Pain of Salvation – Pain of Salvation



Origine : Suède
Style : Metal progressif
Formé en : 1985
Line-up: D. Gildenlöw (chant, guitare), F. Hermansson (claviers), Johan Hallgren (guitare), Johan Langell (batterie), Kristoffer Gildenlöw (basse)
Dernier album : The Perfect Element (2000)

2002 aura été une année faste pour Pain Of Salvation. Après avoir sorti Remedy Lane et tourné en ouverture de Dream Theater en Europe, le gang de Daniel Gildenlöw a écumé les festivals. Nous avons profité de la présence du groupe à la RaismesFest pour savoir quels étaient les projets de POS…

Progressia : Pain Of Salvation a ouvert pour Dream Theater sur leur tournée européenne. Quel bilan dresses-tu ?
Daniel Gildenlöw (Guitares et Chant) :
Le feedback m’a paru très bon, à chaque concert. Nous appréhendions un peu le début de chaque prestation, parce qu’on ne sait jamais comment vont réagir les fans de Dream Theater. Lors de la première chanson, le public était généralement sceptique mais après le troisième titre, ils cernaient un peu mieux notre musique et se lâchaient un peu plus. Chaque soir, nous retournions au charbon, si je puis dire, pour essayer de séduire les fans de DT. Cette expérience a été très intéressante, et nous savions très bien que nous n’avions rien a perdre. C’était donc positif de voir les fans passer de l’ignorance – pas dans le sens négatif mais dans celui où ils n’avaient jamais entendu parler de POS – à la découverte et l’appréciation de notre musique.

Comment avez-vous établi la setlist ? J’imagine que le choix était difficile. Vous avez un grand nombre de classiques, comme « ! (foreword) », « People Passing By » ou « Nightmist »…
Ce n’est pas facile de passer d’un concert en tête d’affiche, où tu disposes de deux heures pour trois albums, à quarante minutes de première partie avec quatre disques à ta disposition. Nous avons laissé le naturel parler à notre place mais nous nous sommes aperçus qu’après une première setlist nous arrivions à 1h30 de jeu (rires) ! Il a donc fallu encore épurer, et ce fut un vrai casse-tête. Mais de temps en temps, on rajoutait un titre ici ou là (rires).

Peux-tu nous parler du dernier concert de la tournée à Barcelone ?
Oh là ! Il s’est passé pas mal de choses à ce concert (rires). Nous sommes équipés d’ear monitors (systèmes de retour dans les oreilles). En commençant notre set, nous entendions des voix dans nos retours : c’étaient celles des gars de Dream Theater… Facile de les reconnaître tellement certains chantent faux (rires) ! C’était assez dur de se concentrer en ayant de telles horreurs dans les oreilles (rires). Johan Langell s’est également fait « piéger » sa batterie : ils avaient mis du talc sur sa caisse claire et sur ses fûts, ce qui provoquait un nuage blanc à chaque coup. Ils avaient également mis de l’eau sous le pied de caisse claire de manière à le rendre instable. Fredrik en a vu des vertes et des pas mûres lui aussi (rires). Les roadies avaient scotché les touches de ses synthés, mais il s’en est aperçu à temps et a pu tout enlever avant le concert. Sur un plan « musical », Mike Portnoy, le batteur de DT, est monté sur scène avec nous pour jouer une version pour le moins spéciale d’ « Ashes »… puisque nous l’avons jouée en mode majeur. Il s’est même pointé sur scène en peignoir, incognito, et nous a balancé du raisin (rires). Malgré ce que je viens de te dire ce fut néanmoins un excellent souvenir.

Parlons de l’avenir. Une question me brûle les lèvres ainsi que celles de nombreux fans : votre prochain album sera-t-il The Perfect Element #2 ? A vrai dire, nous ne savons pas encore, mais à priori ce ne sera pas The Perfect Element #2. En effet, j’ai une idée pour un nouveau concept (NdDan : tiens donc, quelle surprise !). C’est devenu, avec le temps, notre marque de fabrique (rires). Le challenge avec ce nouvel album serait de faire en sorte que, bien que cela soit un concept, l’auditeur puisse dissocier chaque chanson. J’aimerais faire en sorte que le disque ait un double rôle : à la fois concept album et recueil de nouvelles. Ainsi l’auditeur, pourra aussi bien apprécier un titre plus qu’un autre et en même temps aimer la totalité du disque. C’est un peu comme Star Wars en fait ; même si l’Attaque des Clones se passe avant l’époque de Darth Vader et la Garde Impériale, il n’y a pas le même feeling parce que tu connaissais la Garde Impériale auparavant. Donc les grandes lignes directrices sont déjà présentes. Cela explique que beaucoup de fans aiment « Ashes » ou « Undertow » plutôt qu’un album dans son intégralité.

Quand peut-on espérer la sortie de cet album ?
(Eclats de rire) Ma réaction peut paraître surprenante mais ne te méprends pas : nous ne savons pas trop, en fait. En ce moment c’est un peu compliqué autour de Pain Of Salvation et pour le moment, il nous est difficile de planifier une date de sortie pour cet album. Il se passe vraiment beaucoup de choses et je suis vraiment désolé de ne pouvoir te donner une meilleure réponse. Tout ce que je peux te dire c’est que j’ai déjà la trame principale, voire une espèce de « storyboard » pour ce qui est des paroles.

Récemment, le groupe a été impliqué dans une adaptation de Jesus-Christ Superstar en Suède. Je sais que tu es un fan ultime de cette comédie musicale. As-tu donc ainsi, réalisé un rêve de gosse ?
Oui, mais le vrai rêve de gosse aurait été de pouvoir tout gérer de A à Z, parce que tu trouveras toujours des points de divergence en termes de mise en scène, d’arrangements et d’interprétation. L’adaptation à laquelle nous avons pris part a beaucoup perdu en profondeur et en subtilité, un peu comme ce que Peter Jackson a fait avec Le Seigneur Des Anneaux. Ceci dit, je sais pertinemment qu’avec ce que je viens de dire je risque de provoquer quelques colères (rires).

Tant qu’on y est qu’as tu pensé du Seigneur Des Anneaux ?
Honnêtement (rires) ? Je crois que 99 % des gens sur cette planète vont me détester quand ils liront cela : je n’ai pas aimé le film. Pourtant je suis un fan du livre, mais je n’ai pas retrouvé cette ambiance dans le film.

Revenons un peu plus en détail sur tes implications dans plusieurs side-projects. Parle-nous de tes apparitions sur Genius (opéra metal de Daniele Liverani, clavieriste d’Empty Tremor) et sur Unfold The Future, le dernier album des Flower Kings…
Pour Genius, j’ai reçu un e-mail de Daniele souhaitant vraiment ma présence sur son projet qui, je crois, se décline sur trois disques. De plus, il y a quelques noms assez prestigieux. J’ai accepté, pour voir un peu l’autre coté de la médaille : comme je fais presque tout dans POS, j’ai voulu voir ce que cela faisait de se voir dicter des directives par quelqu’un. Je chante en lead sur deux titres, mais le principe de base du disque est que l’interactivité entre les chanteurs dans les morceaux eux-mêmes prime sur le fait que chaque chanteur soit présent sur un titre. Musicalement, ce n’est certes pas le genre de musique que j’écrirais ou que j’écouterais à longueur de journée (rires) mais c’est toujours intéressant de voir ce que l’on peut faire quand ce sont d’autres personnes qui composent.

Le fait est que tu as accepté de chanter sur ce disque… Tu as donc du apprécier la musique de Daniele ? Oui, mais je n’ai entendu que les titres que je chantais… J’espère que le reste de l’album n’est pas à jeter (rires). Mais sincèrement, je ne crois pas. Quant aux Flower Kings, Roine m’a contacté pour me proposer de chanter sur son album… Rien de plus simple. Et je pense que The Flower Kings est de loin le groupe de progressif le plus intéressant du moment.

Penses-tu à l’avenir t’impliquer dans de plus nombreux side-projects ?
Tu sais, je m’appliquerai toujours plus dans mon propre groupe que dans un projet annexe. Le bon coté des side-projects est que tu peux échanger des idées et des points de vue avec la personne qui te demande de participer à son projet.

Un mot sur ton éviction du projet OSI (Office of Strategic Influence, side-project de Mike Portnoy, Jim Matheos, Sean Malone et Kevin Moore auquel Daniel devait prendre part) ?
Je crois que Mike Portnoy était aussi déçu que moi que je ne sois plus de l’aventure. Je ne peux avoir qu’une approche très subjective du sujet… Je pense que cela aurait été plus intéressant de voir ma contribution figurer sur l’album. Pour ma part, je pense que l’essence même d’un album repose sur les lignes de chant. Je crois que Jim Matheos a souhaité au dernier moment avoir une atmosphère vocale à la Chroma Key. Or, avec Kevin et moi-même sur un même disque, la gestion des types de chant aurait été difficile. Il est vrai qu’en termes de publicité, Pain Of Salvation aurait gagné de nouveaux fans, mais je ne crois pas que l’auditeur qui ne connaît pas POS puisse se faire une idée de notre musique avec ce projet.

Si tu avais ton propre side-project, qui choisirais-tu ?
Très sincèrement, si je ne peux pas faire appel aux autres membres de Pain Of Salvation, je pense que je ferais tout moi-même. (réfléchissant) Je crois que qu’il serait intéressant de bosser avec Dalbello au chant, et je prendrais la batterie. En revanche, faire appel à des musiciens venant du metal progressif serait la dernière chose qui me viendrait à l’esprit. Je préférerais bosser avec des musiciens venant du jazz, du funk. L’idéal pour moi serait de faire se rencontrer des musiciens venant de différents horizons musicaux.

Qu’as-tu écouté ces derniers temps ?
(réfléchissant longuement) J’ai récemment bien été branché par System Of A Down et leur dernier album, Toxicity. Hormis cela, j’ai également écouté les albums de Tori Amos, du moins jusqu’à Songs From The Choir Girl hotel. J’aime beaucoup découvrir de nouveaux groupes, qui apportent un peu de neuf dans le paysage musical.

La scène metal suédoise est de plus en plus importante. De plus en plus de groupes comme Evergrey, Hammerfall, In Flames émergent et font carrière en Europe. Y a-t-il, selon toi, un syndrome suédois ? Faut-il être Suédois ou jouer dans un groupe suédois pour réussir ?
Je ne sais pas… Tu sais, je n’ai jamais été autre chose que Suédois (rires). Je ne pense pas que cela ait à voir avec un problème de nationalité. Si tu aimes le metal progressif et que tu vis en Suède, tu risques d’être un peu débordé, vu le nombre de groupes officiant dans ce style, de ne plus savoir sur quel pied danser. Des groupes comme Hammerfall et Evergrey sont plus influencés par des vieux groupes comme Maiden, Helloween ou Queensrÿche, et ils réussissent plutôt bien. Je pense que malgré cette recherche permanente de nouveauté, c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes. Ce qui est amusant, c’est qu’en Suède, ce sont surtout Maiden et Helloween qui restent dans les têtes.

Tu n’as pas peur que la scène suédoise soit saturée ?
Je ne pense pas. Sincèrement, le genre dans lequel nous évoluons semble propice à la multiplication de groupes en Suède. Il y a certes beaucoup de groupes chez nous, mais c’est très relatif et je ne crois pas qu’un jour il y ait saturation…