Oceansize – Oceansize
Origine : Royaume-Uni
Style : post rock progressif
Formé en : 1998
Composition actuelle :
Mike Vennart – chant/guitare
Steve Durose – guitare/chant
Gambler – guitare
Steven Hodson – basse
Mark Heron – batterie
Dernier album : Frames (2007)
Après plus d’un an d’absence, les Anglais d’Oceansize commençaient à se faire désirer en France. Au terme d’une tournée européenne de six semaines, le quintette a posé ses valises à Paris pour défendre son nouvel album Frames. Progressia en a profité pour discuter de la genèse de ce disque et des projets du groupe avec le guitariste Steve Durose, toujours aussi sympathique malgré la fatigue accumulée.
Progressia : Votre tournée européenne touche à sa fin, comment s’est-elle déroulée ?
Steve Durose : Parfaitement, on n’aurait pu rêver mieux ! La tournée a duré presque six semaines. Les salles étaient remplies, notre public est de plus en plus nombreux et nous avons eu des retours très positifs concernant les nouveaux titres. C’étaient de bons concerts… même ceux au Royaume-Uni (rires) !
Revenons sur les événements qui ont marqué la carrière du groupe ces deux dernières années… Tout d’abord, votre bassiste Jon Ellis a quitté Oceansize et a été remplacée par Steven Hodson. A-t-il été difficile de trouver ce nouveau musicien ?
Je pense que nous nous sommes compliqué la tâche. Nous avons auditionné uen demi-douzaine de musiciens et aucun d’entre eux ne nous intéressait. Finalement nous avons recruté Steven qui joue dans Kong, le projet parallèle de notre batteur Mark, et qui répétait donc dans le même local que nous ! Nous aurions dû commencer par lui (rires). Dès qu’il a commencé à jouer les morceaux, nous lui avons dit : « Allez, c’est vendu ! On t’engage ! ».
Vous avez également changé de label…
Nous nous heurtions à un mur avec notre ancienne maison de disques. Ils souhaitaient que nous publiions le troisième album chez eux, mais nous ont dit lors d’une réunion qu’ils ne voulaient plus financer de tournées. Nous leur avons demandé comment promouvoir cet album si nous ne pouvions pas décemment pas tourner et leur réponse a été : « Nous n’en savons rien » ! Notre musique ne passe pas à la télévision et rarement à la radio. La seule manière que nous ayons de nous promouvoir est d’aller jouer un peu partout ! Il aurait été inutile de sortir l’album sur ce label, nous l’avons donc quitté.
Qu’attendez vous de votre nouveau label Superball ?
C’est un nouveau départ et ils semblent motivés. J’espère que nous continuerons sur notre lancée et deviendrons davantage populaires… même si cela progresse lentement !
Superball est une toute nouvelle subdivision d’InsideOut Music, un label orienté metal et rock progressif. Vous êtes leur toute première signature. Y a-t-il une chance qu’ils vous impliquent dans leur direction artistique ?
Je n’en suis pas certain. C’est difficile à dire car tout ceci reste très récent et le disque vient juste de paraître… Nous n’avons pas encore discuté de cette possibilité, mais qui sait ?
Frames a été produit par Chris Sheldon, qui s’était auparavant occupé de votre premier album Effloresce. Pourquoi avez-vous fait ce choix ?
Nous étions ravis de la production du deuxième album mais nous souhaitions travailler à nouveau avec Chris car nous savions qu’il ferait du bon travail. Nous aurions pu essayer avec quelqu’un d’autre mais sans garantie quant au résultat. Nous nous sommes dit que Chris était l’homme de la situation car il avait fait ses preuves avec nous ainsi qu’avec de nombreux autres artistes. Il était également très motivé à l’idée de travailler à nouveau avec nous.
Vous étiez-vous fixé des buts artistiques particuliers avec Frames ?
Nous n’avons jamais vraiment de but spécifique lorsque nous écrivons nos disques. Lorsque nous commençons, nous n’avons pas de but précis. Cependant, nous voulions éviter de façonner un matériau qui ressemble de près ou de loin à un single. Nous avions envie d’explorer de nouveaux horizons : Gambler souhaitait davantage de claviers par exemple. Nous voulions également donner à l’album beaucoup plus de dynamique, que nos morceaux soient de véritables voyages émotionnels. Nous souhaitions peut-être aussi adopter une tonalité un peu plus sombre. Je pense que nous avons atteint ces buts. Il n’était cependant pas question de nous fixer des objectifs plus spécifiques, comme de donner un thème général à l’album. Nous connaissons nos points forts et souhaitions les exploiter au maximum sur ce disque.
Seriez-vous d’accord si l’on vous disait que Frames est un bon mélange des aspects développés sur vos disques précédents : la dynamique d’Effloresce, le côté heavy deMusic for Nurses, le travail sur les atmosphères d’Everyone Into Position ?
Les gens nous disent que chaque album sonne différemment du précédent. Nous ne voyons pas vraiment les choses ainsi. Nous avons l’impression que chaque chanson sonne différemment de la précédente, ou presque ! Il y aura toujours l’empreinte d’Oceansize, même s’il est difficile de catégoriser notre musique. Nous pouvons écrire une chanson telle que « Music for a Nurse », très douce et pleine d’émotion, puis un titre très agressif comme « Sleeping Dogs and Dead Lions ». C’est notre marque de fabrique.
Quelle est la signification du titre de l’album, Frames ?
C’est une idée de Mike. Il est plus ou moins expliqué dans les paroles de « The Frame » : « Je ne suis plus le tableau, je suis le cadre. ». Ca résume bien la situation, car nous n’avons jamais vraiment fait partie du tableau (rires).
Comment se déroule la composition des morceaux ?
C’est très simple. Un membre du groupe présente quelques accords, ou bien un rythme, que nous faisons tourner et que nous essayons d’interpréter de différentes manières. Nous enregistrons tout, et au bout de quelques mois nous disposons d’heures de jams basées sur des idées très simples. Nous sélectionnons alors les meilleures idées, celles qui fonctionnent bien ensemble, et nous nous en inspirons. C’est un peu comme chercher des aiguilles dans une botte de foin !
L’assemblage final est-il également un travail de groupe ?
Oui, nous travaillons ensemble jusqu’à ce que le titre soit approximativement achevé. Mike écrit alors les paroles, ce qui peut entraîner de petites modifications dans le morceau pour coller au contenu des textes, ou qu’il ait la place d’insérer une phrase un peu plus longue(rires). Mais nous intervenons tous à part égale concernant l’écriture musicale, avant qu’il n’ajoute ses textes géniaux.
Gambler joue beaucoup de claviers sur l’album. Le souhaitait-il ou les nouveaux titres s’y prêtaient davantage ?
Il souhaitait jouer plus de claviers et nous étions très enthousiastes. Il a de chouettes sons d’orgue (rires).
Il y avait déjà quelques parties de claviers sur Everyone Into Position…
Effectivement. Notre ancien bassiste Jon a apporté beaucoup d’éléments électroniques sur cet album. Mais cette fois-ci, il s’agit de les interpréter réellement aux claviers sur scène, et non pas d’avoir simplement des passages préenregistrés comme c’était le cas auparavant.
Y a-t-il des titres sur le nouvel album dont vous êtes particulièrement fiers ?
C’est notre album préféré à ce jour. Espérons que ce soit le cas pour chaque nouveau disque, sans quoi, il n’y aurait plus d’intérêt à continuer d’écrire. Je suis particulièrement content d’« Only Twin », je ne sais pas pourquoi mais elle me touche à chaque fois, de « Savant », « The Frame » et ses séquences d’accords aux timings bizarres… Dans le contexte de la chanson, cela sonne cohérent, mais si l’on y regarde de plus près, la façon dont les accords s’enchaînent est assez déroutante. Et puis « Sleeping Dogs and Dead Lions » qui nous donne l’occasion de nous défouler (rires) !
Vous souhaitiez ne pas écrire de single, mais pourtant vous vous êtes servis d’« Unfamiliar » pour la promotion…
Nous ne l’avons pas sorti comme single. La version edit qui a figuré sur notre MySpace était uniquement à fins promotionnelles.
Pour une raison que nous ignorons, pourquoi la sortie de l’album a-t-elle été légèrement décalée en France ?
On m’en a parlé mais je ne me souviens plus de la raison évoquée. En fait, nous avons fait exprès de vous faire poireauter pour vous rendre encore plus impatients (rires) !
Vous avez enregistré des versions live de l’ensemble des titres de Frames pour une éventuelle sortie sur DVD…
Absolument. Nous nous sommes installés dans un grand hangar vide avec quelques cadreurs et leurs caméras. Nous devons désormais nous occuper du mixage et du montage. Je ne sais pas de quelle façon ce sera publié, ou même si ce sera publié. Si nous ne le sortons pas officiellement, nous le diffuserons sur Internet. C’est un projet que nous souhaitions mener, et un cadeau pour les fans.
L’an dernier, votre titre « Music for a Nurse » a été utilisé par Orange pour l’une de leurs campagnes publicitaires. Comment cela est-il arrivé ?
Orange nous a contacté car l’un de leurs publicitaires nous avait vus en concert à Paris et nous avait conseillé auprès d’eux. Il nous ont demandé l’autorisation d’utiliser ce morceau et nous avons accepté car nous avions besoin d’argent (rires).
Pensez-vous que cela ait aidé à faire connaître Oceansize ?
Je ne pense pas. Cela reste limité, rien de vraiment notable.
Cela vous a-t-il amené à réfléchir sur la manière dont votre musique se marie à la vidéo, ou même à son potentiel commercial ?
Je ne sais pas si cela nous a vraiment donné des idées, mais lorsque nous avons regardé la publicité achevée, nous avons été très impressionnés par la manière dont la musique se mariait aux visuels. Cette musique s’y prête particulièrement puisqu’elle a également été utilisée dans le film « The Invisible », qui est sorti aux Etats-Unis. Dans ce long-métrage, lorsque le titre démarre, on voit un plan d’eau, comme dans la publicité. Peut-être que notre musique appelle ce genre d’images.
Aimeriez-vous composer une bande originale de film ?
C’est une idée qui nous intéresserait !
Lorsque vous avez commencé à travailler sur le troisième album, vous avez écrit deux titres qui ont été écartés du disque et dont vous avez publié les démos sur MySpace. A quelle moment avez-vous décidé de ne pas utiliser ces morceaux ?
La raison principale est que ces titres avaient été composés dans un but bien précis. Nous cherchions un label et il nous fallait de nouvelles démos. Nous disposions de deux semaines pour écrire deux nouveaux titres, et c’est ce qu’il est ressorti de ces sessions d’écriture. Nous avions pensé les mettre de côté et éventuellement en ressortir quelques idées pour les titres de l’album. Mais ces deux chansons étaient plutôt bonnes en l’état, nous avons décidé de les diffuser sur Internet.
Pensez-vous les réenregistrer un jour en studio ?
Ce serait bien de les sortir un jour dans de meilleures versions, peut-être pas sur un album mais sur un mini album ou en tant que faces B… à supposer que l’on sorte un jour un autresingle ! C’est un projet auquel nous réfléchissons.
Steve et Mark jouent parallèlement dans Kong, qui vient d’enregistrer un album. Quels sont leurs projets ?
Ils cherchent actuellement à faire distribuer leur album et continuent à donner des concerts. Je peux vous dire que c’est un disque de malades, c’en est même effrayant (rires) !
Vous êtes très liés à Biffy Clyro qui ont un certain succès actuellement. Les considérez-vous comme un modèle en termes de gestion de carrière ? Ils ont eu une énorme influence sur nous. Nous sommes amis depuis nos débuts. La première fois que nous les avons vus, nous faisions leur première partie dans un club minuscule à Manchester, leur concert nous a grandement impressionnés. Je pense que c’était réciproque et que nous nous sommes beaucoup influencés mutuellement. C’est l’un de mes groupes préférés toutes périodes confondues.
Pensez-vous partir un jour en tournée avec eux ?
Nous avons déjà fait deux tournées avec eux, mais seulement au Royaume-Uni.
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Continuer à tourner, y compris peut-être aux Etats-Unis. Notre management y travaille actuellement. Nous y avons déjà donné quelques concerts, mais nous aimerions y faire une véritable tournée. Pour l’instant, cela implique que nous jouions en première partie d’un autre groupe.