Jack O’ The Clock - Repetitions of the Old City - II
Sorti le: 12/07/2018
Par Jean-Philippe Haas
Label: Autoproduction
Site: http://jackotheclock.com
Résumé de l’épisode précédent : Jack’O The Clock est un groupe d’Oakland, États-Unis, qui ne fait pas vraiment de la musique de chambre, ni de la folk avant-gardiste ou du Rock In Opposition, mais un peu de tout cela à la fois. Fin 2016, il sortait le premier volet d’un diptyque intitulé Repetitions of the Old City qui a toutes les caractéristiques d’un concept album.
Si de l’aveu même de son créateur, Damon Waitkus, l’œuvre n’a pas été conçue comme telle et que cette seconde partie contient des titres anciens – et ne reflète donc plus forcément la vision actuelle de l’auteur – elle possède néanmoins un fil rouge thématique : la difficulté à tisser des liens entre générations et de surmonter les traumatismes du passé. En somme, Repetitions of the Old City – II est davantage un prémisse à la première partie que son prolongement. Et les différences sont palpables. Là où le volet précédent semblait plus abordable que les autres albums du groupe, celui-ci renoue avec une certaine luxuriance (toujours centrée sur la mélodie) et des choix assez inédits comme sur le très contrasté « Miracle Car Wash » et ses quelques passages presque furieux. De contrastes, il en est question sur tout l’album, par exemple sur l’enchaînement « Island Time » / « Errol At Twenty-three », le premier étant dépouillé, aérien, d’une beauté simple et touchante, tandis que le second passe du coq à l’âne sans crier gare, enchaînant diverses séquences très nuancées. De courts interludes agissent comme autant de respirations entre des compositions parfois très touffues à l’image du final « A Sick Boy », vitrine d’instruments en tous genres qui entrent et ressortent de ce titre entraînant. Ce foisonnement, véritable signature sonore de Jack’O The Clock, repose sur un duo basse/batterie complété par un attirail hétéroclite, à faire pâlir les groupes de Rock In Opposition les plus jusqu’au-boutistes : basson, saxophone, clarinette, guzheng, mandoline… D’autres instruments, largement utilisés dans la tradition folklorique américaine (le banjo, le violon), ont pour certains une origine étrangère – le hammered dulcimer ou le ukelin – ce qui confère une dimension universelle à cette musique inclassable et pourtant fortement ancrée dans son pays de provenance.
Une fois réunies, les deux parties de Repetitions of the Old City deviennent indissociables. Traversées par une certaine nostalgie avec quelques éclats de joie néanmoins, elles brossent un tableau unique d’une Amérique paradoxale. Les amateurs de musique ambitieuse mais mélodique, sophistiquée mais accessible, réfléchie mais pas prétentieuse pour un sou ne pourront pas passer à côté de ces deux petits bijoux insolites.