Stabat Akish - Nebulos

Sorti le: 05/08/2012

Par Christophe Manhès

Label: Autoproduction

Site: www.stabatakish.com

John Zorn n’est pas seulement un grand musicien, c’est aussi un formidable maïeuticien qui a produit sur son label Tzadik un nombre considérable de jeunes talents. Notamment, en 2009, le premier travail studio des Toulousains de Stabat Akish. Sous l’égide du maître, débobinant un jazz excentrique et fertile en idées audacieuses façon Zappa, cet album s’était révélé une vraie petite merveille exécutée avec la précision féline des cadors du swing. Nous voilà désormais en 2012 avec un nouvel album du groupe baptisé Nebulos, et cette fois-ci autoproduit. Alors, quid de cette émancipation de leur mentor ?

Avec Nebulos, une chose est certaine, c’est que Stabat Akish s’assure définitivement une belle place dans le paysage jazzistique français, celle dévolue à la fantaisie et à l’iconoclasme. D’autant plus qu’il a rajouté à sa besace déjà bien pourvue une bonne dose de cette folie douce typique du rock progressif hexagonal. On n’est pas loin de groupes comme Moving Gelatine Plates pour les seventies ou, plus proche de nous, Volapük. La musique de Stabat Akish a donc de la gueule et personne ne s’en plaindra. Mais, contrairement à leur album éponyme, cette fois on se perd un peu dans les volutes de leur imagination. D’un premier festin raffiné, Stabat Akish passe à une popote moins délicate et moins torride. Il lui a manqué de ces scrupules salutaires qui vous empêchent de sortir une recette trop imprécise d’un chaudron aux ingrédients hétérogènes. Pour preuve, la suite disparate de « Nebulos » avec son texte surréaliste un peu trop envahissant, qui ne souffre pas la comparaison avec celle de « Brainstorm » en 2009.

Si donc l’indépendance a eu un coût pour Stabat Akish, on trouve tout de même de belles choses dans Nebulos. Comme le très zornien « Un peuplier peu plié » et son jeu de basse ludique, ou le final « Le chiffre » dont l’excellent groove big band achève le CD avec un brio que l’on aurait aimé croiser plus souvent dans l’album. Mais que l’on se rassure, nos Français possèdent un tel savoir-faire que la jubilation musicale, même plus superficielle, apporte à chaque fois son lot de délices. Au fond, comme le champagne bien frappé, la musique de Stabat Akish reste toujours un plaisir. Peu importe la finesse des bulles.