Beak> - >>>>
Sorti le: 28/05/2024
Par Chrysostome Ricaud
Label: Invada
Site: https://beak.bandcamp.com/
Les ingrédients qui composent la musique de Beak> sont tellement marqués et caractéristiques, que pour vous décrire ce quatrième album du trio de Bristol, on pourrait presque vous faire un copier-coller de la chronique du troisième. Les voici en résumé : une influence Can très présente, notamment dans le basse-batterie groovy et hypnotique ainsi que dans les vocaux distants et hallucinés. Les claviers, probablement analogiques, donnent une patine vintage. Parmi ceux-ci, on retrouve l’utilisation récurrente d’un orgue et de séquenceurs. Le sons vacillent en permanence, comme une cassette audio usée. A tel point que Beak> est le seul groupe qu’on connaît dont l’écoute peut provoquer le mal de mer !
Les ambiances sont glauques et oppressantes et on pourrait tout à fait s’imaginer que >>>> est la bande originale d’un film d’horreur ou d’une histoire malsaine. L’agencement des titres accentue cet effet de spirale infernale. En effet, dès la première moitié de l’album, cette atmosphère étouffante va croissant jusqu’à « Denim » qui se termine par un riff metal aussi inquiétant que pesant et une voix qui semble possédée par le démon. Alors que l’air est devenu irrespirable, « Hungry are we » apparaît presque comme une ballade apaisante. Mais ne vous y trompez pas, on reste malgré tout dans l’univers étrange et instable de Beak>.
La deuxième moitié de l’album repart sur une ambiance moins pesante avec deux morceaux au groove très évocateur des Allemands de Can. Mais ce n’est qu’une accalmie. Sur l’expérimental « Secrets », un synthétiseur obsédant répète inlassablement la même note du début à la fin, tandis que les percussions sont soumises à un traitement sonore qui évolue en permanence. En guise de bouquet final, on termine par un titre de presque 8 minutes dont la lenteur neurasthénique et la morosité auraient de quoi vous donner l’impression que le doom est une musique plutôt enjouée en comparaison.
Vous l’aurez compris, >>>> n’est pas un album à écouter en fond sonore, ni à votre fête du Nouvel An. En revanche, si vous êtes curieux et prêt à laisser libre cours à votre imagination sur une musique évocatrice d’une histoire inquiétante, il est d’une grande richesse et mérite toute votre attention.