– Akouphene 2007
FESTIVAL : AKOUPHENE 2007
Wladimir Ohrelianov le Second ayant fait l’honneur de débarquer avec son groupe dans un pays helvète en pleine guerre des moutons, c’est avec plaisir que nous allions assister à un concert de ces déjantés de Sebkha-Chott. Seul le festival Akouphène à Genève pouvait se permettre tant d’audace au prix d’un fort tangage du bateau sur lequel il se déroulait. Cette soirée a permis de découvrir l’excellent groupe genevois What’s Wrong With Us ? qui a su s’attirer les faveurs du public avec son rock décalé. What’s Wrong With Us ? Set-list : Christmas’ Cat – Sexual Party – Tango – Das ertrunkenes Mädchen – Side Way – Mess – Funeral – Stupid Girl – Papyrus – True Man – Walk – Biggest Cat – Village – unteroberndorf – Rappels: Eisler – Finger Le Festival Akouphène dont c’est ici la cinquième édition (du 20 au 22 septembre 2007) se déroule sur un vieux rafiot (le Genève qu’il s’appelle) situé sur la rade du lac Léman à Genève (évidemment !). En fait, c’est un endroit idéal pour organiser ce genre d’évènement, le but des organisateurs étant de promouvoir des groupes de musique inclassables et économiquement non-viables, mélangeant allègrement rock, jazz, classique, électronique, bretzels, sugus, vodka, minijupes, masques à oxygène, thérapies de groupe, ectoplasmes verts (fin de citation). Tout un programme ! Il n’est dès lors pas étonnant d’y retrouver What’s Wrong With Us ? et Sebkha-Chott. Au premier nommé d’ouvrir le feu. What’s Wrong With Us ? s’est formé en 2002 et a sorti un album éponyme très intéressant, enregistré par Bob Drake. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce concert fut mémorable : non seulement les Genevois sont d’une originalité indéniable, mais en plus leur musique est mélodique à souhait. Pour la décrire au mieux, on peut dire que c’est une sorte de cabaret, l’habillement très classe et kitsch en costume-cravate des protagonistes renforçant cette impression. Un cabaret donc, ludique dans l’âme, tout en étant très rock’n’roll punky et qui n’hésite pas à faire usage de loops electro quand l’envie lui prend ! De plus, on se croit dans le même temps dans une boîte de jazz de New York en raison d’une excellente section rythmique avec le saxophone basse très hypnotique de Jonathan Delachaux et les percussions hautes en couleur de Julien Israelian (on lui doit aussi les vibromasseurs et le presse-purée sur l’album !). Le format dans lequel joue le groupe tient dans des « chansons » aux arrangements finement tarabiscotés d’une durée tout à fait « radiodiffusable ». Tout cela est bien loufoque voire parfois sauvage et excitant me direz-vous et vous auriez raison ! Néanmoins, l’intimité de cette parade humoristique est teintée, souvent, de mélancolie et d’aspects bien sombres. Mentionnons aussi que la musique de What’s Wrong With Us ? dégage un véritable charme qui ne laisse personne indifférent, à l’instar de la plantureuse diva Zoé Cappon qui, masquée ou non, avec son fouet ou un mégaphone, chantant des poésies tragi-comiques dans un anglais populaire, étonne le public par sa prestance. N’oublions pas non plus Stéphane Augsburger, le guitariste (il chante aussi), dont le jeu tout en toucher et en même temps très rock’n’roll apporte un plus indéniable au groupe. Ce n’est pas un hasard si Bob Drake les a enregistrés. Vous vous en doutez bien, nous avons adoré et attendons le prochain album avec une certaine impatience si ce n’est une impatience certaine. Le vernissage aura lieu le 2 avril prochain à l’Usine de Genève. Sebkha-Chott Set-list: Cortège tyrannique – Hymen – Illusions – Bienvenue à Ohreland – Pour la Comtesse Del Amafia – Le Cirque des Enfers/La Chute d’Ohreland – Ode létale Au tour de Sebkha-Chott maintenant ! Préalablement, une remarque est nécessaire : votre serviteur avait tellement apprécié What’s Wrong With Us ? qu’il aura eu quelques difficultés à « entrer » dans la musique de Sebkha-Chott qu’il connaît pourtant bien, ayant chroniqué Nagah Mahdi – Opuscrits en 48 rouleaux avec une joie non dissimulée. Une chose est certaine, ces gars sont totalement fous ! Du monde dictatorialement heureux d’Ohreland à la section rythmique de cinglés, des cuivres barjots aux guitaristes loufoques, sans oublier Wlad (pour rappel : Wladimir Ohrelianov II), son masque, son sceptre version « brosse à chiotte », nous avons affaire à des malades de première ! Quel est l’instant qui nous a le plus marqués dans ce concert ? La musique ? Quoique. Les costumes ? Oui, peut-être, mais pas seulement. En fait, ce fut le slam de trois musiciens dont celui particulièrement raté de Wlad. Il aurait pu se casser le genou. En effet, pour le lecteur qui aimerait se renseigner sur le groupe – en fait, il n’en saura pas beaucoup plus à la lecture de ces impressions éparses, glauques et sans queue ni tête –, il y a toujours un moment metooool dans un concert de Sebkha-Chott, un instant où ils se prennent pour des stars de hardcore SM. Mais faisez gaffe les gars ! Vous n’avez qu’un seul genou par jambe, que diable ! Jusqu’à présent, vous avez surtout joué en face de publics composés d’amateurs de musique expérimentale ou de progueux. Avez-vous déjà vu un progueux réceptionner un slammer, sérieusement ? Et bien non, il recule, le progueux ! Ce qu’on retiendra aussi, c’est le choc qu’a subi Sebkha-Chott en entrant en Suisse. Ils n’ont pu éviter en effet de tomber sur des affiches pleines de moutons, la campagne pour les élections fédérales battant son plein. Ils ne purent éviter d’en parler lors du concert, les bougres ! Ils ont fichtrement bien fait ; avec leur humour décapant, ils ont apporté un rayon de soleil bienvenu dans l’atmosphère particulièrement chemise brune de ce sombre septembre d’une Helvétie moralement décadente. Quid de la musique ? Nous devons avouer qu’elle est passée quelque peu par-dessus notre tête. Nous n’étions peut-être plus dans des dispositions adéquates. C’est assez déroutant par ailleurs pour le chroniqueur aguerri (ou du moins se présente-il comme tel) qu’est votre serviteur. L’impossibilité de s’accrocher à des thèmes qui ne durent pas plus de sept secondes et demie au maximum, le brouhaha sonore apparent, le tangage provoqué par ces excités, tout cela a rendu son esprit confus et incertain. Ou alors, un concert de Sebkha-Chott n’est-il pas simplement indescriptible ? Pourtant, nous ne le dirons jamais assez, l’ensemble tient la route au millionième de millimètre. Concernant la « jouerie », ils n’ont de leçon à recevoir de personne. Mais il faut être vraisemblablement dans le bon mood pour l’apprécier pleinement ! Bref, cette soirée fut grandiose : la rade de Genève est superbe la nuit au début de l’automne, les deux groupes excellents et l’on ne peut que féliciter les organisateurs pour cette programmation à la fois diverse dans les genres musicaux qu’elle a proposés, qui ont la folie pour dénominateur commun. On ne peut que se réjouir de passer à nouveau sur le bateau du prochain festival Akouphène. Jean-Daniel Kleisl site web : http://www.akouphene.org/ |