Kerrs Pink - Mystic Spirit

Né dans les seventies dorées, Kerrs Pink est l’un des vétérans de la scène progressive norvégienne. Mais hormis pour les initiés de la première heure, le groupe norvégien n’a fait son apparition dans l’Hexagone qu’au début des années quatre-vingt-dix, lorsque Musea a réédité les deux premiers disques puis distribué le troisième, A Journey On The Inside (1993). Le progueux désargenté a peut-être découvert la formation sur Le Meilleur Du Rock Progressif Européen (sic), deuxième épisode d’une série de compilations éditées à bas prix par le label lorrain quelques temps plus tard. Mystic Spirit, qui arrive dix ans après son prédécesseur Tidings est le sixième album studio de la bande à Harald Lytomt, seul rescapé de plus de trois décennies d’aventures musicales.

« Final Curtain » évoque immédiatement The Flower Kings (bien qu’affirmer l’inverse serait plus exact). Les analogies avec le groupe de Roine Stolt sont par ailleurs nombreuses, même si la composante jazz est nettement moins prononcée. On retrouve également des références aux icônes du genre, tels Genesis et Camel. Interprétées par des musiciens talentueux comme Eirikur Hauksson (Magic Pie) au chant, les compositions de Lytomt honorent les canons du prog rock symphonique des années soixante-dix : guitare lyrique, MiniMoog, Mellotron, pédale basse Taurus et Hammond C3. Quelques touches d’accordéon et de piano viennent étoffer la signature musicale d’un album qui ne s’énerve que rarement. Les titres sont d’une durée tout à fait raisonnable dans l’ensemble, sans longue suite indigeste, rendant l’écoute d’autant plus aisée que plusieurs instrumentaux accompagnent ce voyage de près de soixante-dix minutes, une ode à la nature illustrée par un magnifique livret (qui fera sans doute son petit effet en version trente-trois tours). Planant, Mystic Spirit dégage un délicat fumet de nostalgie. Du classic prog comme seuls ceux qui l’ont vécu de l’intérieur savent en jouer.