Leprous - Melodies of atonement

Sorti le: 30/08/2024

Par Chrysostome Ricaud

Label: Inside Out Music

Site: https://www.leprous.net/

Face à la profusion de grosses sorties à la rentrée dans les genres qui nous intéressent, impossible de toutes les approfondir en même temps. Alors ce nouveau Leprous, on ne l’avait écouté qu’une fois, plus immédiatement attiré par les Bent Knee et Tigran Hamasyan sortis le même jour, ainsi que le David Gilmour sorti la semaine suivante. Après la diversification majeure de son univers opérée par Einar Solberg à travers son album solo, ce retour à Leprous donnait, de prime abord, l’impression d’un pas en arrière. Aphelion était le petit frère de Pitfalls, et donc Melodies of atonement serait le cadet des trois. Voilà ce qu’une écoute survolée et distraite pouvait laisser imaginer. Alors certes, Melodies of atonement est moins riche et varié que 16, mais le groupe continue d’évoluer avec son époque et de manière intelligente. Car une écoute plus attentive nous fait réaliser que quasiment tous les morceaux empruntent des sonorités aux productions rap et électro actuelles. Nombreux sont les groupes de rock qui se sont essayés à coller aux modes d’une époque pour des résultats désastreux. La force de la démarche de Leprous, c’est d’avoir choisi les ingrédients qui avaient le plus d’intérêt dans ces productions, et de les intégrer discrètement à leur musique tout en laissant leur identité propre prendre le dessus.

Parfois, c’est un groove basse/batterie plus hip-hop old school que nous propose la section rythmique, comme sur « Like a sunken ship », « Limbo » ou « Faceless ». Sur ces morceaux Simen Børven arrive, on ne sait trop comment, à faire sonner sa guitare basse comme une contrebasse. Si toutes les compositions sont excellentes, le groupe opère une montée en puissance à mi-album, évitant le cliché trop souvent rencontré consistant à mettre tous les meilleurs morceaux au début. « Like a sunken ship », judicieusement choisi comme troisième single, passionne de bout en bout par ses nombreuses trouvailles (qu’on ne dévoilera pas ici, préférant vous laisser les découvrir en visionnant le clip ci-dessous).

« Limbo » pousse encore plus loin l’idée de metal prog qui groove, puisque les guitares y sont presque funky. « Faceless » est la composition la plus longue et la plus progressive de l’album. Sur son final, Einar nous gratifie de ses prouesses vocales, montant encore et toujours plus haut tandis qu’un chœur assure la fondation en répétant la mélodie de base. Le point d’orgue est atteint ! Cette idée de répéter inlassablement des mélodies est d’ailleurs souvent exploitée dans Melodies of atonement, et même si on est certainement très loin du record établi par Daft Punk avec « Around the world », on serait curieux de savoir combien de fois le titre est répété dans la chanson « Self-satisfied lullaby » par exemple. Si cette idée de répétition trouvera certainement des détracteurs parmi les fans de prog, nul doute qu’elle se révélera particulièrement efficace sur scène, lieu où le groupe prend généralement toute son ampleur.