ENTRETIEN : PANZERBALLETT
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Origine : Allemagne Style : Fusion jazz/metal à saxo ! Formé en : 2004 Composition : Jan Zehrfeld – guitare Martin Mayrhofer – guitare Gregor Bürger – saxophone Alexander v. Hagke – saxophone Heiko Jung – basse Sebastian Lanser – batterie Dernier album : Starke Stücke (2008) |
Comme son nom ne l’indique pas, Panzerballett pratique une fusion jazz-metal inédite où le saxophone tient tête à des compositions heavy alambiquées. En l’espace de deux albums totalement indispensables (voir nos chroniques), ces Goths dotés d’un sens de l’humour très éloigné du cliché germanique ont véritablement développé un genre à part entière.
Progressia : Mélanger metal et saxophone, rythmiques lourdes et structures jazz n’est pas extrêmement courant ! Parlez-nous des origines de Panzerballett. Jan Zehrfeld : Pendant mes études de guitare jazz, j’étais impatient de créer et de jouer de la musique reflétant mon attitude et mes capacités de musicien. J’ai donc commencé à travailler sur des compositions originales en 2000. Mes influences vont de Marcus Miller à Tribal Tech en passant par des groupes comme Planet X. A cette époque, j’étais à fond dans le jazz, mais un cœur métallique battait toujours en moi. J’ai mis quatre ans pour trouver les musiciens avec l’habileté appropriée et disposant d’assez de temps pour se consacrer à un groupe. Au départ, je souhaitais aussi un claviériste mais je n’ai pas pu en trouver. Comme je connaissais un tas de joueurs de cuivres, combler ce vide avec un saxophone est devenu ma marotte. Panzerballett est donc né en 2004 en tant que quartet guitare / saxophone / basse / batterie.
Vous êtes à présent signé chez ACT, label de jazz très éclectique. On s’attendait plutôt à vous trouver sur un label metal. Comment cette signature s’est-elle faite ? En cherchant des concerts, et considérant que nous sommes un groupe instrumental avec saxophone qui joue de la musique partiellement improvisée, les clubs et les labels de jazz ont été nos premiers contacts. En 2005, année de l’enregistrement notre premier album, je l’ai envoyé à d’innombrables labels de jazz. Siggi Loch, le patron d’ACT a immédiatement été intéressé, ainsi que deux ou trois autres labels. Après qu’il eut assisté à l’un de nos concerts, il m’a parlé de son concept consistant en une moitié de reprises et l’autre de titres originaux; comme nous n’avions pas enregistré de reprises, l’affaire ne s’est pas concrétisée. Son idée m’a inspiré pour l’enregistrement du second album, qui a nécessité deux années. J’ai fait une seconde tentative auprès de labels plus orientés rock ou metal progressif, en leur envoyant des extraits de Starke Stücke. A mon grand étonnement – Starke Stücke sonne plus métallique que notre premier album. ACT nous a immédiatement proposé un contrat. Je suppose qu’ils apprécient surtout notre côté expérimental.
Votre premier album était plus orienté metal, on sent que sur Starke Stücke, le jazz reprend vaguement le dessus. Est-ce volontaire ou cela s’est-il fait naturellement ? C’est vrai, un boitier cristal pèse un peu plus lourd qu’un digipack (rires). Mais honnêtement, je ne partage pas ton opinion, je trouve Starke Stücke plus metal que notre premier album. Max (NdlR : Bucher, qui tient les baguettes sur le premier album) est un batteur de jazz-fusion, tandis que les influences de Sebastian, notre nouveau batteur, viennent bien davantage du metal. C’est ce qui fait la grande différence à mes oreilles. J’ai réellement l’intention de pousser le prochain album encore plus loin dans l’extrême, ce qui signifie plus de brutalité du côté métallique et davantage de dynamique et de lyrisme du côté jazz.
Starke Stücke peut-il être considéré comme une vue d’ensemble, une compilation du style éclectique de Panzerballett ou s’agit-il d’un « vrai » album ? C’est un « vrai » album ! Mais cela fait partie aussi de notre concept : créer une vue d’ensemble pouvant être considérée comme un style à part entière, comparable à Mr. Bungle, même si moins varié.
Les reprises sont vraiment différentes des originaux. « Birdland » est très agressive tandis que « Paranoid » sonne comme une ballade triste. De quelle façon les avez-vous réarrangées ? Je souhaitais changer le plus possible la version originale, la mélodie exceptée, tout en adaptant le rythme lui-même. A l’origine, tout a été bâti autour de la mélodie du point de vue des harmonies, et le rythme a été complètement repensé. Mon intention était néanmoins de garder le plus de points communs possibles avec la construction harmonique et rythmique originale pour que la reprise ait une chance d’être reconnue. Cette méthode permet à des titres issus de genres très différents de s’intégrer à un nouveau style, le nôtre.
Panzerballett ne se prend pas trop au sérieux, semblerait-il : en témoignent des titres comme « Friede, Freude, Fußball », ces reprises parfois osées, notamment celle d’un de vos propres titres, la scène de ménage de « Zickenterror » qui est à mourir de rire ! Si on ajoute à cela une propension de certains membres à se déguiser sur scène, on obtient un groupe plutôt fun ! C’est en contradiction avec le cliché de la rigueur germanique ! Qui a dit que les Allemands n’avaient pas le sens de l’humour ? En effet, on le trouve à tous les étages chez Panzerballett, sur scène comme dans les compositions elles-mêmes. Peut-être est-ce la combinaison de l’humour avec l’éclectisme qui semble si inhabituelle pour un groupe allemand ? En général, ces deux caractéristiques ne vont pas ensemble.
Vous êtes également un groupe de scène, et vous vous produisez beaucoup en Allemagne. Dans quel genre de salles vous produisez-vous ? Quel genre de public vient à vos concerts ? S’agit-il plutôt d’amateurs de metal, de jazz, ou les deux ? Notre but principal est de jouer sur scène. Les salles varient entre clubs de jazz et scènes metal. Notre public est très varié. S’il fallait trouver un point commun à nos supporters, je dirais que ce sont des phénomènes ! Un mélange improbable entre des headbangers à lunettes et des jazzeux tatoués !
Envisagez-vous de tourner hors des frontières de votre pays, en France par exemple ? Dites « oui » ! Bien sûr ! Nous voulons jouer partout où il cela sera possible sur la planète ! Invitez-nous, nous viendrons (NdlR : nous lançons ici un message à peine subliminal aux organisateurs des Tritonales !).
Quels sont vos projets immédiats ? Songez-vous déjà à l’album suivant ? Oui, nous travaillons déjà sur du nouveau matériel. Il y aura plus de chant sur le prochain album, ainsi que des reprises. Mais chacun de nous a d’autres projets. Jetez donc une oreille sur LIND ou Schizofrantik. La plupart de ceux qui apprécient Panzerballet devraient apprécier ces groupes également.
Un dernier mot pour les lecteurs de Progressia ? Une précision pour éviter que les non-allemands se méprennent sur notre nom : Panzerballett est un groupe de musiciens pacifistes, qui n’apprécient pas les Panzers pour ce qu’ils représentent. Nous proposons une bande son de l’aspect « ballet », une sorte d’alternative pacifique !
Propos recueillis par Jean-Philippe Haas Crédits photos : Florian Sepp
site web : http://www.panzerballett.de/
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