Streven Wilson (Porcupine Tree) – Steven Wilson (Porcupine Tree)
Origine : Royaume-Uni
Style : Rock progressif
Formé en : 1987
Line-up :
– Steven Wilson (chant, guitare)
– Colin Edwin (basse)
– Richard Barbieri (claviers)
– Gavin Harrison (batterie)
Dernier album : In Absentia (2002)
Steven Wilson a d’abord marqué le début de l’année avec In Absentia, puis en donnant des concerts à travers l’Europe. C’est à l’occasion de la date parisienne du groupe que nous l’avons rencontré pour évoquer Porcupine Tree, désormais signé sur une Major, mais aussi ses différents autres projets en tant qu’auteur-compositeur, interprète ou producteur, sa carrière déjà riche et son rapport à la musique à travers vos questions, postées sur le forum de Progressia.
Progressia : Merci d’avoir accepté cette interview constituée des questions de nos lecteurs. Commençons par une interrogation en forme d’hommage, postée sur notre forum : il a été dit que Porcupine Tree était l’un des rares groupes contemporains à pouvoir proposer un album intemporel. Quelle est ta réaction à cette remarque ?
Steven Wilson : C’est – sans prétention – définitivement ce que nous souhaitons atteindre. Sans doute chaque musicien cherche-t-il à accomplir cela, d’ailleurs. Il n’y a aucune utilité pour un musicien à être nostalgique. La musique progressive – si l’on ne parle que de l’aspect progressif de Porcupine Tree – se caractérise nettement par une volonté d’emprunter à tous les courants musicaux pour créer un nouvel aspect, en forme de synthèse, de la musique. Tu peux emprunter au jazz, au rock : des groupes comme Pink Floyd ont par exemple emprunté des caractéristiques du blues ! Un musicien progressif peut aujourd’hui prendre son inspiration du trip-hop au death metal, au nu-metal, à tout ce qui est disponible à cet instant précis, et synthétiser tout cela, transcender les styles, ce que les groupes de progressif originels faisaient.
L’erreur que beaucoup de groupes progressifs font de nos jours consiste à sombrer dans la nostalgie, le passéisme. Ils se réfèrent pour l’essentiel à des époques révolues tandis que nous souhaitons, au sein de Porcupine Tree, rappeler ce qui se fait en 2002 ou 2003 – dans le cas d’In Absentia. Nous ne voulons pour autant pas rester attachés à quelque mode ou genre particulier, afin de n’être pas totalement tributaire d’une époque et de rester actuels, pourquoi pas, dans cent ans ? Pour aller dans ce sens, un effort est porté sur les paroles afin qu’elles restent suffisamment universelles et ne vieillissent pas trop.
Cela signifie-t-il que lors de l’écriture d’un titre, ou plutôt d’un album, tu prends cette notion d’intemporalité en compte ? (NdRC : Steven Wilson nous avait déjà dit, lors d’une interview précédente, considérer chaque album comme un tout en soi et non comme une addition de titres. Ses raisonnements sur son œuvre se font donc sur la base d’un disque complet)
Oui, mais tu n’en est pas vraiment très conscient. Je crois que la musique que ‘fabrique’ Porcupine Tree, celle que j’écris, naît de façon très organique. Il ne s’agit en aucun cas de s’asseoir et se dire « Alors, qu’allons-nous faire aujourd’hui ? Prenons un peu de Massive Attack, un peu de Korn, un peu de Tool, et mixons tout ensemble » . Le phénomène se produit de façon bien plus naturelle que cela. Je considère que l’une des raisons justifiant la fraîcheur, la capacité à évoluer de la musique de Porcupine Tree, réside dans le fait que je suis un très grand fan de musique et de nouveauté dans ce domaine. Aussi, si tu recherches perpétuellement du neuf – pas seulement dans la musique mais aussi dans le cinéma, la littérature – et si tu observes perpétuellement ce qui se passe autour de toi, dans la vie de ton entourage, de ta famille, de tes amis, dans ta propre vie, bref : tes relations au monde, et si tu te laisses digérer ces éléments – bien sûr à travers le filtre de ta personnalité – ton inspiration reflètera le tout. Voilà qui revient à dire que, personne n’ayant les mêmes influx, le même vécu, chacun devrait produire quelque chose d’unique.
Ce n’est donc pas quelque chose que j’analyse vraiment. Je crois simplement que si je reste fidèle à moi-même, que je ne commence pas à écrire spécifiquement pour les fans, les maisons de disques ou les média mais vraiment pour moi, alors, en théorie, la musique que je crée devrait être unique et proposer une perspective unique.
Un DVD est-il prévu dans un futur proche ?
C’est un sujet que nous avons abordé entre nous récemment et nous avons effectivement émis l’idée de nous filmer en tournée. Ce ne sera sans doute pas pour cette fois, durant cette série de concerts, mais probablement plus tard dans l’année. Nous souhaitons vraiment, en tous cas, concrétiser ce projet.
Et un live extrait de cette tournée ?
J’avoue ne pas y avoir vraiment réfléchi ! Pour être honnête, je pense que si nous sortions ce DVD dont nous parlons, ce serait redondant par rapport à un album live. De fait, pour un DVD, nous serions attentifs aux conditions de sa réalisation, à la qualité de l’ambiance, et le son se devrait d’être vraiment très bon. Disons que ce DVD fera bien office de live.
A propos de tournée, nous avons une question d’un fan canadien : allez-vous passer à nouveau par le Québec ?
Bien sûr ! Nous avons passé de très bons moments au Canada ! Nous serons en Amérique du Nord en juillet 2003, et bien entendu ceci implique quelques dates canadiennes.
Tu as annoncé il y a quelques temps que tu pensais fonder un groupe plutôt orienté metal, ou au moins un projet. Est-ce toujours d’actualité ?
J’ai écrit beaucoup de musique très heavy, peut-être même trop pour Porcupine Tree, et c’est entre autres ce qui m’a poussé à croire en la possibilité d’un nouveau projet pour explorer ce domaine musical. J’aimerais beaucoup monter un tel projet et nous en avons parlé avec Opeth, plus particulièrement avec Mikael Ackenfeld (NdRC: dont Steven a récemment produit les albums Deliverance et Damnation). Nous mettrons cela sur pied dès que nous aurons un peu de temps. Mikael est très emballé par l’idée de faire quelque chose en dehors d’Opeth, et ça m’attire aussi beaucoup. C’est vraiment une question de temps : Porcupine Tree marche si bien qu’il est vraiment difficile de dégager un moment pour autre chose (rires) ! Lorsque la tournée sera terminée, sans doute aurai-je un peu plus le loisir de réaliser ce projet.
Peux-tu nous faire part de quelques noms, hors celui de Mikael, que tu souhaiterais voir figurer dans ce projet ?
C’est difficile, car cela ne concerne réellement aujourd’hui que Mike et moi, en tant que compositeurs. Pour le reste, nous ferons sûrement appel à des musiciens de studio. Nous n’avons pas réellement envisagé de tourner, etc. Il s’agit simplement d’un projet pour un album.
Quelques mots sur O.S.I. ? Qu’y as-tu trouvé ? (NdRC: le projet Office of Strategic Influence comprend Kevin Moore, Mike Portnoy, Jim Matteos et Sean Malone. Steven y a fait une incursion sur un titre, “ShutDOWN”, en tant qu’auteur-interprète.)
Je peux en parler, mais pas plus de quelques mots car je n’y ai pas largement contribué. En fait, Jim Matteos, le meneur du projet, m’a fait une proposition de travail il y a longtemps, à laquelle j’avais répondu par l’affirmative, dans le genre : “pas de problème, tiens moi au courant”, etc. Il m’avait ensuite envoyé quelques démos, les premières versions de certains titres, sur lesquelles je n’avais d’ailleurs pas vraiment accroché, car je trouvais que cela sonnait vraiment progressif, au sens nostalgique, vieilli du terme. Je n’étais pas intéressé. Puis ce gars de Chroma Key, Kevin Moore, est intervenu, et ce projet s’est alors beaucoup rapproché de mes goûts, acquérant de la profondeur, de la nouveauté. Jim m’a envoyé de nouveaux morceaux et j’ai alors répondu que j’aimerais contribuer.
Cependant, l’enregistrement a eu lieu alors que nous étions en plein milieu d’In Absentia et je n’avais pas beaucoup de temps. Je n’ai donc pu chanter que sur un seul titre et c’est vraiment dommage, car j’aime beaucoup cet album, je le trouve très bon. Cette collaboration a de plus été très plaisante.
Le fait de travailler avec des gens qui, comme toi, sont très impliqués dans l’écriture et la production, t’a-t-il apporté quelque chose ? Qu’a donné la confrontation de vos méthodes de travail ?
Le fait de travailler avec Opeth a eu cet effet : comme il s’agit d’un groupe de metal que l’on peut qualifier d’extrême et que je n’avais jamais réellement produit de groupes de ce style, j’ai beaucoup appris au fur et à mesure que je leur apportais moi-même mes méthodes d’enregistrement. J’ai ainsi appris à enregistrer des guitares ou une batterie vraiment brutes et, quand je réécoute In Absentia, je peux tout à fait retrouver l’impact d’Opeth et de ce travail de production. Cela a sans conteste contribué à l’énergie, à la force de ce disque.
Tu montes aussi un projet nommé Blackfield, avec le musicien israélien Aviv Geffen (NdRC: né en 1973, Aviv Geffen est un artiste provocateur, très en vogue auprès de la jeunesse israélienne. Il est aussi le neveu du général Moshe Dayan, homme politique aujourd’hui disparu). Peux-tu nous en dire plus ?
Aviv est l’un de mes meilleurs amis, et c’est une superstar en Israel. J’adore le retrouver là-bas, j’ai vraiment l’impression d’accompagner David Bowie ou quelqu’un de ce gabarit : lorsqu’il sort dans la rue, les filles s’évanouissent ! C’est vraiment fascinant, j’aime beaucoup ! Tout le monde lui court après et c’est très amusant d’assister au phénomène à ses côtés. Hors cela, c’est un très bon ami et un excellent auteur-compositeur. Mais toute sa musique sonne très hébraïque, ce qui fait qu’il n’a jamais réellement percé hors du marché israélien.
Je trouve ses mélodies et ses morceaux superbes, et nous avons commencé à travailler ensemble il y a déjà longtemps, traduisant notamment ses textes en anglais afin que je chante des versions anglaises de certaines de ses chansons. Puis nous avons commencé à écrire de nouveaux titres, nous avons monté un projet et tout est venu très naturellement. Son label a commencé à s’y intéresser, nous avons eu beaucoup de retour vantant la qualité de notre collaboration, mais nous avions du mal à nous imaginer finir un album au cours de ces dix-huit derniers mois, durant lesquels nous avons beaucoup travaillé. Cependant, si tout se passe comme prévu, nous devrions enfin y apporter la touche finale dans les mois à venir.
Il est difficile de définir ce que ce disque contiendra. Je le présenterais probablement comme étant la facette la plus… ‘épique’ de Porcupine Tree. Je n’entends pas l’aspect épique de titres comme “Dark Matter” ou “Stars Die”, avec de la guitare acoustique, assez loin du heavy. Si tu es fan de cet aspect du Tree, alors tu aimeras sûrement. Nous n’avons par contre pas encore arrêté de date de sortie, car Aviv a une carrière bien remplie et je suis moi-même très occupé. Il nous reste deux titres à finir et j’espère que le disque sera disponible cet été. A propos d’Aviv, il chante d’ailleurs quelques chœurs sur In Absentia.
Quelle est ta position vis-à-vis de l’exploitation de ton back catalogue par Delirium, ton ancienne maison de disques ?
(rires gênés) Humm… Ok… (NdRC: devant sa gêne, nous proposons à Steven de passer à une autre question, mais il insiste alors pour répondre) Je suis en plein travail de refonte totale du back catalogue, et Delirium me met énormément de pression sur les épaules afin que j’ajoute des titres bonus sur les albums, etc. Ils voient cela du côté commercial : si tu ajoutes du bonus, tu vends plus de copies du disque.
Je ne pense pas que ce soit la meilleure chose à faire et qu’il faille à tout prix changer la structure, la ‘forme’ de l’ensemble constitué par l’album en forçant l’intégration de matériel supplémentaire. Je ne souhaite vraiment pas, par exemple, modifier la structure de Signify, parce que j’adore la forme de l’album tel qu’il est, tandis que lorsqu’il s’est agi de transformerThe Sky moves Sideways en double-album, cela me déplaisait moins car je n’ai jamais été totalement heureux de sa forme. Pour moi, la possibilité d’ajouter, disons « Stars Die », qui n’était pas sur le disque à l’origine, ou une version ‘edit’ du morceau-titre – à l’origine, le morceau-titre devait d’ailleurs couvrir tout l’album, et nombre d’extraits ont été retirés – ont été une opportunité intéressante de refaçonner l’album et en faire une édition disons… définitive. C’est le côté positif de la chose. Mais comme je le disais, il y a aussi un côté négatif : Delirium me demande d’ajouter des bonus à des albums qui s’en trouvent alors à mon sens altérés. Parfois, ces titres supplémentaires jurent avec le reste du disque. Je ne veux pas me comparer avec des sommets, mais c’est un peu comme si tu ajoutais des titres à Sergent Pepper’s… ou Dark Side of the Moon. Ça ne voudrait rien dire : chaque album a une forme, sous laquelle chacun le connaît. J’ai donc comme un conflit avec eux sur le sujet. Mais je ferai des concessions, eux aussi, et souhaitons-le, nous arriverons à un bon compromis quant à la refonte de ce back-catalogue.
De quel LP – hors l’œuvre de Porcupine Tree – es-tu le plus fier, en tant que compositeur et en tant que producteur ?
En tant que compositeur, je dirais le nouveau No-Man (Together We’re Stranger), dont je suis très fier : c’est vraiment notre meilleur disque. J’ai aussi un autre projet, Bass Communion, et je suis très content de notre deuxième album. En tant que producteur, je parlerais plutôt duDamnation d’Opeth, qui est vraiment un disque… fantastique, ainsi que du troisième disque d’Anja Garbarek, sorti chez Virgin en 2001, un peu une sorte de Björk.
Sur quel disque – s’il y en a un – souhaiterais-tu revenir et changer quelque chose si c’était possible ?
Downstair, le second album de Porcupine Tree, me pose un peu problème : je crois que nous allons refaire toutes les parties batterie, qui sont pour l’instant programmées sur une machine. Ce disque contient de bons titres, qui sont gâchés par cette boite à rythme. Comme j’ai l’occasion de pouvoir le faire, j’aimerais remplacer toutes ces parties synthétiques par une vraie batterie, remixer l’album intégralement et nous devrions alors en arriver à une version vraiment finalisée.
Il semble que tu sortes beaucoup d’éditions limitées, de collectors. Tu as eu vent de beaucoup de gens collectionnant tes travaux ?
Il semble que oui ! Il y a quelques personnes qui le font, ce que je comprends : je collectionne moi-même beaucoup de disques, d’éditions rares, limitées, et tout ce genre de choses. C’est un peu ce que je voulais pour Porcupine Tree, l’image que je souhaitais que nous ayons ; je ne suis pas très fan de ces groupes qui sortent un album tous les deux ans et rien du tout entre-temps. Je crois que les fans aiment bien avoir une sorte de renouvellement, des choses à acquérir et à découvrir de façon presque constante, le côté « j’ai écouté l’album pendant plusieurs mois, et maintenant ? Il doit bien y avoir une édition limitée d’un live, ou des faces B ou… », tu comprends ? J’aime ça, le côté prolifique, pour les auditeurs.
Il paraît que toi-même, tu es un bon client pour les magasins de disques ? Quelles oeuvres collectionnes-tu d’ailleurs ?
Je ne sais pas si tu connais le label anglais, Warp Records. Ils ont signé Aphex Twin, Autechre, Square Pushers… C’est de la musique électronique. Je collectionne tout ce que font ces groupes, ainsi que Boards of Canada, Plaid… Je collectionne aussi du jazz, comme Miles Davis. Si j’aime un disque, je veux tout avoir de l’artiste ; je suis de ce genre de personnes ! Même si le reste n’est pas bon, j’ai besoin de connaître d’où vient l’artiste au moment de ce disque, où il est ensuite allé, remettre l’album dans le contexte d’une œuvre. Je finis en général par collectionner la totalité du catalogue, et ça va de l’électronique à Slayer.
Tu apprécies visiblement de considérer toutes choses comme un ensemble: on l’a vu avec la ‘forme’ des albums, maintenant avec ce principe consistant à collectionner l’intégralité du catalogue des artistes dont tu aimes une œuvre…
Tout à fait ! Je suis fasciné par le contexte ! Pour tout chef d’oeuvre, je me demande ce qui l’a créé, quel est le chemin parcouru ? Quel est son rôle dans l’ensemble de l’œuvre ? Regarde Abba, par exemple : c’est l’un des groupes pop les plus célèbres, l’un des meilleurs. Chacun connaît ses tubes, et dans l’esprit des gens, ils ne sont pas réellement un groupe qui a produit des albums, mais un groupe à singles. J’ai acheté leurs albums pourtant, je voulais savoir ce qu’il y avait à côté des tubes planétaires, ce dont personne ne parle : il y a quelques titres superbes ! Je veux savoir ce qu’il y a derrière l’aspect populaire, connaître tous les facettes de l’histoire.
Il semble que All That You Are n’est pas exactement sorti dans les conditions que tu souhaitais, notamment en termes de prix et de packaging.
C’est exact. Ces pistes sont des reliquats de Returning Jesus, non pas dans le sens où elles sont d’une qualité moindre que ce qui se trouve sur cet album, mais elles ne correspondaient pas, ne formaient pas un tout avec le reste, ça n’était pas homogène. Elles ont aussi quelques années maintenant. Cependant, la maison de disques nous a mis un peu de pression pour les sortir et nous nous sommes dit « OK, allons-y, sortons ce CD comme un beau EP, à 4 ou 5 Livres (NdR: env. 6 à 7 Euros) dans un beau digipack ». Et puis tout cela a changé petit-à-petit : nous ne pouvions pas nous permettre un digipack, alors nous avons pris un boitier simple, et le disque a fini en magasin à environ 8 ou 9 Livres (12 à 14 Euros) pour quinze minutes de musique, ce qui ne me paraît pas bien, vraiment.
Revenons à Porcupine Tree : il semble que tu sois le principal, voire le seul compositeur. Les autres proposent-ils aussi des titres ? Souhaites-tu qu’ils le fassent ?
Il leur arrive de le faire. La difficulté vient du fait que je pense aux disques en tant qu’ensemble homogène et fini, et il est vraiment difficile, une fois que je commence à écrire, de s’immiscer avec des titres ou de la musique qui puisse s’inscrire de façon naturelle dans ce tout. Ce n’est sans doute pas étranger au fait que Porcupine Tree a débuté en tant que projet solo : le « son », toute l’idéologie du groupe en un sens, la culture du groupe était déjà en place avant même que les autres ne me rejoignent. Il était donc d’emblée difficile d’écrire de la musique sonnant à la manière de Porcupine Tree, dans l’esprit du groupe tel que je le concevais. Il est très rare que l’un des members du groupe arrive, spontanément, avec de la musique portant le cachet Porcupine Tree. C’est difficile à expliquer. Il ne leur est pas facile d’écrire de la musique qui soit spirituellement et « idéologiquement » proche de Porcupine Tree. Pourtant, j’aimerais beaucoup que cela se produise, car c’est parfois un fardeau de tout écrire seul (rires).
Tu as l’air plus confiant, et aussi plus impliqué dans les textes aujourd’hui. Te sens-tu plus à l’aise dans ce domaine ?
Oui (réponse franche et massive) ! C’est réellement une question de confiance en moi, que j’ai acquise sur les derniers albums et qui me permet d’exprimer ce que je veux, ce que je pense pertinent et universel. J’essaie vraiment d’écrire des choses universelles, de façon à ce que les gens puissent en appeler à la musique avec leurs propres références.
Beaucoup de titres et de versions alternatives ont été mises de côté lors de la sortie d’In Absentia . Que vont-ils devenir ?
C’est exact. Il s’agit d’ailleurs de choses très différentes : musiques de film, morceaux, etc. qui sortiront en tant que B.O. ou EP, ou qui seront disponibles au téléchargement, etc. Quelques titres sortiront eux sur un mini-album de No-Man, nommé Cover Version. J’ai vraiment beaucoup écrit pour cet album, mais tout ça sortira un jour ou l’autre, sauf ce qui est vraiment à ch**r (rires) ! Il n’y a pas d’inquiétude à avoir.
Il faudra que tu expliques à tes fans ce que tu appelles de la musique à ch**r, ça devrait en intéresser quelques uns ! (rires) Prévois-tu sinon de sortir un jour un concept-album à la Brave de Marillion ?
En fait, pas réellement. Le problème avec les concepts, c’est que tu es très attaché à l’histoire, dont tu dépends… Et j’aime traiter mes albums de façon à ce qu’ils sonnent le plus musicaux possible. Si j’ai dix titres disponibles pour un disque, j’aime chercher à créer le meilleur rendu musical, la meilleure architecture, la séquence qui donnera à l’auditeur le meilleur voyage possible. Si tu dois te tenir à une histoire, une narration, alors il n’y a plus qu’un ordre possible, et cet ordre n’est peut-être pas le plus satisfaisant musicalement parlant. Parfois, ce n’est qu’à la fin de l’enregistrement que les morceaux du puzzle se mettent vraiment en place, tandis que si tu suis un concept, il n’y a qu’un moyen de finir le puzzle, mais ce n’est pas forcément celui qui rendra le mieux à l’écoute.
Ton opinion sur Sigùr Ros ? As-tu l’intention de travailler avec eux, en tant que producteur par exemple, ou musicien ?
J’adorerais travailler avec eux mais je ne suis pas sûr qu’ils aient besoin de moi ! J’aime beaucoup leur dernier album, il est vraiment exceptionnel.
Quelles sont tes références musicales ces derniers temps ?
C’est difficile à dire, car ça change tout le temps… Pendant l’écriture d’In Absentia, j’écoutais beaucoup de metal, d’électronique, de jazz et d’ambient. J’écoute beaucoup d’enregistrements de fonds sonores, de phénomènes naturels : chutes d’eau, bruits d’émission d’ondes radio de courte fréquence : j’ai un coffret de quatre CD d’ondes courtes ! Il y a beaucoup, autour de nous, de sons bien plus musicaux qu’il n’y paraît, parfois plus musicaux que la musique elle-même ! Et j’absorbe tout, tout le temps. En ce moment j’écoute beaucoup… le dernier Sigùr Ros, le dernier Massive Attack, de l’ambient, Abba – je suis complètement dedans en ce moment et ils sont monstrueux en termes de production ! Personne n’a écrit de mélodie pop aussi bonnes que les leurs, il n’y a que les Beach Boys ou les Beatles pour atteindre ce niveau !