Premiata Forneria Marconi - In Classic
Sorti le: 27/01/2014
Par Jean-Philippe Haas
Label: Aereostella
Site: www.pfmpfm.it
Emblème du progressif italien des années soixante-dix avec Banco et Le Orme, Premiata Forneria Marconi alias PFM a survécu à la disette des années quatre-vingt/quatre-vingt dix en pratiquant un régime à base d’albums anecdotiques qui l’a réduit aujourd’hui au trio Di Cioccio/ Djivas/ Mussida. Là où d’autres groupes tentent à grand peine de faire revivre leur gloire passée, ou se parjurent par des concessions au vent changeant des modes musicales, les Italiens demeurent fidèles à eux-mêmes et font ce dont ils ont envie. Plutôt que de tenter de composer selon une recette qui ne leur convient plus guère, les voilà accompagnés d’un orchestre symphonique dans un projet qui mêle musique classique et relecture de leur propre répertoire.
Les mauvaises langues fustigeront cette tendance actuelle à se faire accompagner pour un oui ou pour un non par un ensemble classique, comme si sa présence pouvait bonifier voire sublimer une musique écrite pour le rock, ou lui donner une plus grande respectabilité. L’approche est ici sensiblement différente puisque PFM reprend sur le premier disque des œuvres emblématiques en les accommodant de passages originaux qui s’insèrent plutôt agréablement. C’est à « Il flauto magico » de Mozart qu’il incombe d’inaugurer le procédé. Le génie mélodique de son auteur entretient un tourbillon d’échanges entre l’orchestre et les rockeurs, d’unissons et de solos où l’on remarque à peine les transitions entre son œuvre et celle des Italiens. Aussi à l’aise avec les explosions de joie d’un Wolfgang Amadeus ou d’un Rossini qu’avec les ambiances plus feutrées ou plus dramatiques de Saint-Saëns, Prokofiev ou Mahler, PFM joue tour à tour un rôle de leader et d’accompagnateur, injectant des parties saillantes et provoquant le contraste. Majoritairement très connues, même du grand public (« La flûte enchantée » de Mozart, « Roméo et Juliette » de Prokofiev, « Nabucco » de Verdi ou encore « Guillaume Tell » de Rossini), les pièces auxquelles le groupe rend hommage supportent donc avec le sourire le traitement qui leur est infligé. Il n’y aura que les puristes au col amidonné pour crier à l’hérésie.
Certains titres « historiques » des années soixante-dix de PFM sont revisités sur le second disque et le chant fait alors son apparition. Hormis « Promenade The Puzzle » où le choix de l’anglais reste aujourd’hui encore discutable et « Maestro della voce », sorti on ne sait pourquoi du très secondaire Suonare Suonare et d’un oubli qui lui convenait pourtant fort bien, le traitement du back catalogue des Transalpins est également bien toléré dans ce sens-ci. La mise à contribution du Symphsonic Orchestra s’avère être judicieuse pour accompagner les compositions originales qui prennent de l’amplitude en même temps qu’une bouffée d’air frais. Tout semble couler de source, malgré une refonte sonore parfois conséquente, comme sur « La luna nuova » et « Impressioni di settembre », tirés respectivement des remarquables L’isola di niente (1974) et Storia di un minuto (1972). Quel meilleur prétexte pour exhumer et redécouvrir les trois ou quatre albums essentiels du groupe ?
Beaucoup de joie, de passion et d’énergie émanent de ce bel album où l’orchestre ne fait pas tapisserie comme cela peut être parfois le cas. Alors que d’autres confient à des mains expertes un dépoussiérage purement technique de leurs œuvres, le trio choisit l’option de la relecture libre. Avant In Classic, on pouvait encore rire sous cape de la dénomination « progressif symphonique ». Plus maintenant. Respect PFM !