Tom Doncourt - The Mortal Coil

Les plus assidus au culte du prog’ classique connaissent sans doute Stained Glass Stories, plaisant disque symphonique des Américains de Cathedral sorti en 1978, et peut-être aussi son lointain successeur daté de 2007, The Bridge. D’ailleurs, à la suite de ce retour en demi-teinte, le groupe a logiquement fini par se dissoudre. Tom Doncourt, qui occupait les claviers, sort aujourd’hui un disque plus personnel, très éloigné de ce qu’il produisait avec son ancienne formation. Ce grand admirateur du Mellotron – et généralement de tous les sons vintage des années soixante-dix – n’en est pas à son coup d’essai. Atmosphérique, parfois psychédélique, The Mortal Coil propose une belle collection de chansons planantes, situées quelque part entre le Pink Floyd post-Waters, Peter Gabriel et le Talk Talk le plus tardif, où la guitare n’occupe qu’un rôle secondaire au profit des machines. Grâce à une large palette de sons électroniques, son album réussit à sonner moderne. Parmi les quatorze pistes, on distingue clairement deux sortes de compositions : les unes, orientées « chansons » – si tant est qu’on puisse parler de chansons dans ce genre musical – plutôt brèves, et les autres, plus expérimentales, à la durée variable et volontiers instrumentales. Sur les titres chantés, Doncourt prend lui-même le micro, avec des intonations à la David Gilmour, à l’exception de deux titres interprétés par des complices féminines, dont le délicat « Which Fades Faster », qui sans peine trouverait sa place sur une B.O. d’Angelo Badalamenti. Les plages moins conventionnelles évoquent Klaus Schultze et l’electro indus, voire se situent à la frontière de l’ambiant et du new age comme « Moon Turns Orange Then Green » et « Ragged Light ». Malgré cette ambivalence, The Mortal Coil apparaît comme une œuvre cohérente disposant d’une réelle unité sonore et séduira probablement les amateurs de musique synthétique ambitieuse et élaborée.