ENTRETIEN : PURE REASON REVOLUTION
|
|
Origine : Grande Bretagne Style : Power prog pop Formé en : 2002 Composition : Jon – chant, guitares, claviers Chloe – chant, basse, claviers, percussions, guitares Jim – claviers, échantillonneur, basse, choeurs, Andrew – batterie Jamie – guitares, choeurs Dernier album : The Dark Third (2006)
|
Encore tout émue par The Dark Third, la révélation progressive de 2006 à ce jour, notre rédaction, grandement aidée par nos lecteurs qui ont déjà adopté le groupe, s’entretient avec la tête pensante (et chantante !) de Pure Reason Revolution : Jon Courtney.
Progressia : Bonjour Jon ! Notre première question sera de savoir pourquoi le groupe s’est inspiré d’Emmanuel Kant pour son nom ? Jon Courtney : Le nom du groupe est venu lorsque j’étais en train de finaliser ma thèse d’Université sur la « Construction du Génie ». En lisant certains travaux de Kant, je suis tombé sur sa Critique de la Raison Pure. Perplexe et intrigué par cette oeuvre, j’ai décidé d’en emprunter les mots et d’y ajouter un « revolution » à la fin… Pas à des fins politiques ou quoi que ce soit d’autre! Juste parce que la musique que nous faisons est, de notre point de vue, excitante et révolutionnaire! Peux-tu nous en dire plus sur ton passé musical et les premiers pas de PRR ? Ma première exposition à la musique fut celle d’un chanteur de chorale dans une église (je ne rends pas publique cette information très souvent!). En réalité, je me rappelle encore des harmonies que nous chantions, et qui me donnaient la chair de poule! Quelques années après, j’ai découvert par hasard des groupes comme Def Leppard, Thunder et Skid Row… mélangé à quelques pincées de disques de rave… et puis-là Bang! J’ai vu Nirvana sur MTV à douze ans, et c’était fait: ma vie avait été transformée. Nirvana, et toute la scène grunge, était devenue une obsession. J’ai pris ma guitare, et la musique est devenue ma vocation. Sincèrement, depuis lors, des quantités copieuses de musique de genres différents ont été digérées, pour donner Pure Reason Revolution ! Andrew (mon frère, à la batterie) et moi jouons ensemble depuis des années. J’ai même été dans un groupe de punk, même si cela paraît difficile à croire ! Puis, au sein de la scène musicale de Reading, j’ai rencontré Chloe et débuté un nouveau groupe avec elle. Une fois à l’Université, j’ai croisé James et Jamie : Pure Reason Revolution était né. Comment avez-vous atterri chez une major ? Etes-vous content des aspects promotionnels ? Notre première sortie discographique fut sur le label d’Alan McGee, Poptones. Nous avons joué dans son club, le Death Disco, presque toutes les semaines pendant trois mois. Certains représentants de majors sont alors passés nous voir et après avoir rencontré des gens de chez Sony, nous avons été retenus. C’est cool, et ils nous laissent faire ce qu’on veut… Avant The Dark Third, le groupe avait sorti un mini album. Etait-ce un moyen de tester les morceaux sans pression, et sur scène, avant de vous lancer dans l’écriture d’un album entier ? Nous avons en effet sorti Cautionary Tales for the Brave, car nous ne voulions pas tombé dans le processus générique qui consiste à enchaîner les singles pour construire un album. Nous voulions au contraire établir un canevas, que les gens pourraient creuser. Nous avons été surpris d’apprendre que « The Intention Craft », l’un de vos singles, n’était pas présent sur The Dark Third. Pourquoi cela, sachant qu’il s’agit de votre chanson la plus accrocheuse ? Comme elle avait déjà fait l’objet d’une sortie en single et qu’elle se trouvait aussi sur le mini-album, nous voulions la remplacer par quelque chose de nouveau. Cependant, elle apparaît sur la version américaine de l’album. En ce qui concerne la composition, c’est surtout toi Jon qui est en charge… J’écris soit à la guitare, soit au piano, et j’ai un journal que je bombarde de mes pensées immédiates, qui se transforment parfois en paroles. Je couche sur le papier mes rêves, mes moments surréalistes, des fragments de vie, des observations, des expériences, les miennes et celles des autres. Je suis vraiment amateur de surréalisme et l’un des objectifs de cette école était d’exprimer l’état subconscient à travers une imagerie liée au rêve. Au lieu de reproduire le monde extérieur, on se concentre sur ses visions intimes, en piochant dans les ressources de l’esprit humain ! Quand je compose, je préfère bannir la raison, le goût et, plus important encore, la volonté consciente. J’essaie d’écrire des morceaux qui représentent une vision intérieure. On écrit avec son subconscient lorsque l’on est aux limites de sa conscience et que l’on s’apprête à rêver. Je trouve que les meilleures inspirations viennent lorsque le titre est quasi-finalisé et que je me dis « ouaw, d’où est-ce que cela sort?! » Le plus souvent, je fais directement enregistrer une demo sur ordinateur, nous allons ensuite la jouer avec le groupe un petit peu, et ainsi de suite. Je suppose que la philosophie de Pure Reason Revolution c’est : pas de limites, c’est-à-dire que nous utiliserons n’importe quelle instrumentation, et que nous changerons de musique pour opérer un retournement d’ambiances à n’importe quel moment… tout peut faire l’affaire ! Je compose généralement seul, car c’est un processus très personnel pour moi, et je trouve qu’il est difficile de partager cette création ou attendre que quelqu’un puisse précisément s’aligner sur la même vision que moi… c’est difficile à exprimer. La musique de PRR est fondée sur les harmonies vocales: comment les composes-tu et quelles sont tes influences en la matière ? Je dirais que les Beach Boys et Brian Wilson sont ma plus grande influence sur ces harmonies. Mais aussi Fleetwood Mac, Crosby, Stills & Nash, Steeleye Span. Parfois, ces artistes chantent à l’oreille. Mais lorsque cela se complique, et se décompose en trois parties, il est temps de passer au piano, de trouver les harmonies et quelles notes s’accordent avec celles-ci. Musicalement, le fond sonore derrière les voix semble être un véritable « magma sonore » avec des couches de claviers et des guitares puissantes. Comment produis-tu ce son si particulier? Au début, j’ai défini quels étaient les objectifs à atteindre avec Pure Reason Revolution. Un groupe vocal, un son de guitare épique, de l’électronique, pas de limites quant à la durée des titres, l’instrumentation ou les genres… et en concert, tout ceci serait lié par des visuels. Je produis depuis l’âge de 16 ans environ, et à l’Université, j’ai pu me perfectionner à ces techniques. Donc, nous avons toujours eu un vrai contrôle sur notre son. Quel fut l’apport de Paul Northfield sur ce point ? Notre chargé de promotion, Michael Caplan, nous a recommandé Paul. Michael était ravi de notre collection de « démos de chambre à coucher » que nous avions produites, et ne voulait pas d’un producteur qui viendrait poser sa marque de fabrique sur ce que nous avions déjà accompli. Paul était d’accord sur le fait qu’il y avait déjà de bonnes choses de faites, donc nous avons repris certains passages de titres, mais avons gardé aussi beaucoup de moments de la démo originale. Il a été parfait dans son rôle, qui consistait à améliorer ce que nous faisions. Une de ses spécialités est de produire des sons de guitares et de batterie très organiques ! Il a été aussi un médiateur durant l’enregistrement et sans lui, le disque aurait probablement mis deux ans pour être enregistré. Enfin, Paul nous a montré quelques techniques de la « vieille école » ! Quel est l’apport des autres membres du groupe ? Ils apportent beaucoup d’idées: des lignes de basse par exemple… Jim va proposer de nouvelles sonorités programmées sur ordinateur, ou des arrangements de cordes… des tas de choses! Il est difficile de catégoriser PRR. que dirais-tu du label surréaliste de « power prog pop » ? Nous nous voyons juste comme un groupe de rock contemporain. Mais j’aime ce label cependant! Quelles sont vos influences. D’un point de vue progressif, Pink Floyd semble évident, mais quels sont les autres artistes du genre que tu pourrais citer? King Crimson, E,L&P, ELO, Mike Oldfield, Atomic Rooster, Caravan, Dream Theater, Soft Machine, Moody Blues, Yes, Genesis, Mars Volta, ou encore Secret Machines. Et dans les autres genres musicaux? Les Beach Boys, DJ Shadow, Beastie Boys, Super Furry Animals, Massive Attack, Smashing Pumpkins, Nirvana, Sonic Youth, The Pet Shop Boys, Aphex Twin, Boards Of Canada, David Axelrod, Beck, Air, SOAD… et bien d’autres… Les morceaux de The Dark Third sont souvent bicéphales, avec un début calme et une fin en furie. Comment l’expliques-tu? La raison pour laquelle il y a si souvent deux parties dans nos titres est que généralement, ils changent d’ambiances en leur milieu, des variations parfois violentes ! De même, les paroles ou l’histoire peuvent changer, ce qui justifie aussi des titres séparés pour ces sous-parties ! Nous avons été enthousiasmé par l’album, mais le morceau instrumental d’ouverture, « Aeropause », nous a déçu, car il semble pasticher Pink Floyd… Merci… Euh… Certes ! Hum, je ne suis pas sûr de pouvoir faire un commentaire !! Y a-t-il un concept derrière The Dark Third, et quelle est la référence liée à ce titre, qu’on retrouve au fil des paroles vers la fin du disque? En tant que groupe, nous sommes fascinés par les questions soulevées par les origines et les significations des rêves. A notre mort, nous aurons passé près de six années de notre vie à rêver et un tiers de notre vie endormi (NDJ: d’où la référence en anglais « the dark third », le tiers « enfoui » ou « inconnu »). C’est avant tout un album conceptuel qui s’intéresse à la limite ténue entre le rêve et l’état de conscience. Et peut-être que ces deux états ne sont en réalité pas si différents! A ton sens, qu’est ce qui explique le renouveau du prog en Grande Bretagne, avec des groupes tels que Oceansize ou Biffy Clyro ? Je crois que tu pourrais aussi y ajouter Muse, Radiohead, TCTC et Mystery Jets à cette liste de groupes britanniques. Mais je ne dirais pas qu’il s’agit à ce stade d’un mouvement à part entière… . Quant aux explications, c’est peut être une forme de réaction et / ou une saine concurrence contre les groupes à trois accords qui hantent continuellement les tops et les medias anglais. Dans notre cas, ce n’est pas une réaction contre quoi que ce soit, et nous n’avons que faire de ce qui est à la mode. Nous apprécions juste de faire notre truc! Votre disque est sorti en Grande Bretagne, et bientôt aux Etats-Unis. A quand l’Europe continentale ? Le disque sortira en juillet aux Etats-Unis. Si tout va bien, c’est en septembre prochain qu’il sera disponible dans le reste de l’Europe, même si je n’ai aucune date précise à te communiquer hélas ! Dis-nous en plus sur votre expérience aux Transmusicales de Rennes… Nous avons vraiment pris notre pied à Rennes. Le festival était incroyable. Ce fut une excellente expérience : nous nous attendions à ce que personne ne fasse le déplacement pour nous voir, et nous fûmes agréablement surpris de constater que plus d’un millier de personnes était présent ! Incroyable ! Des opportunités de tournée en Europe et plus précisément en France ? Les tournées dépendant des sorties d’albums, je pense autour de Septembre prochain ! Une conclusion ? N’avez-vous jamais été frappé par une illumination ou effrayé à l’approche du matin ? N’avez-vous jamais essayé d’atteindre les nuages tachetés de rouge? Avez-vous jamais erré dans le néant, incapable de savoir si ces nébuleux personnages étaient des chérubins ou de vils diablotins ? Si c’est le cas, mes amis, ne soyez pas alarmés – il est temps de jeter une oreille ou de danser comme l’étrange enfant perdu ! Extirpez-vous et insérez The Dark Third dans votre Machine… les choses iront mieux… Vous n’avez pas besoin d’un psychiatre… mais de Pure Reason Revolution…
Propos recueillis par Djul
site web : http://www.purereasonrevolution.com
retour au sommaire
|