Seven Impale - Contrapasso
Sorti le: 17/09/2016
Par CHFAB
Label: Karisma Records
Site: https://sevenimpale.bandcamp.com/
Seven Impale, en plus d’un premier EP de rêve (Beginning/Relief, 2013), avait frappé fort avec City Of The Sun l’année suivante, éclaircissant un tant soit peu son propos, au profit pourtant de compositions plus longues, explorant avec une grande personnalité des courants pour le moins éclectiques, même si réunis sous la bannière d’un son résolument 70s. Toujours chez Karisma, voici donc le deuxième album de ce sextet issu de Norvège, présentant un visuel furieux, hanté, distordu, sa musique en empruntant les mêmes chemins, assénant d’entrée de jeu une litanie totalement groove (« Lemma »), en un opéra halluciné quasiment zeuh, effroi et jets de plasma en tête ! Le reste décline cette même propension à vous attraper par l’échine, quitte à en égarer quelques-uns sur les braises de bas-côté ! Les Norvégiens ont choisi la carte du concept album, leur musique en découle, et le rouge monte d’un cran.
Contrapasso (punition divine, dont le principe est de subir ce par quoi on a péché) n’a pas délaissé ses penchants à la fois new jazz, stoner, avant garde et psyché prog’ (ouf !) : deux guitares, pour des riffs rageurs et ultra rythmiques (sans compter les accalmies en dentelle, ici peu nombreuses), un saxophone impérial, parfois doublé, pour dominer les débats mélodiques, un chant acrobatique, tout en contours et contrepoints assénés, des orgues vintage, et enfin une rythmique d’enfer, souvent de plomb, au groove absolument sidérant. Une très, très bonne nouvelle, donc. Il faut cependant prévenir les amoureux du versant le plus mélodieux, le plus gracieux du groupe (rappelons la voix de miel du chanteur guitariste, tutoyant Jeff Buckley) qu’ils en seront un peu pour leur frais. Le sujet du disque, une évocation de l’enfer de Dante, annonce la couleur. Ici, folie et noirceur furieuses ont pris le dessus, avec plus d’emphase encore, parfois brutale ou déviante (« Convulsion », « Helix »). La musique offre dissonances, coups de boutoirs guitaristiques (ils sont deux au poste), enchevêtrements rythmiques diaboliques, leads stratosphériques comme arrachés de leur toile de fond (on pense à Motorpsycho notamment), enchaînements schizophrènes, trips psyché, collages… bref, ça défouraille sévère, parfois même jusqu’à s’y perdre volontairement. Le hic peut-être du disque, qui dure tout de même une heure dix… Et pourtant…
Malgré ce foisonnement et cette sur-énergie, la classe exceptionnelle avec laquelle le tout est délivré vous laisserons pantois, vous rappelant combien Seven Impale est l’un des tous meilleurs groupes de ces dix dernières années. Pour les plus familiers, il faudra attendre la neuvième plage, avec « Serpentstone », pour renouer magnifiquement avec les harmonies passées. Tout s’achève dans l’apaisement, sur une longue planerie psyché électro, entrecoupée de stoner funk irrésistible. Les ambiances et séquences sont passionnantes, hautement inspirées, et font promesse de réécoutes franchement récompensées.
Un album éclatant, plus âpre, plus complexe, mais encore une fois réussi. Reste à savoir si la nuance sera un peu plus de mise pour la suite. Quoiqu’il en soit, avec ce deuxième album, Seven Impale atteint déjà des sommets.