Angra - OMNI

Sorti le: 22/04/2018

Par Florent Canepa

Label: Verycords

Site: www.angra.net

Angra est un peu le soap opera de la galaxie métal symphonique ou plutôt la telenovela, soyons conformes aux origines du groupe. Un groupe légendaire qui ne cesse de cultiver la nostalgie auprès des fans (« C’était mieux avec Andre », « C’était mieux avec Eduardo », « C’était mieux avec Kiko »). Alors, forcément, on entre toujours plus circonspect dans l’écoute d’un nouvel album.

Le premier constat est que l’ensemble est loin d’être ridicule et tient diablement debout. Il faut bien sûr accepter la surdose d’épique qui enveloppe l’auditeur mais s’arrête toujours avant l’agacement. Les guitares, malgré le départ du riffeur en chef (auquel on remercie d’avoir insufflé une seconde jeunesse à Megadeth), sont plus que réussies, toisant le bon FM (George Lynch). La voix de Fabio Lione, transfuge de Rhapsody, tient la comparaison et dépasse à certaines instances les maniérismes de ses prédécesseurs. Il apporte même une ration d’énergie insoupçonnée (les passages core sur « Black Widow’s web », le mélange improbable entre Sting et Joe Lynn Turner sur l’éclatant « Magic Mirror »). Çà et là, les passéistes se plairont à retrouver les traces de l’héritage comme cette intro aux percussions brésiliennes sur « Travelers of time », au cœur d’« Insania » ou plus fièrement encore sur « Caveman ».

La flamme entretenue par le désormais historique Rafael Bittencourt fait plaisir à voir et à entendre. Même si le corps du discours manque parfois d’actualité, la force de la production rend les aspects opératiques totalement contemporains. Le Suédois Jens Bogren, célèbre pour son travail sur Opeth, Pain of Salvation ou Katatonia, rend hommage à la puissance lyrique de l’escadron métal. On dépiste des petites facéties Vivaldi-esques que n’aurait pas reniées Malmsteen (« War horns ») alors bien entendu, cela peut irriter les allergiques. Mais Angra peut noblement envisager l’avenir sans renier son passé. Dream Theater, dans sa catégorie, n’en est pas toujours capable… C’est donc déjà une bien belle prouesse et une gracieuse promesse !