INTERVIEW : ANEKDOTEN | |
Origine : Suède Style : Rock progressif Formé en : 1991 Line-up : Nicklas Berg – chant-guitares Jan Erik Liljeström – basse Anna Sofi Dahlberg- claviers Peter Nordins – batterie Dernier album : Gravity (2003) Photos : Anekdoten/Serge Llorente | C’est quelque temps après la sortie de leur quatrième album, le superbe Gravity, et une tournée européenne, que nous avons pu attraper Anekdoten pour une brève interview, en la personne de Nicklas, son talentueux chanteur-guitariste. Il évoque pour nous l’enregistrement et les compositions du dernier album, et revient sur les dernières années passées avec le groupe. Progressia : Comment considérez-vous From Within, avec le recul ? Nicklas Berg : Il contient quelques très bons morceaux et j’adore le son de cet album. Mais il a été enregistré très rapidement et, avec le recul, j’aurais aimé avoir plus de temps pour travailler la production et les arrangements. Avec Nucleus, vous étiez l’un des rares groupes de progressif à glisser vers le metal, et non le contraire, ce qui est à la mode en ce moment. Pourquoi avoir abandonné cette tendance sur From Within, plus calme et plus orienté rock indépendant ? En ce qui me concerne, je n’apprécie pas particulièrement le metal. J’aime Black Sabbath et Judas Priest mais je n’écoute que très rarement du metal contemporain ou du hard rock, à part Poet. Mais nous ne prenons pas de décisions sur notre orientation, nous faisons ce que nous sentons bon pour le groupe. Or durant l’enregistrement de Nucleus, j’écoutais beaucoup de musique agressive, comme Univers Zero, Magma et Black Sabbath, tandis que lors de l’enregistrement de From Within, j’écoutais des groupes tels que Can, Neu, Pink Floyd et Talk Talk. Qu’est ce qui explique les quatre années d’attente pour la sortie de Gravity ? Tout d’abord, nous ne sommes pas musiciens à temps plein. Nous avons d’autres centres d’intérêts et la musique n’est qu’une partie de notre vie. De plus, nous réalisons nos disques nous-mêmes, donc nous avons toujours beaucoup de travail en matière de promotion et de business. Nous souhaitons également être satisfaits de chacune de nos sorties et nous voulons que chaque titre de nos albums ait quelque chose de spécial, tout du moins à nos yeux. Peu de gens se rendent compte de la somme de travail que demande la création d’un disque. On compose le titre, on l’arrange, on le répète, on en fait une démo, on applique quelques changements, on le mixe… et tout ça pour chacune des huit chansons de l’album. Nous avons enfin beaucoup tourné entre la fin de 1999 et l’été 2001. Nous devions entrer en studio juste derrière, mais nous avons changé de local de répétition, ce qui a retardé l’enregistrement de trois mois. À l’écoute du disque, on a l’impression que le groupe propose une musique moins sombre. Les mélodies, tant instrumentales que vocales, paraissent plus sereines… Gravity est plus mélodique que tous nos albums précédents, néanmoins je ne le qualifierais pas de serein. Il y a quelques passages incontestablement sombres sur ce disque, qui proviennent de périodes difficiles de nos vies. Même si je ne ressens pas beaucoup de joie sur ce disque, je dirais cependant que notre ambition n’est certainement pas d’enregistrer une musique sombre ou triste. Nous composons ce qui vient du cœur, sans nous appliquer à ce que cela sonne joyeux ou non.. De plus, quelques titres s’éloignent notablement du son classique d’Anekdoten, par exemple “The War is Over” et son rythme exotique… Ce titre a en fait été écrit quelques jours avant notre entrée en studio, et nous n’avions aucune idée de ce que cela donnerait ; et comme l’ensemble sonnait comme les titres calmes de Black Sabbath, nous avons décidé d’y ajouter quelques bongos pour le groove. Nous sommes également de grands fans de Santana et c’était formidable d’ajouter cette couleur exotique à un de nos titres. Nous avons également noté qu’Anna Sofi avait un rôle primordial dans la définition du son de cet album. Si le mellotron est toujours à l’honneur, il y a également beaucoup de piano et d’orgue sur Gravity… Elle a beaucoup expérimenté avec plusieurs sons de mellotrons différents. Certains sont difficiles à dénicher sur le disque, mais nous avons utilisé, par exemple des sons de verre à vin, enregistrés sur un mellotron pour “The Games We Play”, ou de l’orgue sur “What Should But Did Not Die”. Anna Sofi joue également de l’orgue Farfisa (NdA. : constructeur d’orgues électriques durant les années soixante et soixante dix), ce que nous n’avions jamais fait auparavant. Nous sommes toujours à la recherche de sons nouveaux pour notre musique. À mon sens, ces sonorités sont presque aussi importantes que les chansons elles-mêmes. De plus, elle chante également sur “SW4”! Que peux-tu nous dire de ce titre, et l’implication future d’Anna Sofi sur ce point ? “SW4” devait être un titre plus jazz qu’il n’est en réalité devenu. Lorsque nous avons ajouté tous les instruments, ce titre était moins bon que ce à quoi nous nous attendions. Anna Sofi a posé sa voix et cela a refroidi l’atmosphère de la chanson. Puis Peter a expérimenté à base de samples sur ma propre voix, et Simon Norderg, notre producteur, a mis la main dessus : il a ajouté de la distorsion et de la réverbération sur pratiquement l’ensemble des parties, pour arriver à un titre glacial. Je crois que tout cela s’est fait pour le meilleur, et que la musique répond parfaitement aux paroles de ce titre. J’espère qu’Anna Sofi chantera encore plus à l’avenir car elle donne une autre dimension à notre musique. Anekdoten conserve néanmoins ce son de basse si impressionnant et saturé. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi l’avoir choisi ainsi et ce qu’il apporte au groupe ? Le son de basse de Jan Erik est très important pour nous. Il fonctionne à la fois en tant que son de basse et de guitare rythmique, et il consolide l’ensemble des instruments lors du mix final. Depuis From Within, de nouvelles influences sont apparues, comme Radiohead ou Portishead. Revendiquez-vous ces références ? Sans aucun doute : ces deux groupes ont sorti de très bons disques, même si je dirais qu’ils ne sont pas notre influence principale. Nous écoutons beaucoup de choses très différentes, des Beach Boys à Stockhausen. En relation avec la question précédente, pensez-vous pouvoir atteindre un nouveau public, ou bien le fait que Anekdoten soit catégorisé “progressif”est-il un obstacle ? Notre public actuel n’est pas uniquement composé de fans de progressif. Toutes sortes de gens viennent à nos concerts et parfois, cela peut effectivement être un obstacle d’être catégorisé « progressif ». Mais d’un autre côté, cela nous aide largement, car il y a beaucoup de gens, souvent très enthousiastes qui apprécient des genres totalement différents et qui se passent le mot très facilement sur ce qui se trame dans le monde du progressif. Le rock progressif couvre un large spectre de styles, et cela ne nous pose donc aucun problème d’être rattaché au genre. Quelle sera la prochaine évolution du groupe ? Sur votre nouvel album, on sent Anekdoten comme entre deux chaises, entre un début très rock, et un final quasi instrumental… Comme je te l’ai dit auparavant, nous ne planifions rien à l’avance, en ce qui concerne le travail de composition. Je n’ai aucune idée de notre évolution mais je ne pense pas que nous soyons coincés entre deux genres. Nous faisons la musique que nous aimons, et je trouve cela très positif d’avoir d’autres sources d’inspirations que le progressif. Comment s’est déroulée la tournée de cet été ? Nous avons passé de très bons moments et rencontré beaucoup de monde. Nous n’avons pas joué en tête d’affiche, à cause de l’annulation de la tournée de Camel (Anekdoten devait ouvrir pour les Américains), mais nous avons en revanche figuré en tête d’affiche à l’Artrock Festival de Würzburg après l’annulation de Isildur Banes. La Suède est le nouvel eldorado du progressif, comment l’expliques-tu ? Je n’en ai aucune idée… peut être sont-ce les hivers sombres et froids qui nous font jouer de la musique sombre et glauque ! Quels sont vos projets de tournées ? Nous espérons pouvoir tourner en Europe au printemps ou à l’été prochain, et nous devons également jouer au Baja Prog Festival de Mexico en mars. Propos recueillis par Djul site web : http://www.anekdoten.se |