne l’impression s’il est écouté à la va-vite.

Le format deux guitares, une batterie, est atypique. Pourquoi ce choix ?
Je ne pense pas que cela soit si atypique. Je connais beaucoup de groupes qui jouent avec une telle formation. Nous n’avons pas fait de choix, Sam et Gilles sont plus à l’aise à la guitare tout simplement.

Ce nouvel album avoisine les vingt-et-une minutes. N’est-ce pas un pied de nez aux genres musicaux qui s’étalent pour ne finalement pas dire grand-chose ou est-ce tout simplement une forme que vous privilégiez pour des raisons qui vous incombent ?
Vingt-et-une minutes suffisent pour faire douze chansons. On aurait pu faire plus court, d’ailleurs. C’est notre côté punk peut-être qui nous a fait construire le disque de cette manière ! Chaque groupe a cette liberté de savoir quand un morceau commence et quand il s’arrête. On a visé au plus essentiel possible, comme faisaient les groupes punk des années soixante-dix. Et puis, pourquoi faire long quand on peut faire court tout en communicant la même chose ?

Oh My Satan ne compte pas moins de cent cinquante riffs. Est-ce un but ou une fin en soi de les multiplier ?
On avait tous ces plans. Il aurait été dommage de ne pas tous les utiliser. On s’est donc débrouillé pour pouvoir tous les placer dans l’album.

Dis-moi si je me trompe mais on sent par rapport à Long Play que vous avez tenté de vous séparer de vos influences Shellac, pourquoi ?
Je ne sais pas ! Je trouve sincèrement qu’il y a très peu de ressemblances. Pas de chant, pas de grosse basse, pas de son de guitare électrisé, pas de refrains… Certaines personnes disent que cela ressemble à Shellac, je ne comprends pas pourquoi. C’est un groupe que nous avons écouté et qui a marqué la musique rock au début des années quatre-vingt-dix. C’est ensuite devenu une formation comme les autres qui, je trouve, vieillit relativement mal.

Sur MySpace, vous vous décrivez comme un groupe de « Southern Rock » ce qui n’est pas tout à fait juste mais qui est cependant révélateur de certains moments un peu western du disque. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette facette-là ?
C’est une connerie ce « Southern Rock » ! Aucun rapport avec les Western …

La pochette du disque est assez particulière. Peux-tu nous éclairer quant à sa provenance et sa signification ?
Ce sont deux dessins d’un ami. Il n’y a pas de signification particulière. Elle crée son effet en contact avec la musique.

D’après ce que j’ai cru comprendre, chaque membre du groupe vit dans un pays différent. Vous imprégnez-vous des cultures musicales étrangères qui vous entourent pour créer ?
Il est toujours très difficile de savoir ce qui t’influence vraiment. De mon côté, je ne sais pas du tout ce qui me fait faire des choix à la batterie. La musique italienne ? Celle que j’écoutais pendant mon adolescence ? Celle qu’écoutaient mes parents ? C’est un grand mystère. Je ne pense pas que ce soit particulièrement la musique étrangère qui nous influence, mais peut-être tout simplement la culture, les langues, les sons desquels nous sommes entourés. Peut-être rien de tout ça…

Parle-nous des retrouvailles lors des enregistrements. Cela doit être excitant sur le plan amical mais aussi musical !
C’est très excitant, mais surtout très éprouvant. Il faut faire vite. Nous sommes concentrés à soixante-dix pour cent sur le travail et trente pour cent sur les pauses : bières / clopes / blagues …

Votre son est métallique, brut de décoffrage comme si on y était mais pourtant, propre, d’une certaine manière. Etait-ce le résultat escompté ? Cela fait-il partie de la philosophie du groupe ?
Nous n’avons pas de philosophie particulière. Le son du disque représente celui du groupe live. Miguel Constantino, chargé de l’enregistrement, a fait un très bon travail de prise et de mixage pour rendre le tout le plus naturel possible. Pas de chichis donc, pas de travail de studio particulier pour orienter le son vers quelque chose de particulier. Le disque est juste une photographie haute définition de notre musique.

Permets-moi de revenir sur Chevreuil. Tu as sorti avec ce duo pas moins de cinq albums en une dizaine d’années. Quelles sont les raisons de cet arrêt alors que vous commenciez à avoir une certaine renommée ?
Nous n’avions pas une certaine renommée avec Chevreuil. Nous faisions seulement partie des groupes des années 2000 et avons fait beaucoup de concerts et quelques disques. Nous étions connus par le même genre de public qui aujourd’hui pourrait être amené à connaitre Passe Montagne même s’il a peut-être un côté moins easy listening. Il nous fallait marquer un temps d’arrêt avec Chevreuil. Une bonne pause, ça fait du bien.

Un petit mot pour les lecteurs de Progressia ?
Plouf !

Propos recueillis par Aleksandr Lézy

site web : Passe Montagne

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