Le bilan 2024
Les lecteurs et les rédacteurs de Chromatique sont particulièrement curieux et ouverts d’esprit. La liste de nos albums de l’année est donc longue et variée, et on trouve tout compte fait assez peu d’albums cités de nombreuses fois. En l’occurrence, le seul album qui apparaît vraiment dans beaucoup de top 10 est The Last Will And Testament de Opeth. Le retour des Suédois au growl aura à la fois réconcilié les fans qui n’attendaient que ça et été une porte d’entrée convaincante pour d’autres. Derrière on retrouve Bent Knee qui a su convaincre après son incartade hyperpop. I/O de Peter Gabriel a été mentionné à plusieurs reprises dans les premières places. L’album est certes sorti en 2023, mais en toute fin d’année, raison pour laquelle certains ne l’honorent que maintenant.
Même si on essaie de cibler les genres musicaux qui constituent notre ligne éditoriale au moment de faire ce bilan de l’année écoulée, on n’est pas sectaires et on accueille volontiers quelques pas de côté. Dans ce registre, c’est le nouvel album de The Cure qui semble vous avoir le plus enthousiasmé, au point de figurer dans les deux premières places pour plusieurs d’entre vous.
Pour finir, voici dans l’ordre (d’après un calcul en fonction de la place que vous leur avez attribuée) tous les artistes qui ont été mentionnés plus d’une fois : Frost*, Ihsahn, Lizzard, Meer, Jon Anderson, The Pineapple Thief, Pure Reason Revolution, Kalandra, Tigran Hamasyan, David Gilmour, Dvne, Leprous, The Smile, Elephant9 with Terje Rypdal. Vous retrouverez le détail des classements des membres de la rédaction ci-dessous. Et en fin d’article, ceux des lecteurs qui ont accepté de voir leur nom publié.
Enfin, un petit appel à candidature avant de vous souhaiter une année 2025 aussi riche en belles découvertes et grands albums que 2024. Si vous souhaitez renforcer nos rangs, que ce soit pour écrire des chroniques, des live report, des interviews ou même remplir d’autres fonctions (réseaux sociaux, contacts promotionnels, site web, etc.), écrivez-nous à editors@chromatique.net .
Les albums de l’année :
1 : Bent Knee – Twenty Pills Without Water
2 : Willow – Empathogen
3 : Beth Gibbons – Lives Outgrown
4 : Thom Yorke – Confidenza
5 : Leprous – Melodies of Atonement
6 : Tigran Hamasyan – The Bird of a Thousand Voices
7 : Opeth – The Last Will and Testament
8 : David Gilmour – Luck and Strange
9 : Beak> – >>>>
10 : The Smile – Wall of Eyes
De mon point de vue, 2024 aura été particulièrement riche pour l’amateur des musiques que nous couvrons. Ma plus grande satisfaction est sans aucun doute le retour de Bent Knee, en très grande forme après les choix étranges de Frosting qui laissaient penser qu’on avait perdu une des meilleures forces créatives du prog/art-rock actuel. 2024 a aussi été l’occasion pour plusieurs légendes qui se font rares de sortir de très grands albums. On pense à David Gilmour qui délivre, à soixante-dix-huit ans, ce que beaucoup considèrent comme le meilleur album solo de sa carrière. Mais aussi à Beth Gibbons, ex-chanteuse de Portishead qui nous a offert avec Lives Outgrown son deuxième album solo en vingt-deux ans. Moins connu mais tout aussi génial, le trio Beak> nous a fait patienter six ans avant de sortir son nouvel album, que l’on chérit d’autant plus qu’on sait désormais qu’il sera le dernier avec Geoff Barrows (ex-Portishead lui aussi) à la batterie et au chant. A l’inverse, les ex-Radiohead n’ont jamais été aussi productifs, avec deux albums de The Smile et une B.O. magistrale de Thom Yorke à la croisée du score, de la musique contemporaine et du free jazz.
Parmi les valeurs sûres, j’ai apprécié le dernier Leprous qui continue à innover tout en préservant les ingrédients qui ont fait la force du groupe depuis son virage plus alternatif. Idem pour Tigran Hamasyan qui continue à creuser son sillon jazz-world-metal, en y ajoutant cette fois-ci une bonne dose d’électro. J’ajouterai le nouveau Opeth à la liste, puisque j’ai toujours apprécié leurs disques, même sans growl, contrairement à beaucoup de fans qui attendaient ce retour à leur ancien style depuis longtemps. Il n’en reste pas moins que The Last Will and Testament est indéniablement un album particulièrement inspiré qui surclasse sans aucun doute leurs deux précédentes productions. Terminons par l’espoir de ce classement, mais pas des moindres puisque j’ai choisi de placer Empathogen en deuxième position. La très jeune Willow a un talent fou et s’aventure désormais dans une musique mariant habilement mélodie et complexité. On a hâte de découvrir ce qu’elle nous prépare pour la suite…
Les concerts de l’année :
1 : Naïssam Jalal – Jazz à Barraux, 8 juin 2024
2 : Les Mamans du Congo & Rrobin – Les Estivales du château, Chambéry, 11 juillet 2024
3 : Saodaj’ – Les Estivales du château, Chambéry, 11 juillet 2024
Les albums de l’année :
1 : Opeth – The Last Will And Testament
2 : The Pineapple Thief – It Leads To This
3 : Caligula’s Horse – Charcoal Grace
4 : Moonshine Blast – Realm Of Possibilities
5 : Ihsahn – Ihsahn
6 : Gavin Harrison / Antoine Fafard – Perpetual Mutations
7 : Blood Incantation – Absolute Elsewhere
8 : Whom Gods Destroy – Insanium
9 : Rotting Christ – Pro Xristou
10 : Elephant9 with Terje Rypdal – Catching Fire
Comme presque chaque année, et c’est heureux, un bon nombre de sorties se dégagent de la masse proliférante pour nous offrir des moments de pur bonheur. Et puisqu’il faut choisir… Commençons par le dernier Opeth, véritable synthèse de tout ce en quoi le groupe a excellé au fil des ans. Un album fondamentalement Prog d’une richesse luxuriante, un mélange incandescent de Rock et de Death Metal. The Pineapple Thief, eux, brillent au firmament du Crossover Prog, avec un disque sophistiqué, mélancolique et beau, qui possède également des passages farouches et fantasques. Caligula’s Horse se surpasse en élaborant un Prog-Metal moderne perfusé au Djent, d’une qualité irréprochable. Virtuosité et émotions au programme ! Ah, Moonshine Blast… Une chouette révélation ! Quatre français, secondés par les monstres sacrés que sont Colin Edwin et Pat Mastelotto, réussissent ici à si bien intégrer leurs influences dans leurs compositions qu’ils en façonnent un Crossover Prog personnel aussi ambitieux que créatif et abouti. Ishan, lui, est le maestro du Black Metal Prog d’avant-garde : pas de limite à ses univers fantasmagoriques, ses atmosphères pesantes et prenantes. Gavin Harrison et Antoine Fafard signent ensemble un monument du Jazz Rock, une musique sophistiquée, d’une musicalité exemplaire. Quant à Blood Incantation, ils nous proposent une connivence singulière avec un assemblage de Metal Extreme et de Rock Cosmic… Et cela fonctionne somptueusement ! Whom God Destroy, un super groupe de Sherinian et Thal, opèrent dans le Prog-Metal hautement baraqué : guitare grave et flamboyante, claviers débridés, basse sauvage et batterie massive (Meshuggah, Symphony X et Ark inside). Chez Rotting Christ, les apôtres grecs du Black Metal, pas de nouveau, juste des riffs apocalyptiques, des mid-tempo inexorables et des chœurs homériques comme s’il en pleuvait. Et pour terminer, Elephant9 enregistre un live effervescent de Jazz Rock, dans lequel thèmes irrésistibles et improvisations un brin surréalistes, traversés par la guitare glaçante de Terje Rydal, s’entremêlent.
Impossible toutefois de ne pas en citer d’autres qui, avec plus d’écoutes attentives, auraient certainement pu finir par figurer dans ce Top 10 : Thy Catafalque, évidemment, Leprous, Pure Reason Revolution, The Smile, Wheel…
2024 a été une année particulière (comme il est coutume de le rappeler annuellement en chaque mois de janvier lorsqu’on évoque l’année qui vient de se terminer), alimentée par moultes sorties qualitatives (on vit dans un monde qui, même s’il est loin d’être parfait, nous offre ce cadeau d’une production musicale plus abondante que jamais). Pourtant, je dois bien admettre que plus le temps passe et moins je m’enthousiasme pour de nouvelles sorties. Peut-être que les affres de la vieillesse me guettent, sait-on jamais. Néanmoins, voici pêle-mêle quelques événements que je retiens de 2024 (et je suis certain qu’à la publication de ce texte je me rendrai compte de tout ce que j’ai honteusement oublié).
En 2024, j’ai aimé le renouveau de Big Big Train à travers l’excellent album The Likes of Us. Il s’agit du premier album enregistré suite au décès tragique de leur chanteur David Longdon. Quelques changements de line up plus tard, le groupe est de retour avec au chant Alberto Bravin qui livre une performance impeccable. Une nouvelle ère passionnante se dessine pour le groupe. A noter que Big Big Train a sorti cette année un album live, A Flare on the Lens, totalement digne des excellentes prestations auxquelles le groupe nous a habitué.
Pour rester dans la sphère progressive, j’ai beaucoup aimé No Hill for a Climber de Neal Morse & the Resonance. Changement d’entourage pour de nouvelles aventures sur lesquelles souffle un vent de fraîcheur bienvenu (je prends pour exemple la chanson « Thief » qui est plus qu’inattendue). Le dernier disque de Pure Reason Revolution, Coming Up to Consciousness, nous rappelle à quel point nous sommes heureux que le groupe se soit reformé il y a quelques années. Du côté de Tigran Hamasyan, j’ai le plaisir de le voir réaliser le projet transmédia The Bird of a Thousand Voices car l’album était vraiment bon. Du côté des artistes qui nous ont habitués à du très bon et qui ne dérogent pas à leur règle, citons Frost* et l’excellent Life in the Wires, ou encore Steve Hackett et The Circus and the Nightwale, sans oublier The Pineapple Thief avec l’EP The Last to Run et Richard Henshall avec l’excellent volume 1 de Mu.
Pour sortir de cet univers, j’ai bien aimé The Great Impersonator de la chanteuse Halsey. Très folk, très intimiste, aux antipodes du pourtant excellent If I can’t have love I want power (produit par Trent Reznor et Atticus Ross, s’il vous plaît). J’ai adoré (et le mot est faible) Hit Me Hard and Soft de Billie Eilish qui voit l’étendue de ses influences grandir encore : on se trouve parfois revenu dans les années 90 électroniques après s’être délecté de passages symphoniques enivrants et avant de se prendre à bouger la tête en rythme sur un tube pop imparable. Pour l’aspect 90’s, je citerai volontiers le premier album de Santa, Recommence-Moi qui était très agréable à l’écoute. Dans l’univers pop, j’ai adoré Imaginal Disk de Magdalena Bay également. Intrigant, j’ai aimé l’ambiance du dernier album de The Cure, Songs of a Lost World. Le dernier album d’Eminem, The Death of Slim Shady, m’a beaucoup plu lui aussi. Le retour de Linkin Park à travers l’indéniablement efficace From Zero m’a fait beaucoup de bien et n’augure que tu bon pour ce nouveau chapitre.
Parlons maintenant des concerts. J’ai adoré voir Dream Theater avec en prime le retour de Mike Portnoy pour un show habité, sincère et sans artifices : qu’est-ce que ça faisait plaisir. Boire un cocktail devant « Octavarium » était une expérience que je n’aurais jamais osé espérer vivre dans ma vie. Un peu plus tôt dans l’année, j’ai beaucoup aimé voir Haken pour une soirée « An evening with ». La performance en elle-même -enchaîner un concert aussi long- est déjà à saluer, mais le fait de constater que Haken est capable d’assumer seul une soirée les place dans la cour des grands et j’espère de tout cœur qu’ils réitéreront l’expérience. Cette année, j’ai aimé voir Cynic, d’autant qu’il s’agissait d’une des toutes dernières prestations durant laquelle ils jouaient l’album Focus en entier (selon les mots de Paul Masvidal lui-même). J’ai maintenant hâte de les revoir, « libérés », car on a tendance à oublier que Cynic a réalisé des albums exceptionnels par la suite (Traced in the Air, mais aussi Ascension Codes que j’aimerais vraiment voir en concert dans sa globalité un jour). Pour autant, il se peut que l’expérience live de l’année soit pour moi Starmania : je n’ai pas les mots pour exprimer à quel point j’ai été bluffé. Idéalement placé en hauteur et en plein centre, j’ai pu profiter du spectacle dans les meilleures conditions. Quelle déception qu’aucune captation officielle n’ait été effectuée.
- Fermi Paradox
Les albums de l’année :
1 : Inner Ear Brigade – Perkunas
2 : Elias Stemeseder & Christian Lillinger – Antumbra
3 : Elias Stemeseder, Robert Landfermann & Leif Berger – Neon Dilemma
4 : Møster! – Springs
5 : Elephant9 with Terje Rypdal – Catching Fire
6 : Janel and Anthony – New Moon in the Evil Age
7 : Janel Leppin – Ensemble Volcanic Ash: to March Is to Love
8 : Yang – Rejoice!
9 : Rainbow Face – Enjoy This Ruin
10 : Opeth – The Last Will And Testament
Les albums Collapse the Wave de Izz et Isobar IV occupaient initialement les places neuf et dix de ce top.
Ils ont été remplacés par les nouveaux albums de Rainbow Face et d’Opeth. Izz et Isobar ont sorti deux excellents albums, mais en terme d’originalité et de nouveautés pour mes oreilles Enjoy This Ruin et The Last Will and Testament sont meilleurs. Avec Enjoy This Ruin, Rainbow Face nous offre un des albums de rock progressif les plus originaux de 2024, toujours avec cette touche post-punk mais plus agressif et intense que leur premier effort. The Last Will and Testament est une vraie révélation pour ma part. Avant cet album, je n’avais jamais réussi à entrer dans la discographie d’Opeth principalement à cause des growls. C’est d’autant plus étonnant que ce nouvel opus marque leur retour et que cet aspect de leur musique me plaît maintenant tout autant que le reste.
Les concerts de l’année :
Wang Wen – La Maroquinerie, Paris, 17 mai 2024
Elephant Gym – La Bellevilloise, Paris, 24 mai 2024
L’espoir de l’année : Lunar Mistake – st
Un album super créatif pour ce nouveau groupe de Oakland, à la croisée du rock progressif, du post-punk et de la new wave.
La déception de l’année : Trojka – Strobemørke
Je trouve le troisième album des ces Norvégiens insipide. Dommage, je m’attendais à tellement mieux. Dans un genre similaire, je préfère largement le troisième et très bon album de Knekklectric paru en 2022.
Les albums de l’année :
1 : Geordie Greep – The New Sound
2 : The Cure – Songs Of A Lost World
3 : The Smashing Pumpkins – Aghori Mhori Mei
4 : Tyler, The Creator – CHROMAKOPIA
5 : Tears for Fears – Songs For A Nervous Planet
6 : Victor Le Masne – Music from The Opening Ceremony of The Olympic Games Paris 2024
Les albums de l’année :
1 : Bent Knee – Twenty Pills Without Water
2 : Frost* – Life In The Wires
3 : Jon Anderson & The Band Geeks – True
Les concerts de l’année :
1 : Didier Super – Strasbourg, 14 novembre 2024
2 : IQ – Le Café de la Danse, Paris, 21 septembre 2024
3 : Free Human Zoo et An Endless Sporadic – Festival Crescendo, 17 août 2024
4 : The Flower Kings – Festival Crescendo, 18 août 2024
5 : Symphony X – Pratteln, 7 septembre 2024
Les albums de l’année :
1 : Peter Gabriel – I/O
2 : The Cure – Songs Of A Lost World
Vous trouverez ci-dessous les listes détaillées des contributeurs qui ont accepté de voir leur nom apparaitre dans l’article :
Les albums de l’année :
- FranckAR
1 : Meer – Wheels Within Wheels
2 : Kalandra – A Frame of Mind
3 : The Smile – Wall of Eyes
4 : Opeth – The Last Will and Testament
5 : DVNE – Voidkind
6 : Pure Reason Revolution – Coming Up to Consciousness
7 : Alcest – Les Chants de L’Aurore
8 : Leprous – Melodies of Atonement
9 : Teramaze – Eli : Wonderful Fall from Grace
10 : The Pineapple Thief – It Leads to This
Les concerts de l’année : TesseracT (23/01 – Bataclan), The Pineapple Thief (23/02 – Elysée Montmartre), Dool (24/10 – Trabendo)
L’espoir de l’année : Junodream
La déception de l’année : Vola
- SireDurnik
Les albums de l’année :
1 : The Cure – Songs of a lost world
2 : Peter Gabriel – I/O
3 : David Gilmour – Luck and Strange
4 : Jon Anderson – True
Les concerts de l’année : Depeche Mode, Nick Mason, Roger Waters
L’espoir de l’année : The Mysterines
La déception de l’année : Roger Waters (pour son remake de Darkside)
- nuno777
Les albums de l’année :
1 : Ihsahn – Ihsahn
2 : Lizzard – Mesh
3 : Ritual – The Story Ok M. Bogd pt1
4 : Klone – The Unseen
5 : Richie Kotzen – Nomad
6 : Opeth – The Last Will & Testament
7 : Kalandra – A Frame of Mind
8 : Von Hertzen Brothers – In Murmuration
9 : Anciients – Beyond The Reach Oh The Sun
10 : Bent Knee – 20 Pills Without Water
- ÉricJbt
Les albums de l’année :
1 : Frost – Life in the Wires
2 : Neal Morse – No Hill for a Climber
3 : Lizzard – Mesh
4 : Meer – Wheels Within Wheels
5 : Weather Systems – Ocean Without a Shore
6 : Dilemma – The Purpose Paradox
7 : Sloan – Square Band Thoughts
8 : Tesuji – Mirage
9 : Alex Carpani – The Good Man
L’espoir de l’année : Tesuji
La déception de l’année : Magick Brother & Mystic Sister