FESTIVAL : BRAINE-LE-COMTE | |
Artistes : Madelgaire, Gatto Marte, Ken’s Novel, Univers Zero Lieu : Braine-le-Comte, salle Baudouin IV Date : 23 octobre 2004 Photos : Anthony Lampecco | A peine deux semaines après la convention Prog-Résiste, quelques fans de prog’ organisaient un autre festival à la gloire du mouvement, au travers d’Alter Ego, une association à vocation culturelle. Au programme, deux jeunes loups de la scène belge actuelle, Madelgaire et Ken’s Novel, et dans un style différent, Gatto Marte, une formation plus proche de l’orchestre de chambre que du groupe progressif traditionnel. Enfin, le clou de la soirée, une prestation d’Univers Zero, groupe mythique apparu dans les années soixante-dix et emmené par le charismatique Daniel Denis.
Samedi vingt-trois octobre, seize heures. Une seule personne se présente devant la salle Baudouin IV de Braine-le-Comte ! On s’attend au pire, on se dit que l’évènement va être un four, que le public n’a pas réagi et que l’on va pouvoir assister au concert assis sur la scène… Mais en définitive, la salle se remplit petit à petit et les tables rondes installées face à la scène sont occupées. Cette configuration de salle s’avère une idée originale et bienvenue : les concerts progressifs déclenchant rarement des mouvements de foule, autant être assis et confortablement encore ! Parallèlement aux concerts, l’association organise également plusieurs expositions (photos, peintures) dans la salle : une belle façon d’intéresser le public à d’autres formes d’art complémentaires à celle qui attirait les spectateurs. Le public est donc traité comme coq en pâte, et les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands, c’est le cas de le dire : spécialités culinaires locales et large choix de boissons, voilà qui est suffisamment inhabituel et original pour être dignement souligné !
C’est à Madelgaire qu’incombait la tâche d’ouvrir les » hostilités « , tâche dont ils s’acquittèrent avec un certain succès. Rappelons que le groupe, créé en 2000, est emmené par le chanteur-batteur Pascal Rocteur, bien épaulé dans sa tache par Dominique Lossignol, chanteur-guitariste-violoniste et accessoirement co-organisateur de l’événement, au look très…écossais pour l’occasion . Le groupe confirme sur scène tout le bien que l’on avait pensé de sa première réalisation studio, et si l’on peut désapprouver le choix de certains sons de claviers ou commenter la justesse d’une ou deux parties de violon, la prestation reste excellente et sert de prétexte à la présentation de nouveaux morceaux à paraître sur un futur album. Le chant en français semble s’imposer de lui-même et convient tout à fait à la troupe, qui possède de plus en plus son propre univers et style : un mélange de classique orchestral, de jazz de folk et de rock progressif typé années soixante-dix, bref, une musique mélodique très narrative aux accents lyriques.
Gatto Marte constitue sans doute la plus grosse surprise de la journée. Venu d’Italie spécialement pour le festival, ce quartette acoustique dont chaque membre se montre virtuose dans son domaine (piano, violon, basson, violoncelle), est pour le moins atypique : on confine à l’orchestre de chambre, pour une musique tirant essentiellement son inspiration du classique et de la musique italienne, le tout mêlé à du jazz. L’accueil réservé à la formation prouve la grande ouverture d’esprit des fans de progressif, et quelques morceaux dont une spectaculaire tarentelle, exécutée de main de maître et dans la plus pure tradition du style, déclenchent des ovations du public. Les musiciens, s’adressant à la salle en français, se trouvent eux-mêmes surpris de leur succès devant des amateurs d’un genre auquel ils ne sont que lointainement apparentés. Notons la présence exceptionnelle sur quelques morceaux de Daniel Denis, le batteur d’Univers Zero, pour une collaboration unique qui a beaucoup apporté à la musique des Italiens.
Ken’s Novel, auréolé de son excellente prestation à la convention Prog-résiste, arrive, attendu, quasiment en terrain conquis. Ceux qui avaient apprécié sa performance à Verviers en octobre seront comblés puisqu’il s’agit d’une réplique exacte du même set, jusque dans les interventions poétiques de Patrick Muermans. Profitant de l’escalier placé devant la scène, l’ensemble du groupe descend dans le public pour la fin de » Crowd on Sail « , évidemment repris en cœur par le public dans une ambiance énorme ! Le groupe est toujours aussi en place, plus puissant que sur album.
Peu après vingt-trois heures, Univers Zero monte enfin sur scène. Pour son grand retour, le groupe avait décidé de faire les choses au mieux. Daniel Denis et Michel Berckmans, piliers historiques de la formation, se sont entourés à cette occasion de nouveaux-venus talentueux, pour un spectacle multimédia qui mêlera grands classiques et morceaux récents dont plusieurs extraits de son dernier disque en date, Implosion, paru début mai. Expérimental et jazzy, Univers Zero – parfois proche d’un Magma – assume parfaitement son rôle de tête d’affiche, dans une ambiance électrique. L’écran géant diffusant des projections psychédéliques se marie parfaitement avec la musique des Belges, et ajoute vraiment une dimension à leur art.
Un festival réussi donc, malgré quelques petits bémols relatif au jeu de lumière discutable et à des spectateurs fort bavards durant certaines prestations, mais qu’y peut-on ? Et qui sera très probablement reconduit l’année prochaine, à un niveau supérieur encore. Rendons hommage la diversité du public présent : on retrouvait bien entendu des fans de progressif, mais aussi les abonnés de la saison du Centre Culturel venus découvrir autre chose, à l’exemple des simples curieux et des jeunes de la région. Julien Van Espen retour au sommaire |