ENTRETIEN : PSYKUP
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Origine : France Style : metal Formé en : 1995 Composition : Julien Cassarino – Voix, guitares David Castel (Vidda) – guitares Stéphane Bezzina (Pelo) – basse Brice Sansonetto – batterie Matthieu Miegeville (MiLKa) – voix / triton Dernier album : We Love You All (2008) |
Durant ces trois ans qui nous séparent de la sortie de leur précédent disque L’ombre et la proie, Psykup n’a pas fait de la figuration ! Les concerts de la formation toulousaine, nombreux et intenses, sont là pour le prouver. Avec ce dernier album We Love You All très copieux (deux CD et un DVD rangés dans un superbe digipak), Psykup revient sur les devants de l’actualité, pour le plus grand bonheur des amateurs de leur autruche-core toujours plus ambitieux et cinématographique.
Progressia : Pensiez-vous sortir un double album avant de rentrer en studio, ou l’idée est-elle venue en cours d’enregistrement ? MiLKa : En cours d’enregistrement… Nous n’avions pas réalisé que nous possedions autant de matière ! Nous avons alors réfléchi à rendre tout cela le plus digeste possible. A l’époque, Le Temps de la Réflexion était un album long et exigeant. Nous avons voulu faire quelque chose à la fois aussi fourni et plus facile d’accès. L’idée de scinder l’album en deux s’est alors imposée.
Comment définiriez-vous votre musique ? Du metal ouvert. Du metal moderne. Du metal cinématographique… Je ne sais pas. Mais on fait du metal en gros. Influencé certes autant par les Doors, Radiohead, VAST, Police que Pantera, mais cela reste du metal.
Vos albums sont de plus en plus conceptuels et possèdent une certaine dimension cinématographique. Pourquoi prenez-vous cette orientation ? Le fait est que Ju compose les morceaux à la guitare avec une vision déstructurée par rapport à la structure couplet / refrain habituelle. Comme au cinéma, on peut passer d’un « intérieur jour » à un « extérieur nuit » en une seconde. Ce sont des séquences, certes arrangées et liées, mais des séquences d’histoires, narrées comme dans un livre. Sauf que dans notre cas, il s’agit de musique.
Comment vous positionnez-vous par rapport au téléchargement et à la baisse des ventes de disques ? Nous sommes farouchement anti-téléchargement illégal. Le vieil adage : « La culture doit être gratuite » est un slogan de bourgeois qui ne comprennent rien à la vie d’artiste en 2008. Aujourd’hui, les artistes crèvent les uns après les autres. Avant, les quelques ventes de disques servaient non pas à payer le loyer, mais au moins à rembourser les frais d’enregistrement ou le studio… Aujourd’hui c’est impossible, plus personne n’achète d’albums. Et l’artiste se voit contraint de proposer sa musique uniquement gratuitement. Beaucoup d’utilisateurs ne comprennent pas qu’il n’y a pas de honte en tant qu’artiste à vouloir « faire payer » son art. Faire de la musique, surtout quand elle est réfléchie et que c’est pas de la soupe, c’est du boulot. C’est même un sacré travail ! Des heures de répétition, d’écriture, de composition, de pré-production, de studio, de résidence, etc. Nous rêvons d’un monde où le téléchargement payant à des tarifs moindres marcherait dans l’inconscient collectif. Nous sommes pour, par exemple, un album entier à cinq euros en téléchargement, s’il reste à douze ou quinze euros en version CD.
Est-ce pour cela que vous avez ajouté un DVD à ce nouvel album, le tout rangé dans un luxueux packaging ? Oui et non. Ceux qui vont vouloir pirater We Love You All auront en effet du pain sur la planche ! Ils feraient mieux d’acheter le CD directement ! Pour le DVD, on y pensait depuis longtemps, des personnes y ont beaucoup travaillé : Widy, Akira, mais également Gilles, Jouch… Et le fait de l’inclure dans le digipak confère à We Love You All une grande gueule. Ça donne envie de le posséder et ce pour le prix d’un CD normal. On n’a pas voulu se moquer des gens vu que le dernier album remontait à 2005.
Vos disques sont très variés, mélangeant de nombreux styles. Quelles sont vos influences hors du metal ? Comme je l’ai dit, des groupes cultes des seventies. Mais aussi pas mal de jazz et de classique, les compositeurs russes en première ligne. Egalement tout ce qui est swing et croon, de Harry Connick Jr à Tom Waits.
Votre musique semble être de plus en plus déstructurée, donc plus difficile à jouer techniquement parlant. Comment parvenez-vous à reproduire ces morceaux sur scène ? En les travaillant en répétition, tout simplement. Il est vrai que la musique de Psykup requiert de l’exigence et de la rigueur. Et plus on la bosse en amont, plus on la vit de manière simple et décontractée, rock’n’roll oserais-je dire, sur scène. On n’a pas envie de ressembler à un groupe de metal progressif qui regarde son manche ! Psykup sur scène, ça doit envoyer, point barre. On n’est pas là pour aller aux myrtilles !
Sur We Love You All, on retrouve de longs morceaux, souvent assez denses et regroupant de nombreuses sections. N’avez-vous pas peur de perdre un certain public avec ces choix ? Peut-être. Je sais aussi que Psykup est apprécié pour ça. Les fans retrouveront la substantifique moelle je pense ! On perdra peut-être des gens qui veulent des choses plus évidentes et formatées, je ne sais pas… En tout cas, on n’a jamais composé un album en pensant au public, à ce qu’on pourrait perdre ou gagner. Je crois que c’est une force, cette intégrité un peu extrême…
L’album contient un titre plutôt orienté hip-hop, « En vivre libre ou mourir ». Comment vous est venue cette idée ? Jouez-vous ce morceau en concert ? J’en ai eue l’idée. J’avais envie de nous tester dans un registre différent sur un morceau fleuve. J’avais pas mal de choses à sortir sur ce thème de « la vie d’artiste en 2008 ». Il fallait donc se rapprocher du spoken words, du hip-hop, du slam, de styles très verbeux. C’était très dur de nous investir artistiquement dans le projet, de travailler dans cette direction. Ça a été le morceau avec le plus de remises en question. Mais c’était très intéressant et au final très positif. Nous sommes très fiers du résultat. Et les apparitions de Khod Breaker y sont incroyables ! Allez écouter leur groupe, c’est fabuleux.
Comment faites-vous pour conserver la cohérence des morceaux lors de la composition ? C’est Ju qui compose le gros du schmilblick à la base. Guitare / batterie ou guitare / guitare ou guitare / chant. Vu que tout provient d’un seul cerveau, ça permet de moins nous éparpiller. Surtout que notre devise en tant qu’arrangeurs ou seconds compositeurs (Vidda, Pelo, Brice et moi) est de rendre le tout encore plus homogène et digeste, tout en allant dans le sens de la folie artistique de Ju. Le fait de laisser quelqu’un aller au bout de ses délires, ça évite le consensus mou.
Pourquoi avez-vous changé de label, pour rejoindre Season of Mist ? Parce que Jerkov n’est plus un label, mais une agence de booking à présent ! Et Season of Mist nous a également proposé de nous exporter. Nous sommes distribués en Europe et venons de nous mettre d’accord pour une sortie aux Etats-Unis. Cela ne nous était jamais arrivé, c’est très excitant. Season of Mist a aussi accepté le concept « gros digipak / 3 CDs » et il faut les saluer pour cela !
Un dernier mot pour les lecteurs de Progressia et pour les fans de Psykup ? Venez aux concerts, soutenez les artistes, Psykup et les autres. Merci à vous !
Propos recueillis par Jérémy Bernadou Crédits photos : Flora Riffet
site web : http://www.myspace.com/psykup
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