Lalu - Paint the sky
Sorti le: 21/01/2022
Par Florent Canepa
Label: Frontiers
Site: http://www.vivienlalu.com/
Biberonné au progressif par ses parents instrumentistes, Vivien Lalu est devenu en une petite décennie une référence – si ce n’est la référence (en tous cas française) – des claviers dans la sphère du genre. Débutant avec des objets personnels comme Shadrane, puis développant sa maturité sur son projet éponyme, le sympathique claviériste signe ici son album le plus déterminant et le plus excitant. Paint the sky évoque beaucoup Yes (dont son auteur est très fan) mais va en fait beaucoup plus loin que le simple hommage. En effet, plutôt que de vitrifier un style, l’album se permet de lui donner un nouveau souffle, d’en polir les chromes pour aboutir à quelque chose de rutilant (« Emotionalised », qui fait penser à la musique iconique des Anglais sus-cités, au début des années 80).
Il faut dire que les compères de Vivien ont plaisir à être là, de Damian Wilson et sa signature vocale reconnaissable toute en douceur et en puissance comme Ross Jennings, à Joop Wolters, guitariste et bassiste inspiré et précis. Quelques additions de choix, de Simon Phillips à Jordan Rudess pour les plus médiatiques, viennent parfaire la genèse de l’œuvre. Si le début de l’album reste classique mais efficace (« Reset to preset » et son mantra mélodique), la suite s’ouvre et propose une variété qui réveille l’auditeur à chaque sillon. « We are strong » emballe grâce à ses arpèges nobles, « Witness to the world » joue la carte de la ballade chic qui fait mouche, « Lost in conversation » évoque la puissance mélodique des refrains de Frost. Lalu réussit ce tour de force de ne rien rendre désuet malgré un genre plutôt éculé et classique. Mieux, il apporte un brin de fantaisie parfois pour mieux marquer son humilité (l’apéro jazz de « Standing at the gates of hell », le riff trapu et heavy de « Won’t rest… » qui a gagné d’ailleurs la palme du nom de chanson le plus long, trait d’humour en soi).
Paint the sky, troisième du nom est, pour les amateurs du genre, un plaisir savoureux de bout en bout, une invitation à tomber amoureux du rock progressif, à plonger dans les années 70 sans avoir l’impression d’être un dinosaure. Jusqu’à son pré-final émouvant « All the lights » qui permet, dans un autre registre, d’emporter une dernière fois l’adhésion sans retenue, les larmes au bout des yeux. Imparable et quasiment impeccable.