– Prog’Sud 2004

Odessa
Les Italiens d’Odessa se trouvent à la croisée des chemins tortueux d’un hard rock à la Led Zeppelin / Deep Purple et d’une légère tendance progressive. Un peu à part dans la programmation du Prog’Sud, le groupe est proche, dans l’esprit, des groupes festifs que l’on retrouve dans les bars, ce qui est loin d’être synonyme de simpliste. Au contraire, Odessa propose des titres à la fois très efficaces et subtils, mis en valeur par un très bon son, et formant un écrin parfait pour la voix du chanteur-claviériste, au timbre proche de celui de Robert Plant, très à l’aise dans les aigus.

Fiesta Prog
La clôture de cette seconde soirée se fait de manière originale, par une  » fiesta prog  » déchaînant un public déjà acquis à la cause. Sur scène se trouvent tous les musiciens d’Odessa, ainsi qu’une flopée de guitaristes tournants (Alain Chiarazzo de Eclat, Jean-Christophe de Cymoryl et Cyril Achard qu’on ne présente plus), pour une séance de jam d’une qualité musicale rare : reprises de titres qui ont fait date dans l’histoire du rock comme Stairway to heaven ou Smoke on the water. Dans une ambiance très chaleureuse et survoltée, les chansons connues de tous défilent, scandées par les mains qui se frappent et les têtes qui remuent à s’en déboîter la nuque. Le fait d’organiser une fiesta de ce type apporte une réelle communion supplémentaire avec le public et permet ainsi au groupe Eclat de faire son apparition avec surprise. Quelques titres sont joués pour le plaisir de tous, c’est ainsi que la soirée se finit de belles images dans la tête …

Samedi 22 mai – dernier soir

Pour ce dernier soir, le Prog’Sud surprend tout le monde avec une programmation à contre courant voire surprenante.

Odessa
Le groupe péruvien Fragil ayant dû se désister pour des raisons logistiques, Odessa remet le couvert pour une seconde prestation, nettement différente de celle de la veille : ce second concert est entièrement composé de reprises de grands standards du progressif, au sens large : Jethro Tull, Dream Theater, Deep Purple ou King Crimson passent à la moulinette d’un groupe faisant preuve des mêmes qualités que la veille : une énergie scénique à revendre, de réelles qualités instrumentales et surtout, l’  » esprit de l’époque  » : bien qu’âgés d’environ vingt-cinq ans en moyenne, les musiciens d’Odessa ont su capter les vibrations typiques de ces titres et les reproduire au mieux. Un début de soirée très enthousiasmant, même si le public est un peu plus clairsemé que la veille.

Akineton Retard
Akineton Retard est sans doute la grande révélation de ce festival, tant musicalement que scéniquement. Si le groupe est inconnu en France et ne figure à l’affiche que grâce aux capacités d’investigation de l’équipe d’organisation du Prog’Sud, il n’en est pas à leur coup d’essai, et est sur le point d’ouvrir pour Univers Zéro en Allemagne, dans le cadre d’une tournée de quatre mois sillonnant l’Europe et l’Amérique du Sud.
Investissant la scène en tenue de chirurgiens, les Chiliens (un batteur, un guitariste très jazz, un sax ténor, un sax alto et une basse) offrent avec beaucoup d’humour, s’adressant au public – en français – entre les titres et développant un jeu de scène digne d’un asile psychiatrique vu par Tim Burton, une prestation d’excellente qualité. Leur musique évolue dans un registre très rock in opposition, entre Magma, Univers Zéro et Soft Machine, et son effet est encore renforcé par la projection d’images fixes et vidéo en fond de scène, dont un clip  » fait maison « , d’une grande qualité. Oreilles dérangées pour certains, grosse révélation pour d’autres …

Ashtar
C’est aux Brésiliens d’Ahstar que revenait la lourde tâche de clore cette cinquième édition du Prog’Sud. Or, leur place était quelque peu à part dans le festival, tant leur hard rock à tendance folk, émaillé de flûtes sud-américaines, de petites percussions et de claviers détonnait par rapport au reste de la programmation.
Ashtar propose des titres très simples et assez longs, tout en atmosphères, ne cédant que peu à la tentation d’accélérations métalliques qu’une lourde section rythmique aurait pourtant pu supporter, et met très largement en valeur la voix, elle aussi très folk, d’une chanteuse au timbre proche d’une Loreena McKennitt, alternant avec un chant masculin nettement plus rauque, assuré par l’un des deux guitaristes.

Conclusion, en forme de bilan
Les festivals progressifs – même s’ils semblent avoir tendance à se développer actuellement – restent très rares en France, et à plus forte raison dans un sud-est sinistré en la matière. Il faut donc saluer très largement l’énorme travail mené par l’équipe d’organisation du Prog’Sud, qui se donne sans compter depuis quatre ans et recherche un véritable ancrage du festival dans la vie culturelle locale.
L’ensemble de l’équipe est constituée de bénévoles, y compris les techniciens son et lumière, et la qualité de leur travail est irréprochable, et contribue au bon esprit de ce festival, qui se déroule dans une ambiance réellement positive.
L’affiche de l’édition 2004 était d’une grande qualité. Reste que l’on peut s’interroger sur la pertinence du choix de groupes comme Adagio ou Ashtar, qui n’ont de rapport avec le progressif que celui qu’ils veulent bien revendiquer. Toutefois, le but essentiel est bel et bien atteint : permettre à un public qui s’élargit avec les années de belles découvertes, tel Akineton Retard, d’agréables confirmations avec Nemo et le côté festif avec Odessa.

Aleks Lézy

site web : http://perso.frogprog.mageos.com/progsud2004/

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