Weserbergland - Sehr Kosmisch, Ganz Progisch
Sorti le: 07/10/2017
Par Raphaël Dugué
Label: Apollon Records Prog
Site: https://weserbergland.bandcamp.com/
Contrairement à ce que son nom suggère, le groupe Weserbergland formé par Ketil Vestrum Einarsen (Jaga Jazzist, White Willow) n’est pas basé en Allemagne (le Weserbergland désigne une région au centre du pays) mais bien en Norvège. La principale raison à cela est que ce projet est destiné à rendre hommage aux groupes emblématiques du mouvement Krautrock comme Tangerine Dream, Can, Cluster ou Guru Guru. Un thème décliné par le titre de l’album dans la langue de Goethe, Sehr Kosmisch, Ganz Progisch (très cosmique, complètement prog) ainsi que sa pochette au design très marqué années soixante-dix.
La musique quant à elle, reprend les éléments du mouvement Krautrock: une forte présence des synthétiseurs, un certain minimalisme, une rythmique très présente et des sonorités d’époque marquées. En plus d’Einarsen le groupe comprend,Gaute Storsve (basse), Jacob Holm-Lupo (guitare) tous deux du groupe White Willow et Mattias Olsson (batterie) d’Änglagård. Composé de quatre longs morceaux, Sehr Kosmisch, Ganz Progisch va tout de même plus loin que le simple hommage. Grâce à ses années d’expérience dans différents groupes, Einarsen a pu puiser dans ces influences variées, on retrouve par exemple l’hybridation avec les musiques électroniques et les envolées de Jaga Jazzist (« Tristrant ») ou encore les ambitions progressives de White Willow. Il en va de même pour la rythmique, Mattias Olsson parvient à mêler la concision du style motorik à la Jaki Liebezeit et le raffinement complexe qu’il a apporté dans la musique progressive d’Änglagård. Au long de ces quatre morceaux, la musique forme un continuum qui évolue sans brusques changements de rythme mais plutôt par un jeu sur les textures et les sonorités. Dans les élans les plus lyriques, le ton devient mélancolique et évoque ces paysages du nord de la Scandinavie, derniers territoires restés sauvages en Europe de l’ouest.
Au delà de ses nombreuses qualités, une petite déception reste la quasi absence de la flûte (instrument principal d’Einarsen) qui ne fait que des apparitions sporadiques et laisse le champ sonore à la guitare et aux synthétiseurs. Sehr Kosmisch, Ganz Progisch reste une belle réussite car Weserbergland parvient à dépasser la simple nostalgie des années soixante-dix (dont certains groupes en panne d’inspiration ont fait leur beurre) pour proposer une musique accrocheuse et pertinente.