INTERVIEW : NEMO

 

Origine : France
Style : Rock progressif
Formé en : 2000
Line-up :
Jean-Pierre Louveton : chant, guitare
Guillaume Fontaine : claviers, choeurs
Benoît Gaignon : basse
Jean-Baptiste Itier : batterie
Dernier album : Présages (2003)

Le groupe français Nemo, encore peu connu mais signant des débuts prometteurs, vient de sortir son deuxième album, Présages. C’est l’occasion pour Progressia de vous faire découvrir ces musiciens que nous suivons depuis quelques temps déjà. Ils nous parlent de leur dernière production et de leur parcours sur la scène progressive française.

Pouvez-vous rapidement présenter le groupe et ses débuts à nos lecteurs ?
Jean-Pierre Louveton :
Nous nous sommes rencontrés, Guillaume et moi, en 2000 grâce à Pascal Bertrand qui, je le rappelle, tenait la batterie sur notre premier album Les Nouveaux Mondes. J’avais proposé à Pascal quelques temps auparavant de monter le groupe que j’avais toujours rêvé de créer, c’est à dire un groupe avec de bons musiciens qui seraient attirés comme moi par le rock progressif. Nous avons commencé à composer les titres qui allaient figurer sur ce premier disque. Au début, nous ne voulions sortir qu’une démo pour la promo, mais au fil du temps et des enregistrements, il est apparu évident que nous avions de quoi sortir un bon album, ce que nous avons fait en juillet 2002.
Jean-Baptiste Itier : Je suis arrivé en septembre 2002, pour remplacer Pascal Bertrand à la batterie. L’un des points positifs à mes yeux, c’est qu’on a su faire évoluer la musique de Nemo par rapport au premier album.
Guillaume Fontaine : Cet été, nous avons aussi participé à notre premier festival, ce qui laisse augurer de bonnes choses pour l’avenir.

Vous vous appelez Nemo et votre premier album était basé entre autre, sur Le tour du monde en 80 jours et De la terre à la lune. Pourquoi cette visible attirance pour l’œuvre de Jules Verne ?
JP :
Lorsque nous avons commencé à composer, le propos était simplement musical. Mais une semaine avant notre première session d’enregistrement, nous avons pensé qu’il serait peut-être bon de mettre du chant sur nos longs instrumentaux, et de trouver un nom au groupe ! Nous voulions un nom qui caractérise la recherche et l’exploration, ce que nous avions essayé de faire d’un point de vue musical. Pascal a proposé « Nemo », et j’ai eu l’idée d’utiliser une oeuvre de Jules Verne pour chacun des titres (NdRC : les amateurs de langues anciennes auront noté l’ironie du choix, Nemo signifiant ‘sans nom’ en Latin). Voilà comment, la veille de l’entrée en studio, j’ai écrit les paroles de « Abysses », qui est une sorte de 20 000 Lieues Sous Les Mers moderne, une recherche de nos origines : « venons nous du ciel ou des abysses ? Est-elle la mère ? Sommes-nous ses fils ? » etc.

Comment a été reçu Les Nouveaux Mondes ? Quelles ont été les retombées ?
JP :
Lorsque nous avons publié l’album, il nous restait à trouver les moyens de le faire connaître. Nous avons donc envoyé une copie à tout ce qui traitait de près ou de loin de rock progressif, dont Progressia, sans nous douter une seule seconde du bon accueil qui nous serait réservé. D’octobre 2002 à janvier 2003, nous avons eu un florilège de bonnes surprises, à chaque fois que nous recevions une nouvelle chronique. L’avis des magazines spécialisés a été unanime : un premier album très réussi ! Nous n’en revenons d’ailleurs toujours pas. Nous avons fait cet album dans notre coin, sans nous soucier le moins du monde de ce qu’en penseraient les autres. Ces bonnes critiques, même si elles ne nous ont pas permis de vendre beaucoup de disques, nous ont donné la motivation de continuer et d’essayer de faire toujours mieux. Ce qui explique que le nouvel album n’ait pas mis trois ans à sortir : nous voulions continuer sans pause sur notre lancée.

Passons maintenant à Présages. Dans ce nouvel album, vous donnez votre propre vision de l’avenir. Pouvez-vous nous expliquer les « présages » de chaque titre du disque ?
JP :
Nous nous sommes posé la question de savoir si nous devions continuer à explorer les oeuvres de Verne ou pas, et nous avons fini par trouver une alternative : continuer son anticipation de l’avenir. L’idée nous est donc venue de donner comme thème une vision de l’avenir à chaque titre de l’album. Le premier titre, « La Dernière Vague », évoque l’hypothèse saugrenue d’un réchauffement planétaire qui conduirait à une montée catastrophique des eaux. Il y a aussi un côté religieux dans ce titre. Je donne au narrateur un dieu qui serait celui de la nature, et qu’il voit se noyer. C’est écolo et anti-clérical, donc ça me plait assez ! « Générateur » est basé sur une nouvelle qu’a écrit un ami, qui d’ailleurs est inclue dans le livret. C’est une idée idiote selon laquelle, dans un lointain futur, l’homme serait complètement assisté par les machines, jusqu’à ce qu’un jour, le Générateur tombe en panne… « Sur La Tombe Du Phoenix » est une histoire de manipulation génétique couplée d’essais nucléaires : l’homme devient Dieu, car il sait créer la vie, et la détruire aussi. Comment, ça existe déjà (rires) ? « La Mort Du Scorpion » parle aussi du réchauffement planétaire. Le scorpion est réputé comme étant le seul être vivant pouvant survivre à l’apocalypse nucléaire. Mais survivra-t-il à la chaleur du soleil ?
G : Le troisième volet de ce titre anticipe la réaction humaine face à l’explosion du soleil, programmée d’ici quelques milliards d’années.
JP : Le dernier titre, « Les Nouvelles Croisades », est inspiré des résurgences religieuses actuelles, qui mettent face à face deux camps opposés mais tout aussi fanatiques. Qui aurait cru qu’au XXIe siècle on retombe dans les abus inquisiteurs du Moyen Âge ? Enfin tout cela n’est pas réel, on peut dormir tranquille (rires) !

Comment abordez-vous le travail d’écriture ? De quelle manière avez-vous composé l’album ?
JP :
Nous avons plusieurs méthodes de composition. La première et la plus fréquente consiste à travailler en commun sur l’idée d’un membre du groupe. On développe, on essaie, on triture, on malaxe, mélange, tord, distord, jusqu’à ce qu’on ait les bonnes sensations. On construit les structures ensemble, même si je pense être celui qui a le plus facilement une vision d’ensemble du morceau. Nous avons tous un rôle assez précis, même s’il peut être dépassé à tout moment. Guillaume sait trouver les bonnes harmonies. Benoît trouve les plans improbables mais qui fonctionnent quand même, tandis que Jean-Baptiste tient toujours à mettre les breaks et mises en places qui vont bien. La deuxième solution de ne partir de rien, au risque parfois de n’arriver à rien non plus. Mais d’autres fois ça nous permet de trouver des plans originaux qu’aucun d’entre nous n’aurait pu trouver seul.
JB : C’est un bon mode de fonctionnement, ça laisse pas mal de liberté d’expression à chacun…
G : Les idées individuelles sont un moteur pour le travail de groupe et non pas l’inverse. Rien n’est jamais définitif a priori, et c’est pour ça que ça marche.

Alors que bon nombre de groupes français chantent en anglais, vous avez choisi la langue de Molière. Pourquoi ce choix ?
JP :
Il y a plusieurs raisons, la première étant que cela m’est tellement plus naturel ! Ecrire et chanter dans sa langue natale est le premier réflexe. Je pense que c’est important pour la sincérité de la musique qu’on propose. En plus, nos textes ont quelque chose à dire et ce serait dommage que personne en France ne les comprenne ! La deuxième raison, c’est que je n’ai encore jamais à ce jour entendu de chanteur français chanter en anglais sans cet accent typique qui fait un peu amateur. On a quand même essayé l’anglais sur trois titres de Présages, car nous voulions essayer de trouver un label étranger, mais ça n’a pas été totalement satisfaisant. De plus personne n’a semblé être intéressé… C’est vrai que si nous voulons un jour toucher plus de personnes, ce sera un passage obligé. Mais ce n’est pas pour tout de suite.
JB : Pourquoi la langue de Molière ? Mais parce que Molière était un grand homme (rires) !
G : Parce que les Anglais sont des gros…(gros rires) !

Mais que les Anglais t’ont-ils donc fait, Guillaume ?
G :
(rires) Je n’aime pas la façon dont ils nous battent au rugby (rires) !

Votre musique a un côté rock français, sans que cela vienne forcément du chant. On peut penser à des groupes comme Ange, Atoll, Caféïne ou Eclat. Est-ce que vous écoutez des artistes hexagonaux, progressif ou non ?
JP :
C’est bien simple. Avant de monter Nemo, je ne connaissais du progressif français que Ange, et de nom seulement. C’est une façon de dire que ces groupes ne font absolument pas partie des éventuelles influences que l’on pourrait avoir. J’ai depuis essayé de combler ces lacunes en écoutant quelques productions locales. Les artistes français que j’écoute sont plutôt rock comme Daran, Axel Bauer, FFF, Silmarils… Mais ma préférence reste au progressif anglo-saxon.
G : Je ne connais pas le progressif français. Pourtant, on nous en rapproche très souvent. Ce n’est pas une affiliation qu’on revendique, mais étant Français et jouant du progressif, ce doit être évident de nous classer dans cette catégorie.

Quelles sont vos références et influences en matière de progressif ?
JP :
On va parler de références, car il n’y a pas de groupes dont on s’inspire consciemment. Je suis personnellement un fan de Yes, The Flower Kings, Dream Theater, Spock’s Beard, Kansas et bien d’autres, mais je ne pense pas qu’il y ait dans notre musique des éléments qui fassent penser à ces groupes. Et puis je trouve dommageable pour un groupe de vouloir ressembler à un autre. Certes, cela peut être un moteur au début, mais il faut vite essayer de se dépêtrer de ces influences, au risque de toujours rester dans l’ombre.
G : Le progressif, pour moi, n’est pas un style défini. C’est plutôt la plus simple expression de l’ouverture d’esprit. Aussi, tout peut m’inspirer : le hard rock, la world music, les musiques classique et romantique… Le genre progressif est pour moi tellement ouvert que rien ne peut l’encadrer.

JB : Avant Nemo, je ne connaissais rien au progressif. Depuis, j’écoute Nemo (rires).

Les morceaux sont pour la plupart très longs, dépassant souvent les dix minutes. Est-ce un format que vous choisissez au préalable lors du processus de composition ?
JP :
Ça dépend. Pour un morceau comme « Les Nouvelles Croisades », on savait dès le départ qu’on allait faire un titre long. C’est un exercice de style qui nous plait et qui permet de faire exploser toutes les limites. Mais ce n’est pas faire long pour faire long, notre propos est très touffu dans ce titre, et il se tient de bout en bout avec une construction logique. C’est ça qui nous plait : essayer de faire de bons morceaux de dix-huit minutes ! Pour les autres, on ne s’occupe pas de la longueur. On s’arrête quand on a l’impression d’avoir tout dit, et de l’avoir dit clairement. C’est un peu comme construire une phrase ou écrire un livre. Si la phrase est longue mais bien construite, tu la liras deux fois avant de comprendre le sens. Si elle est longue et mal construite, tu n’y comprendras rien.
JB : La longue durée des titres n’est pas une démarche volontaire. Si les morceaux sont longs, c’est que les thèmes abordés demandent à être développés, peu importe la durée.
G : As-tu déjà essayé de mettre une vache dans une bouteille (rires) ? Ceci dit, on peut aussi dire tout ce qu’on veut en trois minutes, et c’est un format qu’on se garde le droit d’utiliser aussi !

Y’a-t-il un titre dont vous êtes particulièrement fier ?
JP :
J’aime tous les titres de Nemo, mais j’ai une petite préférence pour « Les Nouvelles Croisades ». C’est vraiment le travail du groupe, même si certaines parties ont été composées par Guillaume ou moi. Et j’ai l’impression qu’on ne s’ennuie pas jusqu’à la dix-huitième minute, mais ça il faudra le demander aux auditeurs !
G : « La Mort Du Scorpion », partie une et deux. Non que je n’aime pas les autres, loin s’en faut ! Mais ces deux titres montrent tout particulièrement l’ouverture musicale que l’on peut avoir. Et j’en suis fier !
JB : Mon passage préféré est « Confrontation », la deuxième partie des « Nouvelles Croisades », parce que je m’éclate à la jouer !

À la fin de l’album, on trouve une amusante petite pièce onomatopéique. Les membres de Nemo seraient-ils de joyeux drilles ?
JP :
Non, en fait on se fait tellement chier ensemble qu’on est obligé de se chanter des trucs comme ça pour se décoincer (rires)! Tu auras compris que ce morceau est un délire très bête qui nous a tellement faire rire qu’on l’a enregistré. Et puis après une heure de progressif sérieux, ça fait du bien, non ?
G : Ce ne sont pas des onomatopées ! On a fait de la « mouth-guitar » (rires) !

Comment s’est déroulé l’enregistrement de ce nouvel album ?
G :
Mis à part JB qui « punch » n’importe où (NdGreg : le punching est une technique d’enregistrement très prisée par les ingénieurs du son pour reprendre quelques notes jugées imparfaites par exemple, et non le titre entier), impeccable (rires) !
JP : On a enregistré en deux fois, en avril et juillet de cette année, une demi-heure de musique à chaque fois. On a fait comme ça parce qu’on aurait eu du mal à trouver huit jours consécutifs à passer en studio. Mais ce n’est pas plus mal, ça permet de respirer un peu entre les séances. On se marre bien quand on est en studio, même si le boulot est sérieux et qu’on y passe douze heures par jour. Il y a bien quelques tensions de temps en temps, mais on s’entend suffisamment bien pour faire passer ça au second plan. Au niveau travail, on essaie de faire vite et bien car même si on enregistre chez notre ami Olivier Soumaire, qui nous fait un prix forfaitaire intéressant, le temps de studio reste cher. Nous enregistrons tous ensemble, et quand la partie batterie est suffisamment bonne, on fait les retouches instruments, puis le chant. Certains overdubs de guitare et de claviers ont été enregistrés chez moi après coup. Avec le peu de moyens dont on dispose, ce n’est pas évident, mais ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi !
JB : Pour mon premier studio, ç’a été une très bonne expérience, riche en enseignements. Et en plus, tout s’est passé dans la joie et la bonne humeur !

Le travail graphique de Présages est particulièrement réussi. Qui l’a réalisé ?
JP :
Nous avions ouvert un concours pour la réalisation de la couverture du livret, et par l’intermédiaire de Sébastien Monteaud de Crescendo, nous avons pu proposer à Jean Claude Adelmand d’y participer. Même si l’idée de concours ne lui convenait pas, il a été intéressé par notre concept et nous a fait le visuel. Son travail a été formidable, il a vraiment inventé cette pochette d’après les simples explications du concept qu’on lui avait donné. Tu peux y voir le thème de « La Dernière Vague », avec la Tour Eiffel les pieds dans l’eau. Le personnage qu’on voit est en fait le capitaine Nemo qui, avec son monocle hyper-moderne, la Nemolens, peut voir l’avenir. C’est la raison pour laquelle il y a deux vues de Paris : la ville au XIXe siècle, et Paris inondé dans le monocle. Jean-Claude a travaillé par le passé pour plusieurs groupes et pour Musea. Ce mec est un génie, et j’espère qu’il souhaitera encore travailler avec nous dans le futur.
G : On peut dire aussi que les photos du livret ont été réalisées par Valérie Mialon, et qu’elle a fait un super boulot !

JP, tu viens de réaliser un nouvel album solo intitulé Noir & Blanc. Qu’est-ce que t’apporte l’aventure en solo ?
JP :
Je fais de la musique depuis plus de quinze ans, et j’aime composer. Je crée beaucoup plus que ce que demande Nemo, et dans des styles différents, même si je pense que nous sommes capables d’intégrer tous les styles dans le groupe. Depuis 2002, Noir & Blanc est le deuxième album que je sors. Il y en a eu deux autres avant, que je n’ai pas eu l’opportunité de publier. J’ai aussi composé pour mes potes de PH7, un groupe de rock rigolo dans lequel j’ai joué de la basse, ainsi que pour un album de variété pour un chanteur qui n’est pas encore sorti, et j’ai encore plein de musiques qui, si elles ne sont pas utilisées par Nemo, se retrouveront peut-être un jour sur un album de JPL. Le problème est que ça me coûte relativement cher et que mon public n’est pas à ce jour très nombreux. J’attendrai donc d’avoir amorti les dépenses de Noir & Blanc avant de me lancer dans un autre projet.

Que pensez-vous de la scène progressive en France ?
G :
Très restreinte…
JB : Trop restreinte !
JP : Je pense qu’elle n’est en effet pas très développée, et qu’elle a très peu de public. La faute à qui ? Les groupes que j’ai entendus m’ont peu convaincu, et étant moi-même un grand consommateur de progressif, je pense que les passionnés comme moi peuvent se retrouver dans mon discours. De plus, je n’accroche pas au style théâtral d’Ange et consorts, et vu que c’est la première référence de la plupart des groupes français, ça n’arrange rien pour moi ! Il existe cependant sans doute des groupes excellents que je n’ai pas l’honneur de connaître ! J’ai par contre écouté une partie du deuxième album de Lord Of Mushrooms et je pense que musicalement, ces gars peuvent prétendre jouer dans la cour des grands, mis à part deux petites critiques que je leur fais de façon amicale : le chant en anglais qui, bien que très bon, me gêne un peu au niveau de l’accent – mais je suis très difficile – et l’influence de Dream Theater qui est à mon goût encore trop présente.

Comment faites-vous votre chemin dans ce milieu ? Comment vous organisez-vous pour vous promouvoir, trouver des concerts, des financements pour vos albums ?
JP :
On fait tout nous-mêmes, ce sont les joies de l’autoproduction ! En même temps, nous avons le contrôle total de tout ce qui touche à Nemo : musique, visuels, prix des disques, etc. La galère, c’est pour la distribution. Je pense qu’il va être impossible pendant longtemps de se procurer nos albums en magasin. Pour la vente, nous travaillons avec les VPCistes spécialisés qui ont leur clientèle, nous vendons aussi directement grâce à notre site internet, et seuls trois disquaires en France ont nos albums en bac ! Tout cela aurait donc été impossible avant internet ! Pour la promo, on a la chance qu’il existe un réseau assez dense de parutions et de sites comme Progressia, ce qui permet de toucher les amateurs de progressif les plus assidus. Pour les autres, il faudra attendre qu’on passe à la télé ! Pour les concerts, nous en avons fait dix en dix-huit mois. Il existe quatre festivals de progressif en France, et une fois qu’on les aura tous fait – c’est un appel ! – il nous restera à aller jouer sur la Lune. Ou alors, il va nous falloir vendre tant d’albums que tous les organisateurs nous demanderont à prix d’or. Tu vois le fond du problème ? Pour ce qui est du financement de nos albums, le premier a été payé en partie de notre poche, avec les revenus des concerts et des réservations. Présages nous a posé plus de problèmes, car il nous a fallu dépenser les gains du premier album dans l’achat de matos indispensable. Mais on s’en est sorti, notamment grâce aux pré-ventes. Le fonctionnement par souscription est une obligation pour nous. Sans elle il n’y aurait pas de disques de Nemo ! En un mot : c’est dur ! Mais quand on a la foi…
G : Bref, on fait du mieux qu’on peut avec le peu que nous avons ! Et je trouve que nous nous en sortons pas trop mal !

Quels sont vos projets ? Avez-vous des concerts en prévision ?
JP :
Pas de concerts à l’horizon, mais on espère bien faire quelques festivals l’année prochaine. On étudie toute proposition d’ailleurs, si vous avez des plans sur Paris ! Il faut voir le bon côté des choses, ça nous laissera le temps cet hiver de composer le troisième album !
JB : J’aimerais bien aller jouer à l’étranger, parce que certains pays ont l’air plus réceptif à la musique qu’on joue…
G : On a déjà commencé à écrire la suite de nos aventures, avec plus d’avidité que jamais ! Et c’est tout ce qui importe !

À quels pays pensez-vous lorsque vous dites « plus réceptif » à votre musique ?
JB :
Les ventes de disques de progressif ont l’air bien plus importantes en Allemagne, en Suède, et même dans les pays d’Amérique du Sud. C’est là que je veux aller. Jouer au Mexique avec Cast en première partie (rires) !

Et peut-on en savoir plus sur les prochaines aventures de Nemo ?
JP :
Nous avons commencé à bosser sur deux nouveaux titres. Et ça commence fort ! Mais c’est quand même beaucoup trop tôt pour en parler !

Qu’écoutez-vous ces derniers temps ?
JP :
J’écoute du progressif, du hard rock, bref, ce que j’ai toujours écouté ! Porcupine Tree, A.C.T, The Flower Kings, Anglagard, Deep Purple, et Dream Theater sont des groupes qui tournent souvent sur ma platine. Grâce à mon amie j’écoute aussi le dernier Radiohead, Björk, et tout un tas de trucs français que je n’apprécie pas forcément…
G : J’attends le 11 novembre avec impatience car c’est la sortie du nouveau Dream Theater ! Sinon je retombe dans la folie des années 70… mais pas le disco (rires) !
JB : Le dernier Tryo, Candy Dolpher…

Avez-vous quelque chose à ajouter à cet entretien ? Un petit mot pour nos lecteurs ?
JP :
Je voudrais remercier toute l’équipe de Progressia qui nous a permis de sortir un peu de l’ombre, tous ceux qui ont pris le risque d’acheter notre premier album sans connaître et qui ne le regrettent pas, et plus généralement tous ceux qui font vivre le rock progressif en France, par quelque moyen que ce soit. J’ai aussi envie de dire que notre musique est sincère, qu’elle n’est sans doute pas parfaite, mais que nous y mettons tout notre coeur. Ça vaut la peine d’y jeter une oreille, non ?
G : Achetez vite notre nouvel album ! On ne sait pas ce que l’avenir nous présage (rires) !
JB : Merci à tout le monde, et faites nous un coucou sur le site !

Propos recueillis par Greg Filibert

site web : http://www.nemo-world.com/

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