David Rassent - Queen

Les fans du mythique groupe britannique auront très sûrement noté la sortie en octobre dernier d’un nouvel ouvrage sobrement intitulé Queen. Il s’agit du troisième livre que David Rassent, artiste, journaliste et musicien, publie aux éditions Le Mot et le Reste.

Combien d’articles, d’interviews, de livres, de chroniques n’ont déjà été publiés sur Queen ? Resterait-il encore quelque chose à dire sur le groupe de l’extravagant Farrokh Bulsara ? Très honnêtement, aucune idée. En tout cas, dans ce nouvel ouvrage, à la manière d’une petite souris se cachant tour à tour dans une poche de chaque membre du quatuor, David Rassent a choisi de nous narrer l’aventure Queen vue de l’intérieur, découpant son récit chronologique en plusieurs périodes et jalons importants de l’histoire du groupe anglais. Des années de jeunesse de chaque membre à l’après Mercury, en passant par, entre autres, la première tournée au Japon, l’exil fiscal, le Live Aid, et la sortie de Innuendo, dernier album avant la mort de son irremplaçable frontman, rien ne semble oublié dans ce récit roboratif de plus de huit cents pages narré comme une extraordinaire aventure humaine au long cours.

Cette impressionnante chronologie n’oublie aucune des facettes de l’épopée Queen et de ses trois ères (l’ère des albums, l’ère des tournées, l’ère de l’image), selon un des découpages chronologiques proposés par l’auteur. Citons pêle-mêle et de façon non exhaustive l’histoire de chaque album de l’écriture à la sortie commerciale, la description complète des tournées, les choix artistiques et musicaux. Le tout incluant les contextes politique, musical, moral et social ambiants, ainsi que de nombreux aspects techniques tant musicaux et instrumentaux que matériels. Les pendants financiers, artistiques et commerciaux sont aussi abordés avec force détails. Quant aux membres du groupe, sont décrits les caractères individuels, les hauts et les bas relationnels, l’environnement familial, les relations avec la presse et les labels, les petites phrases, les anecdotes, etc. Une chronique extrêmement détaillée de chaque album et DVD officiels est aussi incluse, le tout mis en perspective par rapport à la discographie et à l’histoire du groupe. Enfin le livre se termine avec un épilogue dédié à la Red Special, la guitare de Brian May construite de toutes pièces et constituée « à 90% d’objets et de matériaux recyclés ».

Alors quels bémols peuvent être trouvés à cet ouvrage plus que complet ? En premier lieu, Queen est un livre imposant de plus de huit cents pages. Une biographie trop longue ? Nous avons là en tout cas la marque de fabrique des éditions Le Mot et le Reste: publier des ouvrages à texte, rigoureux, sourcés, propices à la réflexion, et dont la lecture vous rendra toujours plus érudit. L’autre reproche qui peut être fait à l’auteur est le fait d’utiliser au cours de cette chronologie de Queen une approche redondante. Un bon exemple est la chronique de chaque album: chaque titre est passé au peigne fin et dans l’ordre original des chansons, ce qui peut provoquer à la longue une certaine lassitude de lecture. Peuvent être aussi cités la description du déroulement des concerts ou les nombreux détails techniques décrits et utilisés lors de l’enregistrement des titres. Somme toute ce livre a les inconvénients de ses avantages; les musiciens puristes et les fans de Queen apprécieront, les autres peut-être un peu moins. En tout cas, avec Queen, David Rassent nous montre – s’il était encore besoin de le prouver – combien la vie d’un groupe de musique est loin d’être un long fleuve tranquille, et que talents artistiques et musicaux ne sont qu’une partie des clés menant au succès et à la longévité.

Queen est indéniablement un ouvrage complet, bourré de précisions, richissime et absolu. C’est un magistral exercice de synthèse biographique sur le quatuor britannique. Car il s’agit là non seulement de l’histoire de Queen, mais aussi de l’histoire de la musique. Parce que, comme l’écrit si bien David Rassent, « En somme, la musique de Queen fait partie du fond sonore du monde, qu’on le veuille ou non ».