Missing Waves - Post-crash

A une époque où il est devenu courant de mettre de la musique en bruit de fond, le premier album de Missing Waves nous rappelle qu’elle mérite d’être écoutée avec toute notre attention. En effet, essayez d’écouter Post-crash tout en faisant autre chose et on vous garantit que vous trouverez cela insupportable ! A l’inverse, une écoute attentive, au casque de préférence, vous fera découvrir une œuvre d’une belle créativité.

Missing Waves est composé de Marie-Catherine Mossé au chant, machines et claviers, Daniel Palomo Vinuesa (dont on avait déjà dit du bien dans nos colonnes pour son album L’homme approximatif) au saxophone et Nabil Bouteldja à la batterie. Ce trio fait le pari audacieux et risqué de faire le pont entre les musiques jazz ou avant-gardistes et la pop. Avec ses batteries répétitives et monotones, ses mélodies vocales influencées par Björk, et ses bruitages électroniques, c’est finalement du trip-hop que se rapproche la musique de ce disque. Mais les moments les plus réussis, beaux et inspirants auraient tendance à tendre vers une sorte de jazz atmosphérique fait de bribes de notes de saxophones («  Bassékilendo  », «  Les îles et les lacs  ») ou de voix flottant dans l’espace («  Là-haut  ») qui ne sont pas sans rappeler certains morceaux du dernier Guillaume Perret 16 levers de soleil, chroniqué ici même il y a peu. L’album se termine après quelques secondes de silence par une reprise inattendue et réussie. En effet, leur version de «  Boys don’t cry  » commence comme une berceuse électro-pop évoquant Emilie Simon avant de décoller sans prévenir vers un final détonant !

Le créneau choisi par Missing Waves est loin d’être évident. Leur côté parfois trop avant-gardiste ou jazzy pourrait rebuter les amateurs de pop. Le titre «  Flying cats  » en est l’exemple le plus probant. Cette chanson complètement délirante sur les chats (avec miaulements et ronronnements inclus) est difficilement écoutable. A l’inverse, ceux qui attendent de la musique qu’elle soit aventureuse et novatrice trouveront probablement les rythmiques trop monotones et basiques et regretteront l’influence Björk un peu trop évidente dans les lignes vocales. Restent les plus curieux et ouverts d’esprit, qui trouveront ici un honnête compromis entre musique expérimentale et pop.