Periphery - II
Sorti le: 15/07/2012
Par Florent Canepa
Label: Century Media
Site: www.myspace.com/periphery
Periphery est un groupe déconcertant, c’est le moins que l’on puisse dire. Fondé par le guitariste Misha Mansoor qui assure également la production, il s’est épanoui à travers une musique plurielle, le « djent », mêlant l’aspect technique et rugueux d’un Meshuggah aux phrasés stellaires de Devin Townsend… et de leurs compatriotes Linkin’ Park aujourd’hui, la perturbation mélodique étant plus douce que celle du canadien fou.
La belle dichotomie est approfondie sur le deuxième volet de leur aventure discographique. Il suffit pour se convaincre de se jeter à corps perdu dans le très réussi et fou « Have a blast » pour avoir une idée de la bête. Comme si Coheed et Cambria avait fait de la musculation. Même si les approches sont fondées sur des riffs saccadés puissants propres au metal extrême (« Facepalm Mute »), chaque titre est relevé de touches accrocheuses et plus accessibles. Mélodique, Periphery l’est donc toujours car l’enveloppe n’est pas brute. La production massive et flatteuse permet à des passages plus FM de trouver leur place, très simplement (« Ji », au ressort presque baroque).
L’électronique est présent partout, dans les recoins de la production sans être trop flagrant non plus, sauf au sein de passages consacrés (l’éthéré « Epoch »). L’aspect mécanique des batteries, à ce titre, n’est pas sans rappeler le Fear Factory d’aujourd’hui (« Masamune »). Mais là où la musique des Californiens est froide et robotique, celle de Periphery offre une vraie chaleur, aidée par le chant de Spencer Sotelo, qui alterne growls caverneux ou plus retenus et voix claires épiques. Ces dernières sont proches de celles de Chester Bennington ou de chanteurs comme Sebastian Bach. Trop sucré certainement, diront certains.
Petits cadeaux de choix, les participations de Guthrie Govan (The Aristocrats), Wes Hauch (The Faceless) et même John Petrucci (Dream Theater, avec lesquels le groupe a tourné) viennent aider à bâtir cette cathédrale sonore. Alors, évidemment, tout ne porte pas à son maximum. L’ensemble est fouilli tout au long et même au sein des quatorze morceaux qui composent l’album. Difficile d’en retenir quelque chose et de s’y repérer donc… Periphery ne satisfait pas toujours pleinement sur ses passages agressifs mais réconcilie l’auditeur grâce à de nombreuses pauses atmosphériques au coeur des titres (« Luck as a constant », « Erised ») et de jolis soli pour les amateurs. On reprend alors son souffle pour replonger, ragaillardi, dans les envolées métalliques. Déséquilibré, difficile à apprehender mais puissant et mélodique, Periphery peut sainement nous dire que cette fois-ci, c’est du sérieux. Pécher par excès de générosité est alors presque excusable.