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Frost* - Life in the Wires
Sorti le: 18/10/2024
Par Lolo
Label: Inside Out Music
Site: https://frost.life/
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Vingt ans. C’est le temps qui s’est écoulé depuis Milliontown, premier album de Frost*, jusqu’à ce cinquième opus.
Pourquoi faire référence à Milliontown pour ce nouveau Life in the Wires ? Parce que c’est peut-être la première référence qui pourra spontanément vous venir à l’écoute de ce nouvel album, notamment sur certains soli de claviers. Et quand on sait que Craig Blundell a été rappelé aux fûts pour cette création, on se dit qu’il n’y a vraiment pas de hasard. S’agirait-il alors d’un retour aux sources du supergroupe britannique ? Il semblerait que Jem Godfrey, leader de Frost* – s’il était encore besoin de le rappeler – ait juste eu envie de se faire plaisir. La création d’un double album était aussi un des objectifs du frontman, avec une galette frisant les quatre-vingt-dix minutes.
Outre Milliontown, les plus sagaces d’entre vous trouveront des références à l’histoire du groupe en forme de clins d’œil. A l’écoute de ce qui a été écrit comme un concept album, une petite voix sortie d’une radio posant la question ‘Can you hear me ?’ se fait présente tout du long des quatorze titres qui s’enchaînent sans aucune transition. Cette même voix qui était déjà présente à la fin de Day and Age. Vous pourrez trouver d’autres références à des albums précédents, tels que par exemple une allusion à Fallen Satellites qui se trouve dans les paroles.
Qu’il est difficile de décrire la musique en paroles… Dans cet album vous retrouverez en fait ce qui fait la quintessence de Frost*: une gestion parfaite des alternances de temps calmes et plus appuyés, nostalgiques, expectatifs, entre ombre et lumière, éther (à moins que ce ne soit le cyberespace). Des temps saupoudrés de réguliers coups de grisou et autres fugaces trouvailles mélodiques qui font mouche, le tout contribuant à une attention continue de l’auditeur. Pas de lassitude ! On retrouve avec délectation ces fameux accords de claviers magistralement plaqués, ou ces déferlantes de notes ébouriffantes qui, tel un cyclone, emportent tout sur leur passage. Deux caractéristiques instrumentales qui font partie de la signature sonore de Frost*. Au fil de l’album, vous serez aussi surpris par moultes trouvailles: articulations surprenantes, petit gimmick aux claviers, sonorités diverses de cordes, glockenspiel, grand piano.
Tout au long de ces quatorze pistes continues qui n’en font qu’une, citons quelques titres bien identifiables. « Strange Worlds », un titre calme empreint de mélancolie et de tristesse, finit en constat final sans appel. Vient ensuite « School (Introducing The All Seeing Eye) », un instrumental entêtant aux guitares lourdes, où l’on ne peut s’empêcher d’imaginer une marche militaire. Et pour finir, impossible de ne pas citer « Life In The Wires (Part 2) », un titre qui du haut de ses seize minutes offre un condensé du savoir-faire des Britanniques: soli à la fois très techniques et incarnés, Fender Rhodes rocailleux tour à tour enflammé et apaisant, explosions sonores et maelström de notes, transitions et tableaux sonores à la pelle. Un régal.
De l’autre côté du spectre critique – finalement pas si large que cela – et seulement pour les plus grincheux, nous pourrions citer « Evaporator », un titre qui peut être qualifié de répétitif, ou « Sign of life », un titre calme, trop classique pour des progheads purs et durs, ainsi que la voix retravaillée de Jem qui ne sera pas du goût de tous, même si cette caractéristique n’est pas nouvelle.
Alors vous l’aurez compris, vous pouvez plonger vos oreilles avec délectation dans ce nouvel océan sonore. Les habitués du groupe retrouveront avec plaisir la patte Frost*. Pour les autres ce peut être une excellente occasion de (re)découvrir nos compères britanniques.