JPL - Sapiens chapitre 2/3 - Deus ex Machina

Sorti le: 12/03/2021

Par Jean-Philippe Haas

Label: Quadrifonic

Site: https://jplouveton.bandcamp.com

Un an après le très bon Exordium, Jean-Pierre Louveton poursuit la création de son triptyque Sapiens avec un second épisode intitulé Deus ex Machina, soutenu dans cette entreprise par une modeste mais fidèle communauté de fans, un modèle désormais rodé qui lui permet aussi de proposer ses disques au format 33 tours.

« Le flambeur » entre dans le vif du sujet avec tumulte. Ce bel exercice de prog metal mélodique sans temps mort peut se voir comme une métaphore de l’humanité qui sans scrupule aucun, épuise la planète et ne veut pas voir le gouffre qui s’ouvre devant elle. JPL a, dès le départ, misé sur sa langue maternelle. Après avoir essuyé quelques critiques quant à sa voix, y compris de notre part, il a persévéré dans ce choix et bien lui en a pris. Son chant s’est diversifié, nuancé, sous l’impulsion de textes très pessimistes où il évite les facilités et les poncifs habituels : ni tournures sibyllines ni platitudes fatigantes, la plume de JPL est incisive, un fait plutôt rare dans le genre abordé.

La barre ayant été placée très haut dès l’ouverture, on peut donc s’attendre à une baisse de régime, mais celle-ci ne viendra pas. JPL déploie tout l’attirail d’un prog musclé et symphonique sans utiliser de détours longuets, aussi à l’aise sur les riffs puissants que sur les solos rugueux, mettant à profit les atouts mélodiques des claviers de Guillaume Fontaine et la frappe précise et variée de Jean-Baptiste Itier. Après « La machine », carte de visite promotionnelle de l’album, on s’enfonce toujours plus dans une atmosphère sombre avec « Une pièce pour les gouverner tous », mélancolique et désespérée, jusqu‘au grandiose final : suite progressive par excellence,  « Encore humains ? » évolue en montagnes russes vers l’inquiétante question à laquelle le troisième volet de l’œuvre répondra, peut-être.

Le style développé par Louveton depuis quelques albums est à présent affranchi de toute influence trop visible : en écoutant Deus ex Machina à l’aveuglette, on peut dire : « C’est du JPL ». Avec ce disque, le guitariste tient sans doute l’une des pierres angulaires de son œuvre solo : riche de références bien digérées, très éloignée par sa diversité du monolithisme de certains de ses contemporains, tour à tour frénétique et émouvante, prenante du début à la fin. Qui peut en dire autant ?