Steven Wilson – Steven Wilson

ENTRETIEN : STEVEN WILSON.

 

Origine : Grande Bretagne
Style : rock progressif
Formé en : n/a
Composition :
Steven Wilson – chant, guitare, claviers, composition
Dernier album : Insurgentes (2009)

Il aura fallu près de vingt ans et quelques voyages à Steven Wilson pour enfin apposer son seul nom à un album. Retour sur ce projet en forme de road trip et de tranches de vie, ainsi que sur les autres projets de l’artiste avec des réponses avoisinant toujours les quelques paragraphes.

Progressia : La question d’un album solo revient dans nos conversations depuis plusieurs années maintenant. Comment t’es-tu décidé à franchir le pas en 2008 ?
Steven Wilson
: Il faut vraiment remonter à assez loin pour l’expliquer. Le but était initialement de terminer certaines chansons qui trainaient dans mon répertoire, et que j’appelais « mes petits orphelins ». Des morceaux composés ces cinq ou six dernières années et qui ne trouvaient leur place sur aucun disque auquel j’avais participé. Il s’agit de titres écrits pour Porcupine Tree, Blackfield ou d’autres projets, mais qui pour une raison ou une autre ne pouvaient se caser sur un album. Je voulais donc en terminer avec ces compositions une bonne fois pour toutes, et les mettre à disposition du public sans tapage, par exemple via mon petit label, à l’attention des fans. Cependant, il me manquait encore un peu de matière pour finaliser un album solo complet. Je me suis donc mis à écrire en janvier 2008, en vue d’en composer un ou deux autres titres, et au bout du compte, je me suis retrouvé avec trente morceaux ! Ce n’était pas planifié, ni voulu, mais il me semblait qu’il y avait au cours de cette période un vrai influx créatif, pour composer dans une veine que je n’avais pas exploitée jusque-là. Ces morceaux sonnaient différemment, plus sombres et torturés qu’à l’habitude, tout en restant indéniablement des chansons. J’ai retrouvé des influences qui ne ressortaient pas jusqu’alors dans ma musique, en particulier le mouvement post-punk : Joy Division, Cocteau Twins, The Cure, My Bloody Valentine. Des groupes qui ne constituent pas des références pour les autres musiciens travaillant avec moi dans Porcupine Tree ou Blackfield. Comme il s’agissait d’un album solo, j’ai pu apporter cette part de moi aux compositions. De ce fait, mes « orphelins » le sont toujours, je ne les ai pas achevés, et à la place, je me suis concentré sur ces nouvelles compositions, à tel point que je m’y suis attaché de plus en plus jusqu’à réaliser qu’il s’agissait d’une des œuvres, voire de l’œuvre la plus importante de ma carrière. Par ailleurs, il s’agissait aussi de la seule qui méritait l’appellation de disque solo car elle contient toutes les facettes de ma personnalité musicale : progressive, atmosphérique, électronique, jazz et psychédélique. Tout y est…

… à l’exception de tes influences metal, clairement absentes sur ce disque qui s’apparente effectivement à un vrai CV de Steven Wilson…
C’est vrai, et je me doutais que tu allais me poser la question. Le metal est une musique qui m’attire moins ces temps-ci. Je m’en suis éloigné et je crois avoir eu l’occasion de l’explorer d’une manière assez importante avec Porcupine Tree ces cinq dernières années. Pour moi, cela n’avait pas sa place sur mon album solo. En revanche, sur les trente titres composés, un certain nombre possède une personnalité metal. Je voulais toujours des guitares « lourdes », mais dans un autre sens, plus impressionniste et noisy, comme le mouvement shoegaze ou les Cocteau Twins ont pu le proposer.

En quoi les quelques reprises de chansons que tu as proposées dans le passé t’ont-elles aidé pour sauter le pas et réaliser cet album ?
Cela m’a clairement aidé. Par exemple, l’une des reprises en question concernait « A Forest » de The Cure, et donnait la tendance de ce qui allait m’inspirer sur mon album solo ainsi que de mes humeurs. De même, l’utilisation d’arrangements plus électroniques, de guitares trafiquées et atmosphériques pour d’autres reprises sont aussi des éléments qui ont marqué mon album. En fait, je me suis servi de ces reprises comme d’un laboratoire de recherche & développement, pour explorer d’autres approches, sans pression. Elles ont été proposées sur mon label, en petites quantités, ce n’était pas mes chansons. J’ai donc pu travailler sans les attentes des fans, et cela a constitué une étape importante menant vers mon album.

En parlant d’influences, deux chansons viennent à l’esprit. La première est « Puncture Wound », un titre présent seulement dans l’édition limitée de l’album, et qui est une référence assumée à « A Forest »
Oui, j’en ai volé la mélodie (rires). C’est exactement la raison qui m’a poussé à ne pas la proposer sur la version de l’album disponible au grand public. Ce titre est né de ma reprise du morceau, que j’ai développé au maximum pour qu’elle devienne quelque chose d’autre. A quel autre titre pensais-tu ?

« Significant Other », pour les références au shoegazing et aux Cocteau Twins…
C’est sûr, les guitares sont très éthérées tout en étant très travaillées, épiques… sans être metal. Un gros son sans perte en distorsion. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, pour les Cocteau Twins, The Cure, My Bloody Valentine, tout est une question de guitares. C’est aussi la musique à travers laquelle j’ai grandi, celle de ma génération. Quand j’avais douze ou treize ans, c’était des références. Pendant des années, j’ai perdu trace de ce passé musical et j’ai redécouvert cette facette de ma personnalité récemment. Le fait que Joy Division fasse à nouveau la une musicale dans le monde entier, avec le film (NdlR : le prodigieux Control, l’une des biographies les plus réussies du cinéma), qui est fantastique, n’y est pas étranger.

Toutes les influences que tu cites sont diverses. Comment as-tu réussi à en faire un album cohérent ?
Il y a deux réponses à ta question. La première c’est qu’il y a eu un processus de sélection des morceaux : j’ai enregistré (et pas seulement écrit) les trente titres dont je te parlais. J’ai choisi les dix qui faisaient sens ensemble. La seconde est que je crois que je suis arrivé à un stade de ma vie musicale où quoi que je fasse, ma musique et ma personnalité sont désormais établies. Que ce soit du death metal ou de l’ambient, on me reconnaît quelque part et je me dois de l’admettre. C’est difficile car parfois j’aimerais m’en éloigner mais je n’y arrive pas. On peut essayer d’être quelqu’un d’autre, mais cela ne peut fonctionner que jusqu’à un certain point : les gens finiront par vous reconnaître. C’est un peu la même chose pour la musique. Il m’arrive d’écrire des passages dans lesquels je n’entends rien qui soit lié à ma personnalité musicale. Je les joue à un ami, qui me dit : « Mais c’est toi ! »!. Je te raconte l’anecdote parce que c’est arrivé pour ce disque, avec un autre titre de l’édition limitée « Port Rubicon ». Pour moi, c’est un morceau extrême, qui est à des kilomètres de ce que j’ai composé par le passé. Je l’ai joué à un ami avec qui je joue au squash toutes les semaines qui m’a fait la même remarque : « C’est toi, bien sûr ! ». Au final, c’est tout de même positif : quoi que je fasse, cela sonne comme du Steven Wilson. Atteindre une cohérence dans ce contexte est assez facile : il existera toujours une connexion entre les morceaux, et cela sera… moi.

Parle-nous du film tourné lors de l’enregistrement de Insurgentes.
Il y a trois éléments dans ce film documentaire réalisé par Lasse Hoile et moi-même. Le premier concerne une sorte de making of, où l’on me voit voyager et enregistrer. Mais tout le monde le fait, c’est assez ennuyeux par principe. Le second est de parler des problèmes abordés lors de nombreuses interviews dans le passé : l’avènement d’une génération du « tout numérique », ma philosophie sur la musique et la créativité, la direction qu’elles prennent au vingt-et-unième siècle. Dans cette partie, on ne se focalise pas seulement sur moi, mais sur d’autres musiciens et producteurs, que nous sommes allés rencontrer. Nous leur avons demandé dans quelle mesure ils se sentaient touchés par les changements dans l’industrie musicale, ces dernières années. Depuis cinq ans, ces évolutions ont changé la face de cette industrie au point de la rendre méconnaissable. Des labels et des magasins disparaissent chaque jour, ce qui a des conséquences sur les musiciens. Nous avons rencontré Trevor Horn, des groupes de death metal scandinave, et d’autres. La dernière partie est une espèce de road trip autour du monde. Comme nous sommes très influencés par l’impressionnisme et le cinéma européen, nous avons fait des essais, des séquences d’images sur Mexico ou Israël… sur fond de l’album. Les trois aspects se mélangent et se complètent.

Le disque a été enregistré dans plusieurs coins du globe. En quoi les voyages t’inspirent-ils ?
Je suis sûr qu’ils m’influencent, mais je ne pourrais dire en quoi exactement. Ce qui est certain, c’est que c’est très amusant et que c’est une manière formidable de découvrir le monde. Etre un musicien professionnel a l’énorme avantage de me permettre de visiter le monde à travers mon métier : ce n’est pas aller en vacances et s’allonger sur le sable ou prendre son guide et visiter les monuments. Lorsque je voyage, je rencontre des locaux, des musiciens, et j’explore le pays avec eux. Par ailleurs, c’est franchement ennuyeux et vain de composer chez soi. Je peux aller dans mon studio tous les jours pour composer, mais regarder le même mur à chaque fois… c’est tellement plus rafraichissant de le faire en Israël ou à Mexico ! Il y a des endroits que j’ai visités que « j’entends » sur ce disque, comme par exemple son titre, certaines paroles, ou encore « Veneno para las Hadas », inspiré d’un film mexicain. Sur le morceau-titre, c’est une musicienne japonaise, Michiyo Yagi, qui m’accompagne, que je n’aurais jamais rencontrée si je n’avais pas eu l’opportunité de voyager au Japon. Mes voyages ont eu une influence directe sur ce disque, mais il y a aussi des aspects inconscients qui ont pu jouer.

Parle-nous de l’enregistrement du morceau-titre, qui a eu lieu dans une église.
J’en ai fait deux versions. La première a été initialement enregistrée dans un couvent mexicain, qui n’en est d’ailleurs plus un. C’est un immeuble très ancien, nous avons eu l’autorisation d’y enregistrer et de filmer pendant une nuit entière. L’endroit est magique, on se sent entouré par les fantômes de ceux qui l’ont habité. De plus, il y avait la réverbération et l’espace d’une église, ainsi qu’un grand piano : pas extraordinaire, mais avec l’acoustique, le rendu était magnifique. J’ai pris mon ordinateur portable et mon micro et, vers deux ou trois heures du matin, j’ai composé le morceau en trente minutes et nous l’avons enregistré. J’ai l’impression de retrouver ces fantômes et cette atmosphère sur la version disponible sur l’édition limitée. Parce que l’enregistrement restait assez limité, j’ai voulu en refaire une version, dans une autre église, en Grande Bretagne, sur un fantastique Steinway cette fois. Elle figure sur l’album, mais je garde la première en tête même si elle est imparfaite car il y a quelque chose de plus en matière d’atmosphère. Tu sais que je suis influencé par ces idées de fantômes !

Pourquoi le titre Insurgentes?
J’aime l’idée que ce mot veut dire « rebelle », « révolté ». Je ne suis pas un rebelle au sens traditionnel du terme, mais j’ai cependant choisi de conduire ma carrière musicale de manière libre et assez peu conventionnelle. Je n’ai jamais fait les choses comme l’industrie musicale aurait voulu que je les fasse. Je n’ai pas facilité les choses aux labels avec lesquels j’ai travaillé, je n’ai jamais vraiment aidé mes fans à se retrouver dans ce que je faisais, probablement à cause de la diversité de mes goûts artistiques. Je ne suis pas intéressé par la musique commerciale, et je n’ai pas peur d’exprimer mes sentiments : j’ai l’impression de ne pas faire les compromis que l’on attend de moi, d’où la référence à ce mot. Je ne suis pas un artiste conventionnel, grand public. J’apprécie particulièrement certains musiciens qui ont la même approche : Frank Zappa, par exemple, qui pouvait avoir envie de faire de la musique symphonique puis un album de rock : en un sens, voilà un rebelle face à l’industrie musicale.

Alors voici une question un peu non conventionnelle pour toi : penses-tu que certaines personnes ont un jugement injuste lorsqu’elles pointent du doigt le fait que tu suis un chemin un peu tracé avec Porcupine Tree depuis cinq ou six ans ?
Ce n’était certainement pas planifié. Le fait que notre dernier album ait été notre plus grand succès, et de loin, a été une vraie surprise pour moi. Fear of A Blank Planet me semble être un disque particulièrement atypique et non conventionnel. Je reconnais que sur nos derniers albums, il y avait des titres comme « Trains », « Lazarus », « Shallow » ou encore « Blackest Eyes » qui pourraient passer à la radio. Nous sortons ensuite ce concept-album, expliquant pourquoi la vie moderne et internet ne riment à rien sur seulement six chansons, et c’est notre meilleure vente ? Si quelqu’un croit que j’aurais pu planifier un truc pareil, il est paranoïaque. L’évolution de Porcupine Tree a été très naturelle et on pourrait dire, à l’opposé de ta remarque que s’il y avait eu un disque ayant un vrai potentiel commercial, cela aurait été Stupid Dream, pas les suivants. Quand nous avons ajouté du metal à notre musique, nous avons eu un certain succès, mais cela aurait très bien pu être l’inverse, nous mettant tout notre ancien public à dos, sans gagner de nouveaux auditeurs pour autant. On a fait ce choix musical par plaisir et aussi parce que j’appréciais le genre comme lorsque j’avais dix ans, écoutant Maiden et Saxon. Cela étant, je suis d’accord avec toi : il y a sûrement des gens qui me croient capables de préparer de telles stratégies pour gagner un nouveau public, mais pour moi, changer le son a toujours été un risque. Passer du psychédélisme à la pop puis au metal, ca me semble risqué : croire que nous sommes de brillants stratèges gérant notre carrière ainsi, c’est nous surestimer ou être amateurs des théories sur la conspiration mondiale (rires) ! Nous avons été assez égoïstes et continuons à l’être lorsqu’il s’agit de choisir la trajectoire du groupe. La seule chose que nous ayons faite qui puisse être commerciale était de signer sur une major, au moment même où nous incorporions du metal dans notre musique : c’est peut-être pour cette raison que certains croient que notre maison de disques nous a poussés à cette évolution. Est-ce que cela m’ennuie, m’énerve ? Non, pas vraiment : les plus grands fans sont ceux qui se plaignent le plus, concernant la direction artistique, le choix des titres, les rééditions, et au final ce sont les premiers à acheter les disques. Je comprends en revanche que certains trouvent que tel album est majeur ou mineur dans une discographie : le truc, c’est de ne pas perdre les fans totalement, pour qu’ils vous donnent votre chance s’ils n’ont pas aimé votre album précédent. C’est une question de respect pour votre travail. Par exemple, j’ai ce projet à base de « drones », Bass Communion : quelques fans de Porcupine Tree apprécient, d’autres pas du tout. Mais personne ne m’a dit que je n’aurais pas le droit d’explorer ce genre, c’est mon droit en tant qu’artiste.

Dans les derniers Porcupine Tree, il y avait un concept sur les albums : quid concernant ton album solo ?
Aucun concept, ni sur le disque, ni dans les paroles. Avec Porcupine Tree, je passe beaucoup de temps sur celles-ci, et les développe jusqu’à aboutir à un message, même sans la musique. C’est quelque chose dont j’ai voulu m’éloigner pour cet album, et on en revient un peu aux Cocteau Twins et à Liz Frazier. Lorsque tu écoutes Cocteau Twins, tu ne comprends pas exactement ce qu’elle dit, ou bien tu penses qu’elle raconte n’importe quoi. Cela n’a aucune importance, parce que lorsqu’elle chante, sa voix s’incorpore à la musique, faisant partie de sa texture. J’ai choisi une approche nouvelle consistant à écrire d’abord la musique, et les paroles ensuite. Sur la base des enregistrements et d’une mélodie en tête, je me suis mis devant le micro, sans penser au sens que mes mots pouvaient avoir. Si je me rendais compte que c’était naze, je repartais pour un nouvel essai jusqu’à obtenir une chanson avec un ensemble d’images intéressantes, venant du subconscient. Je n’ai rien retravaillé. Auparavant, je passais des heures sur les paroles, surtout au début, même si elles semblent parler de choses irréelles.

Quel a été l’apport des invités ?
Leur implication a commencé assez tard dans le processus d’enregistrement. J’ai attendu d’avoir développé suffisamment le son du disque. Je voulais des éléments imprévus à ajouter à cette trame, d’où les invités : Gavin Harrison de Porcupine Tree à la batterie, Tony Levin à la basse, Jordan Rudess au piano. Je connais Jordan depuis des années : je ne suis pas un fan des groupes dans lesquels il joue, mais c’est un grand artiste. J’ai eu l’occasion de l’écouter quelquefois seul au piano, pas aux claviers, et c’est toujours incroyable.

Son apport sur le disque est effectivement étonnant pour ceux qui le connaissent dans son registre habituel.
N’est-ce pas ? Personne ne s’y attendrait. Il joue juste du piano, du grand piano et sa contribution a été parfaite ! On a aussi Théo Travis et Clodagh Simonds au chant. Je ne sais pas si vous la connaissez, elle chante pour Fovea Hex, et a une voix invraisemblable.

Oui, en effet.
Elle prend le rôle de Liz Frazier sur « Significant Other », en quelque sorte. Elle a la cinquantaine maintenant, elle chante depuis les années soixante, a travaillé avec Mike Oldfield. C’est même elle qui a trouvé le nom de l’album Ommadawn. Elle était également la secrétaire de Virgin Records dans les années soixante-dix. Qui le croirait ? Elle chante comme un ange, comme si elle avait vingt ans : une voix puissante et jeune ! Je peux encore citer Sand Snowman, un jeune guitariste britannique, qui vient juste de sortir son premier album sur lequel je chante (NdlR : il nous laisse la version promo, dont il avait promis de distribuer quelques exemplaires à la presse – chronique ici !). C’est une sorte de folk païen, un peu comme Comus, le groupe des années soixante-dix, ou encore les passages acoustiques d’Opeth. Toujours est-il que je n’ai pas donné d’instructions précises : il me fallait de l’air frais de la part de gens que je respecte pour redonner vie aux morceaux et me réinspirer pour les terminer.

Quelques questions sur tes autres projets. Tu tournes actuellement avec Aviv Geffen, dans le cadre de son premier album solo en anglais et sur lequel tu joues.
En effet. Comme tu le sais, la musique composée par Aviv est assez grand public, ce n’est pas un style que j’écoute naturellement. Mais j’admire son don de l’écriture pour trouver des chansons pop parfaites. J’interviens sur cette première tournée comme un ami qui lui donne un coup de main. Il y a sur cet album quelques megahits, à mon avis. Je suis sûr qu’il aura du succès avec ce disque, il le mérite.

Pour Porcupine Tree, vous avez enregistré un DVD malgré le fait que cette année devait être libre pour ses membres. Cela a dû être stressant de mettre sur vidéo un concert si peu répété ?
Notre motivation était de réaliser un documentaire sur la tournée Fear of a Blank Planet, de cette ère du groupe avant de passer autre chose. Cet album a été une pierre angulaire de notre carrière, en terme de succès critique et commercial. Nous avons atteint d’autres gens. Il s’est vendu deux fois plus que ses prédécesseurs. Je crois que l’imagination de nos fans a été titillée par ce disque. Lors des concerts, les salles étaient plus grandes et nous avons consacré la première partie de ceux-ci au nouvel album : avant d’abandonner certains titres, nous voulions immortaliser cela en DVD.

La dernière fois que nous nous sommes croisés, tu parlais d’abandonner No-Man, mais dans l’intérim, tu as sorti un nouvel album avec le groupe (rires) !
Oui, je sais ! Je crois que je vais rester avec No-Man sur le long terme. J’ai été surpris par la facilité avec laquelle nous avons réalisé ce disque, ainsi que par sa qualité. J’étais prêt à tout lâcher mais Tim (NdlR : Bowness) me tannait sans arrêt pour faire ce nouvel album, alors je lui ai dit : « OK, mais tu composes les morceaux, et je le produis ». Il a donc composé et est passé au studio. Je me suis mis au piano pour changer quelques détails et au final, je suis aussi impliqué que lui sur la composition des morceaux, autant que je ne l’ai jamais été pour ce projet. Ce n’est pas que les chansons étaient mauvaises, juste que j’avais des idées. C’est probablement notre meilleur album. Tim m’a refait le même coup pour la tournée, en me disant qu’on ne ferait qu’une date à Londres : une fois annoncée, les tickets pour ce concert se sont vendus en une journée, nous nous sommes donc dits : « Pourquoi ne pas en proposer plusieurs ? ». Et à l’arrivée, on s’est retrouvé avec une tournée ! Il est vraiment convaincant. Le disque méritait ce traitement et cette promotion de lancement. Je pense que nous enregistrerons un nouvel album, mais pas tout de suite. Travailler avec Tim, c’est contagieux.

Terminons par Bass Communion. Là aussi, tu t’es essayé à l’expérience scénique sur ce projet : comment cela s’est-il passé ?
C’était très plaisant, mais si je dois la renouveler, il faudra que je trouve un moyen de la rendre plus visuelle pour qu’elle soit plus intéressante. C’est un peu ennuyeux de me voir seul avec un ordinateur et une guitare, pour le public : c’est tout le problème de ce genre de musique, il n’y a pas grand-chose à voir sur scène !

Propos recueillis par Djul et Rémy Turpault
Photos de V.Chassat

site web : Insurgentes

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