ENTRETIEN : HEADWAY FESTIVAL | |
Origine : Pays-Bas Formé en : 2002 Line-up : Dennis Leeflang Onno Bloom Freek Kroesoergen | Le Headway Festival n’a que deux ans mais s’est déjà bien installé dans le paysage metal-progressif actuel. Rappelons que l’affiche 2004 avait de quoi séduire avec des groupes comme Watchtower et Sieges Even, alors que celle de 2003 présentait rien moins que Sun Caged, Freak Kitchen et Pain Of Salvation ! Afin d’en savoir plus sur son organisation, nous avons rencontré les responsables de ce festival qui ne se résume pas à la seule personne de Dennis Leeflang. C’est donc Freek Kroesoergen qui nous raconte comment tout à commencé… Progressia : Raconte-nous comment est né ce festival ! Freek Kroesoergen: L’idée nous est venue d’une rencontre, il y a maintenant deux ans. Je travaille au P60, et nous avions alors booké Dead Soul Tribe. Nous cherchions un groupe néerlandais pour ouvrir, et nous nous sommes adressés à Sun Caged. Il se trouve que Dennis Leeflang, qui était encore dans le groupe à l’époque, a trouvé la salle vraiment chouette. De plus, il nous a fait part de son projet d’organiser un festival metal progressif. Nous avons donc commencé à travailler sur le projet, et sommes tombés d’accord sur le fait que nous ne souhaitions pas avoir les ténors du genre, que l’on voit déjà facilement sur scène. Nous voulions vraiment donner l’occasion à des groupes qui n’ont pas l’occasion de venir en Europe de s’y produire, et nous préférons laisser les grands noms du style aux organisateurs du Prog Power, qui est déjà bien établi. Nous avons donc cherché des groupes très spéciaux, pas forcément connus des aficionados du progressif, tout en gardant à l’esprit qu’il nous fallait des têtes d’affiche attrayantes. Nous avons en fait cherché l’équilibre parfait entre valeurs sures et découvertes. Dennis avait d’ailleurs des idées bien précises à ce sujet… Quels ont été les retours de la première édition ? Il y avait une belle affiche, avec des noms connus comme Pain Of Salvation ou Freak Kitchen, et des groupes que l’on a moins l’habitude de voir en Europe comme Prototype, Bumblefoot ou Zero Hour… Quand on y repense, c’est vrai que cette affiche était vraiment chouette (rires) ! Certains groupes sont venus grâce à Dennis, qui en connaissait certains des membres (Zero Hour, Freak Kitchen ou encore Bumblefoot par exemple). Ces groupes sont l’exemple-type de noms inattendus à l’affiche d’un festival de metal progressif et pour cause, ces artistes sont aux antipodes des clichés du genre. Prenons Freak Kitchen : le résultat sonore est assez mainstream, mais en écoutant attentivement, on perçoit que les rifs sont très complexes, avec un guitariste qui envoie la sauce comme il faut et quand il faut. Ajoutes-y des paroles un poil cyniques et tu obtiens un résultat vraiment original. Mais pour en revenir à ta question, nous avons eu beaucoup de retours positifs, de commentaires vraiment enthousiastes et motivants. Peut-être sais-tu que l’an dernier, des gens sont venus d’Israël, d’Islande, de France, des États-Unis. Que peut-on demander de mieux ? Tout ceci nous a poussé à remettre le couvert pour cette année et nous espérons que le cru 2004 sera aussi bon que celui de 2003. À terme, notre but est d’être un festival reconnu unanimement en Europe. Le fait que Dennis fasse parti du staff organisateur du festival vous donne-t-il plus de crédibilité ? Son carnet d’adresses est copieusement rempli ! J’ai aussi quelques contacts (rires) ! Je crois que beaucoup de gens s’imaginent que c’est extrêmement complexe de contacter un groupe et de lui proposer de se joindre à l’affiche. Ils se trompent : si tu as la conviction intime qu’un groupe est bon au point de le placer sur l’affiche, tu le contactes et basta. La plupart ne demandent qu’à jouer et je dirais que certains seraient même prêts à jouer pour ton anniversaire ! Ces groupes veulent bouffer de la scène. Nous avons assez de contacts pour booker quatre ou cinq groupes reconnus, remplir le P60 jusqu’à la gueule et rentrer dans nos frais, mais le challenge n’est pas là pour nous. Vous avez également la particularité d’inviter des groupes non-signés… dès lors, est-ce que des labels dépêchent des « émissaires » pour voir tel ou tel groupe en particulier ? Je crois que des gens d’Elitist sont ici, de même que Lion Music. Cela dit, c’est surtout la presse qui fera le gros du travail : à travers les comptes-rendus que l’on pourra lire ici et là, on parlera des groupes et des labels pourront se montrer intéressés. Je pense que les choses fonctionneront mieux à ce niveau-là cette année. L’an dernier, pour la première édition, personne ne nous connaissait. Cette fois-ci, nous sommes un peu plus établis : il devrait donc être plus facile pour nous et pour les groupes qui sont à la recherche de contrats de se faire remarquer. Nous tenons beaucoup à aider les jeunes groupes et ceux qui » galèrent » pour trouver un contrat. Certains ont des démos et un passé intéressants à nos yeux, ainsi qu’une réelle motivation. Karma est l’exemple parfait : c’est une formation composée de musiciens ayant tous une expérience de groupe antérieure et leur chanteuse, Irène Jansen, a chanté sur la tournée Star One en 2002, et il est assez frustrant de les voir stagner au stade de démo alors qu’ils ont du talent à revendre. S’il est en nos moyens d’aider des groupes et de leur offrir un tremplin, tant mieux. La formule a déjà payé l’an dernier, avec des groupes comme Day Six et Morgana X : ils sont de plus en plus reconnus aux Pays-Bas et sont sur le point de signer leur premier contrat. Le premier groupe que nous avons engagé pour cette année, Textures, semble suivre la même voie : nous les avons signés vers octobre-novembre 2003 et depuis, les choses s’accélèrent : ils ont gagné le Metal Bash, ont enchaîné les concerts et ils ont aujourd’hui un contrat avec un label ! Autre particularité du Headway : l’organisation de clinics de musiciens reconnus. D’où vous est venue cette idée ? Nous souhaitions que les festivaliers ne soient pas submergés de concerts, comme cela arrive trop souvent, et nous cherchons à innover de quelque manière que ce soit. Nous avons alors pensé aux stands de merchandising et nous nous sommes dits qu’il fallait y ajouter quelque chose. Nous nous sommes dits qu’il serait intéressant d’avoir des cours de guitare ou de basse par exemple. Initialement nous voulions faire une sorte de film présentant les groupes, mais certains n’étaient pas chauds, par manque de temps ou parce qu’ils préfèrent se présenter sur scène ! Cette année, et je pense que peu de personnes le savent, l’intégralité du festival est diffusée sur le net. Pour en revenir aux clinics, comme nous avons la chance d’avoir de très bons musiciens dans de très bons groupes : pourquoi ne pas leur demander alors de mettre à profit leur talent pour autre chose ? Y-a-t’il un groupe que vous aimeriez avoir en tête d’affiche ? Nous voudrions réussir à faire venir Fates Warning : nous étions à deux doigts de les avoir pour cette année, et aux alentours de décembre dernier, ils ont finalement refusé parce qu’ils ont décidé de retourner en studio. Mais nous ne perdons pas espoir, car nous avons noué un bon contact avec eux et je croise les doigts pour que l’année prochaine soit la bonne ! Nous aimerions également faire venir Paul Gilbert. Une fois encore, ce n’est pas un artiste typique de metal progressif, mais il plaît à beaucoup d’amateurs de progressif. Peut-on déjà parler du Headway 2005 ? Avez-vous déjà des contacts avec des groupes que vous souhaiteriez avoir l’année prochaine ? Il faut savoir que nous avons un forum très actif, sur lequel les fans ont la parole. Ils nous font part de leurs désirs tout en tenant compte du fait que nous cherchons des groupes originaux ou qui ne tournent pas souvent en Europe ! Nous sommes rarement d’accord avec eux, parce que les noms qui reviennent le plus souvent n’ont plus vraiment grand chose à prouver. Hier, par exemple, j’ai rencontré des fans qui mourraient d’envie de voir Shadow Gallery, Psychotic Waltz ou Fates Warning. Nous les écoutons, mais nous pensons d’abord à nous et nous n’oublions pas nos principes. Nous tenons également à varier les plaisirs. Dennis et moi-même écoutons énormément de styles différents, mais notre principe reste le même : essayer de faire connaître des groupes uniques en leur genre, qui font » leur truc » et ont leur propre style. Dennis et moi nous chargeons de décider des groupes figureront à l’affiche, mais l’équipe d’organisation est en train de s’élargir : Natasha vient de nous rejoindre et je pense que son rôle va s’accentuer. Nous allons probablement recruter d’autres personnes, qui soient bien au fait de la scène metal progressif, car il y a beaucoup de choses à faire. Nous avons rencontré des Grecs hier, qui nous ont parlé d’un groupe de chez eux, mélangeant Pink Floyd et Slayer. Voici le genre de personnes que nous recherchons. L’an dernier nous avions contacté des groupes de République Tchèque et de Suisse. Bon ça n’a pas marché, mais l’idée est là. Dans quel aspect la ville ou l’Etat vous aident-ils ? Bénéficiez-vous de subventions ou d’aide publicitaire ? Nous avons effectivement des aides, mais elles ne viennent pas de la ville d’Amstelveen. Le P60 appartient en parti au Ministère de la Culture, qui est donc en quelque sorte notre partenaire principal. Nous recevons aussi de l’aide du Popinstituut, une association culturelle nationale. Il faut savoir que, pour bénéficier de ces subventions, nous devons obligatoirement programmer un certain nombre de groupes hollandais. Mais l’essentiel des fonds d’organisation viennent en grande partie de notre poche. C’est un risque énorme évidemment, mais on s’amuse en même temps donc… pourquoi ne pas le prendre ? Propos recueillis par Dan Tordjman site web : www.headwayfestival.com/ |